Page d'histoire : François Arago Estagel (Pyrénées-Orientales), 26 février 1786 - Paris, 2 octobre 1853

François Arago,
membre de la Légion d'honneur et du bureau des longitudes
© cliché Bibliothèque nationale de France

François Arago fut reçu à Polytechnique en 1803. Il avait 17 ans. Entre 1806 et 1808, il acheva avec Biot la mesure de la méridienne de France jusqu’aux îles Baléares. De retour à Paris en 1809, il fut élu à l’Académie des sciences, section astronomie. Professeur à l’École polytechnique dès l’année suivante, il y enseigna jusqu’en 1830. De 1813 à 1846, il dispensa à l’Observatoire de Paris un cours d’astronomie populaire qui lui attira une grande renommée. Le 7 juin 1830, ses pairs l’élurent secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, section mathématiques. Sa nomination par le Bureau des longitudes, en 1834, au poste de directeur des observations, l’amena à remplir jusqu’à sa mort les fonctions de directeur de l’Observatoire. Ses travaux portèrent notamment sur la lumière (polarisation chromatique, polarisation rotatoire, théorie ondulatoire) et sur l’électromagnétisme. Astronome, mathématicien et physicien, considéré comme le père de la vulgarisation scientifique moderne, ce grand savant rendit à l’Observatoire la place qu’il avait perdue sur le plan international depuis la Révolution.

Après les Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830) Arago accueillit avec sympathie l’avènement de Louis-Philippe. Élu en juillet 1831 député de Perpignan, il évolua d’abord dans les rangs de la Gauche dynastique avant de verser dans l’opposition parlementaire. Coalisant républicains et légitimistes roussillonnais sur son nom (« parti Arago »), il fut réélu en 1834, 1837, 1839, 1842 et 1846. À l’Assemblée, le 16 mai 1840, dans un grand discours sur la « réforme électorale et l’organisation du travail », il se définit comme « un ami du progrès et du progrès modéré ». La Révolution de Février 1848 porta au Gouvernement provisoire cet humaniste, libéral et républicain modéré. Ministre de la Marine, des Colonies et de la Guerre, il promulgua le décret abolissant l’esclavage. Élu à la Constituante au suffrage universel le 23 avril 1848, il y représenta la Seine où il était conseiller général depuis 1830. Président de la Commission exécutive (9 mai-24 juin 1848), sa responsabilité fut engagée dans la répression du 23 juin.  Son département d’origine le renvoya à l’Assemblée en 1849. Après la mort d’Arago, Victor Hugo, rendant hommage à un homme qui en 1852 avait refusé de prêter serment à Napoléon III, écrivit à Étienne Arago : « Il est allé se coucher dans le linceul à côté de la France qui a tressailli. Votre deuil est celui de la République ! » Les Parisiens ne s’y trompèrent pas. Le 5 octobre 1853, ils furent des dizaines de milliers à suivre le cortège funèbre.

Gérard Bonet
journaliste, historien

Source: Commemorations Collection 2003

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