Achille Devéria est connu jusqu’en 1831 surtout comme illustrateur. Élève de Louis Lafitte, vignettiste qui lui fait copier des gravures de Gérard Edelinck et de Robert Nanteuil, il expose au Salon dès 1822 des dessins gravés par d’autres. Il n’expose plus, à partir de 1828, que des lithographies et des aquarelles, et abandonne graduellement l’illustration. Il pratique la lithographie à partir de 1819, faisant à ses débuts des pièces d’esprit libéral et anticlérical qui ne retiennent guère l’attention mais, à partir de 1823, il se consacre au portrait dont il va devenir l’un des maîtres incontestés. À partir de 1830, il aborde des sujets de mode et de moeurs.

Il bénéficie, en 1847, d’une affectation à la Bibliothèque royale, et fait partie d’une commission nommée par le ministre de l’Instruction publique « à l’effet de déterminer une forme de catalogue pour le département des estampes de la Bibliothèque ». La révolution de février 1848 lui est particulièrement bénéfique. Le 1er mars, il est nommé conservateur-adjoint au département des estampes de la nouvelle Bibliothèque nationale, chargé de la rédaction du catalogue.

Lorsqu’en mars 1855 s’ouvre la succession de Jean Duchesne à la tête du département des estampes, il pose sa candidature à ce poste important et convoité, faisant valoir dans sa lettre adressée au ministre de l’Instruction publique, Hippolyte Fortoul, le bilan de son action au cours des sept années passées, notamment l’introduction d’un système de reliure mobile dont l’invention lui revient, d’importants travaux de classement et la mise en oeuvre du catalogue de la réserve. Malgré une vive polémique au sujet de ses opinions politiques et des appuis dont il a été l’objet en 1848, Napoléon III signe le 14 avril le décret le nommant à la direction du cabinet des estampes. Le 14 novembre, il est nommé chevalier dans l’ordre impérial de la Légion d’honneur. Atteint par la tuberculose, il meurt en décembre 1857.

Sa veuve, Cécile Motte, se trouvant dans une situation précaire avec trois enfants encore mineurs, l’État se porte acquéreur en 1858, pour la Bibliothèque impériale, de la collection de 120 000 dessins et gravures rassemblée au cours de sa vie par Achille Devéria et classée en 560 registres constituant une histoire universelle de l’estampe.

Laure Beaumont-Maillet
directeur du département des estampes
et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France

Source: Commemorations Collection 2007