Léon de Laborde était né à Paris le 15 juin 1807 dans une famille de négociants et de financiers. Son grand-père avait été le banquier de la Cour. Préfet de la Seine et conseiller d’État, son père avait communiqué à son fils sa passion pour l’érudition. Prenant des notes et multipliant les croquis, Léon avait visité le Proche-Orient avant d’entrer au Louvre, en charge de l’Antiquité, puis du Moyen Âge et de la Renaissance. L’Académie des inscriptions et belles-lettres l’avait élu en 1842. En 1857, ce familier du couple impérial devenait directeur général des Archives de l’Empire.

Son premier souci fut celui d’un homme d’ordre : établir une claire distinction des pièces d’archives et des pièces de bibliothèque. Quelques échanges s’ensuivirent entre les institutions. Laborde profita ensuite de l’intérêt de l’Empereur pour l’histoire nationale, qui lui donna les moyens de répondre à l’éternel problème des archives : la place. Alors que l’aile élevée sous Louis- Philippe avait accueilli les archives judiciaires, on entreprit en 1860 la construction de ces « grands dépôts » qui, prenant la place des petits appartements, fermèrent vers le nord le quadrilatère de Soubise. Ils allaient recevoir pendant un demi-siècle l’essentiel des archives de l’État. L’acquisition des hôtels de Breteuil et de Fontenay permit de loger les services, non moins que l’École des chartes.

Le public s’intéressait désormais à l’histoire. Les « grands dépôts » furent l’une des curiosités qu’il fallait voir à Paris. On ouvrit ce qui devint en 1867 le musée de l’Histoire de France. Surtout, intégrant les archives dans le grand développement de la recherche historique, Laborde poussa à la réalisation d’instruments de travail dont le plus célèbre – longtemps indispensable – fut en 1867 l’Inventaire général des archives de l’Empire, première vue d’ensemble des ressources offertes aux historiens.

Sénateur en 1868, Laborde mourut le 26 mars 1869. Il n’avait quitté les archives que pour mourir. Ses deux fils poursuivirent la tradition de l’érudition.

Jean Favier
membre de l’Institut
président de la Commission française pour l’UNESCO
membre du Haut comité des célébrations nationales

Source: Commemorations Collection 2007