Page d'histoire : Antoine Galland Rollot (Somme), 16 avril 1646 - Paris, 17 février 1715

Les Mille et Une Nuits, manuscrit arabe, détail, auteur anonyme, XIVe siècle (tome II),
Paris, Bibliothèque nationale de France.
Ce manuscrit, copie égyptienne de la seconde moitié du XIVe siècle, est le plus ancien qui nous
soit parvenu. Il est aussi celui à partir duquel Galland établit sa traduction française.
© BnF, Dist. RMN-Grand
Palais / image BnF

Dans sa préface à l’édition du Journal d’Antoine Galland, Charles Schefer, alors administrateur de l’École des langues orientales, « ose espérer que le nom de Galland attirera sur ces volumes la bienveillante attention des lecteurs qui prennent intérêt à l’histoire des études orientales en France et à celle de nos rapports avec les peuples d’Orient ».

Antoine Galland est un illustre Picard, qui naquît à Rollot le 6 avril 1646. Il fait ses classes au collège de Noyon, où il apprend le grec, le latin et l’hébreu. Parvenu à Paris, il suit les cours du Collège royal, et se perfectionne dans l’apprentissage de ces langues.

Le premier des trois voyages de Galland en Orient se fait de Toulon le 21 août 1670, sur le vaisseau La Princesse, dans la suite de l’ambassadeur de France à Constantinople, Charles-Marie-François Olier de Nointel. Galland, en tant qu’attaché théologique, doit recueillir les démonstrations de foi des Églises grecques. Le voyage se poursuit dans les échelles du Levant jusqu’en Terre sainte, où il accompagne l’ambassadeur et collecte diverses informations sur les vestiges archéologiques qui s’y trouvent. C’est sur cette première expérience passée au Levant que Galland composera un journal, conservé à la Bibliothèque nationale de France et publié par Schefer en 1881.

De retour à Paris en 1675, Galland rapporte de son voyage des médailles qui lui valent d’être reconnu dans le milieu des numismates et de repartir au Levant, afin de collecter des médailles et manuscrits pour le Cabinet du roi. Nommé « antiquaire du roi », il fait un troisième voyage en 1679, d’abord engagé par la compagnie des Indes orientales puis, lorsque la compagnie s’effondre, il reçoit le soutien du ministre Colbert et celui du ministre Louvois. Ce voyage sera le plus long et aussi le dernier de Galland en Orient. Antoine Galland rentre définitivement en France en 1688, après avoir réchappé du terrible tremblement de terre survenu à Smyrne (actuelle Izmir en Turquie). Il travaille à l’oeuvre majeure et encyclopédique de « La bibliothèque orientale » de Barthélemy d’Herbelot, composée entre 1692 et 1697, date de sa publication, qui demeure un ouvrage de référence scientifique pour les études des langues et civilisations orientales. Entre autres travaux, Galland entreprend une traduction du Coran.

En 1701, Galland est nommé à l’Académie des inscriptions et médailles (devenue celle des inscriptions et belles-lettres). C’est en 1704 que paraît le premier tome de sa traduction des contes des Mille et Une Nuits. Sa notoriété dépasse alors les frontières du royaume de France et sa réputation est européenne. En 1709, Galland est nommé professeur à la chaire d’arabe au Collège royal (devenu Collège de France). L’académicien Claude Gros de Boze, dans son Éloge de M. Galland, le décrit « simple dans ses moeurs et dans ses manières comme dans ses ouvrages, il aurait toute sa vie enseigné à des enfants les premiers éléments de la grammaire, avec le même plaisir qu’il a eu à exercer son érudition sur différentes matières », et déclare que « l’amour des lettres est la dernière chose qui s’est éteinte » en Galland.

À la mort de Galland, « le seul, l’unique bien qu’il laissait », ses manuscrits orientaux, furent donnés à la bibliothèque du roi (actuelle Bibliothèque nationale de France), son dictionnaire numismatique remis à l’Académie, et sa traduction de l’Alcoran portée à l’abbé Bignon, garde de la Bibliothèque royale. Boze de conclure : « C’est avec une fortune si médiocre que M. Galland a eu la gloire de faire les plus illustres héritiers. »

Corinne Thépaut-Cabasset
historienne de l’art
membre de la Société asiatique (AIBL)

 

Voir Célébrations nationales 2004

Source: Commemorations Collection 2015

Liens