Page d'histoire : Gustave Auguste Ferrié Saint-Michel-de-Maurienne (Savoie), 19 novembre 1868 – Paris, 16 février 1932

De gauche à droite devant le poste de TSF de la tour Eiffel, le 7 mars 1922 : le général Ferrié, M. Strauss, le commandant Julien, photographie de presse agence Rol, Paris, Bibliothèque nationale de France.

Le général Ferrié, soldat ingénieur, a contribué aux progrès de la télégraphie sans fil, la TSF. En 1888, Hertz avait mis en évidence l’onde électromagnétique et, dès 1896, Marconi transmettait des messages par TSF. En 1900, le ministre de la Guerre charge Gustave Auguste Ferrié, capitaine du génie, de « prendre en main » la TSF militaire française. Ferrié met au point un détecteur électrolytique, deuxième génération de révélateurs d’ondes après le « tube à limailles » de Branly (1890). En 1903, il crée à Paris sur le Champ- de-Mars une station TSF puis il la rend souterraine en 1910 : la tour Eiffel voisine permet d’accrocher les fils d’antennes. Cette station radioélectrique sera l’une des plus modernes d’Europe.

Ferrié travaille sur les applications de la TSF dans de nombreuses disciplines : unification de l’heure, géodésie, astronomie et météorologie. Il participe à la commission internationale qui, en 1913, légalise le SOS après le naufrage du Titanic.

Durant la Grande Guerre, les liaisons TSF se révèlent bien plus sûres que les pigeons ! La TSF écoute les messages des ennemis pour déjouer leur stratégie et traquer leurs espions. L’aviation naissante s’équipe en TSF. Le réseau radiogoniométrique organisé par le colonel Ferrié cloue au sol les redoutables zeppelins ennemis prêts à bombarder les villes françaises. Ferrié et ses équipes produisent une lampe triode performante : la lampe TM. Ce composant, expérimenté aux États-Unis, ouvre l’ère de l’électronique et permet la transmission de paroles et de musiques par ondes hertziennes, alors que la TSF nécessite l’usage du morse.

Depuis la tour Eiffel, Ferrié expérimente la radiodiffusion (1922). En 1930 le général dirige la commission chargée d’organiser l’infrastructure technique de la radiodiffusion française publique : c’est le « plan Ferrié ». Le général participe activement aux premières conférences internationales pour la planification des fréquences, il en préside certaines. Commandant supérieur des troupes et services de transmissions de la TSF et des transmissions militaires, il décède à Paris en 1932. Il siégeait dans de nombreuses institutions scientifiques internationales et françaises dont l’Académie des sciences. Il fut aussi l’officier français le plus décoré après Foch et avant Joffre. Aujourd’hui encore son souvenir reste très présent : le grand prix de l’électronique « Général Ferrié » est décerné depuis 1963 et le musée de l’Armée de terre rattaché à l’École supérieure des transmissions de Rennes porte son nom. Le général Ferrié était né en Savoie où son père travaillait comme ingénieur dans une compagnie ferroviaire ; puis sa famille s’était établie à Draguignan.

Michel Amoudry, biographe du général Ferrié

Source: Commemorations Collection 2018

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