Inventaire d'archives : Entreprise LAPIE (Les applications photographiques d'industrie et d'édition)

Contenu :

Albums de référence de l'entreprise LAPIE, permettant de répertorier et de présenter sa production de vues aériennes. Cette série d'albums est constituée de tirages en noir et blanc.

Cote :

1PH/1-1PH/666

Publication :

Archives nationales
octobre 2018
Pierrefitte-sur-Seine

Informations sur le producteur :

Les applications photographiques d'industrie et d'édition (France ; 1948-1970)
Société française d'éditions réunies (1965-vers 1975)
La société LAPIE (Les applications photographiques d’industrie et d’édition) est créée en 1948. Ses ateliers et bureaux se trouvent à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), près de Paris, dans le quartier de La Pie. Peut-être ce nom a-t-il influé sur le choix du sigle et du logo de la société, représentée par l’oiseau du même nom. A Saint-Maur, LAPIE possède deux adresses : les 118 et 125 bis rue Garibaldi.
Au 125 bis fonctionne un atelier photographique construit dès mars 1948. Il produit en 1950 des « cartes bromure, du matériel d’étalage, des enveloppes, papier, etc. ». En 1957, le fondateur de la société, André Paturaud, est autorisé à construire sur un terrain situé au 118 quatre édifices : l’un d’eux comprend un rez-de-chaussée de bureaux et un étage destiné à deux logements, les trois autres sont constitués de magasins pour l’entrepôt de photographies et de brochures.
1955 marque un tournant dans la vie de l’entreprise : elle se lance dans la production de vues aériennes. En mars 1955, André Paturaud sollicite une autorisation de travail aérien auprès de la Direction des transports aériens (DTA) du ministère des Travaux publics, du Transport et du Tourisme, et l’obtient le 2 avril suivant (19760074/97 : dossier LAPIE). Il déclare que les photographies aériennes seront destinées « aux publicités d’usines et à l’édition photographique ».
Dans le même dossier une note du ministère de l’Intérieur du 29 mars 1955 mentionne l’objet de la société : « la fabrication et l’édition de photographies industrielles et de cartes postales », et des demandes de survol du département d’Indre-et-Loire pour les années 1959 et 1962 indiquent : « en vue d’effectuer des photographies aériennes de sujets intéressant l’illustration de publications pédagogiques ».
Les avions
Les campagnes aériennes commencent en 1955, après l’obtention de l’autorisation de travail aérien. Les demandes de survol à basse altitude sont renouvelées périodiquement auprès du Secrétariat général à l’Aviation civile et commerciale.
Le dossier LAPIE provenant de la DTA (19760074/97) permet de connaître précisément la composition de la flotte, propriété de l’entreprise, des Piper CUB ou J-3. De nombreux avions de cette firme américaine, utilisés par les Alliés pour des vols de reconnaissance et l’évacuation de blessés à la fin de la Seconde guerre mondiale en Europe, furent revendus sur place.
En 1955, deux appareils sont mis en service, un troisième l’année suivante et un quatrième en 1957. En 1959, la flotte LAPIE comptera cinq Piper, jusqu’à six en 1963, rattachés à la base aérienne de Lognes-Émerainville.
Trois avions sont conservés par la SOFER (Société française d'éditions réunies), créée en 1965 pour exploiter le fonds de commerce LAPIE, peu de temps avant que la société LAPIE soit déclarée en redressement judiciaire.
Un des avions est vendu à la société Combier en 1965 par l’administateur provisoire de la société LAPIE.
Prises de vues aériennes
On ne connaît pas avec exactitude les dispositifs techniques des campagnes de photographies aériennes LAPIE, faute de documents d’archives documentant les activité de la société et de témoignages d’anciens salariés.
La société LAPIE produit des vues aériennes « obliques », par opposition aux vues « verticales » ou « orthogonales », telles qu’en effectuait l’Institut géographique national (IGN). Ces dernières sont réalisées avec un appareil dirigé verticalement vers le sol, généralement à haute altitude, souvent à des fins techniques (réalisation de plans, étude de réseaux de circulation etc.). Pour les vues obliques en revanche l’appareil est incliné par rapport à l’horizon. Les vues obliques hautes, avec l’appareil se rapprochant de l’horizontale, permettent de fixer le paysage sur une grande distance, avec une part de ciel importante ; les vues obliques basses, avec l’appareil se rapprochant de la verticale, offrent un cadrage plus resserré.
Les prises de vue répondent aux dispositions du décret 54-118 du 21 janvier 1954 de la Présidence du Conseil, « réglementant la prise de vues phographiques et cinématographiques aériennes », qui vise essentiellement l’interdiction de survol et de photographie des zones stratégiquement sensibles. Il formule en outre l’obligation, pour qui veut réaliser des photographies aériennes, de détenir une licence délivrée par le ministère de l’Intérieur -pour la France métropolitaine- sur avis favorable du ministère de la Défense, pour une durée de trois ans.
Ce type de campagne aérienne estt très encadré : les pilotes, conformément au décret du 21 janvier 1954, ont l'obligation d'être titulaires des brevet et licence de pilote professionnel ; les documents de bord, licences et autorisations prévues par ce même décret doivent être présentés à l’aérodrome de départ, le service de la police de l’air prévenu. Restent interdits de survol les « points sensibles d’importance vitale pour le Défense nationale » tels que les bases aériennes, les ouvrages, postes ou établissements militaires et maritimes.
Le vol est autorisé à une altitude minimum de 300 m, dans de bonnes conditions de visibilité. Les plages ne peuvent être survolées qu’à une distance du rivage de 100 m et à une altitude minimum de 100 m au-dessus de l’eau.
Les dates et périodes exactes de survol du département doivent être communiqués ensuite à la préfecture concernée.
Itinéraires
Le détail des campagnes aériennes est partiellement connu grâce au même dossier LAPIE provenant de la DTA (19760074/97).
L’autorisation de travail aérien du 2 avril 1955 ne précise pas d’aires géographique, et invite simplement le bénéficiaire, A. Paturaud, à se conformer à la réglementation en vigueur relative à la circulation aérienne.
Plusieurs arrêtés préfectoraux en revanche sont adressés à la DTA, autorisant le survol à basse altitude des départements suivants pour un temps défini : Haute-Vienne (octobre-novembre 1955, juillet-octobre 1956), Ariège (mars à juin 1956 ; année 1957), Var (mai-décembre 1956, juin-novembre 1957 et 1958, mai-novembre 1959, avril-novembre 1962, 1963, 1964 ), Indre-et-Loire (années 1957, 1959), Eure (année 1962). Quant à la SOFER, elle présente des demandes de travaux aériens en juillet 1965 et janvier 1966.
Les campagnes doivent être prévues suffisamment à l’avance, car les autorisations de survol sont accordées par les préfectures au terme d’un délai d’environ trois mois, nécessaire au transit de la demande par plusieurs services : autorisation du service départemental de la navigation aérienne, avis favorable du chef de secteur de la police de l’air, du chef du district aéronautique, du commissaire de police chef des services de renseignement généraux et du commandant de la compagnie de gendarmerie du département.
Production photographique, activités éditoriales
L’essentiel de la production LAPIE est constitué de photographies aériennes, destinées aux éditions à vocation touristique et publicitaire (cartes postales, prospectus) et pédagogiques (documentation photographique pour l’enseignement de la géographie notamment).
La production LAPIE se rapporte à la France métropolitaine, les départements et territoires d’Outre-Mer n’y sont pas représentés. Les opérateurs ont privilégié les sites touristiques, en particulier le littoral aménagé ou non, les établissements balnéaires et toutes formes de campings réglementés ou « sauvages » en bord de mer, de rivière ou en pleine nature. Des hôtels et restaurants des zones touristiques font l’objet de prises de vues rapprochées. Le survol des agglomérations donne lieu à des vues d’ensemble, se concentre sur les édifices religieux et civils les plus remarquables. Les nouveaux quartiers périphériques ne sont pas oubliés : grands ensembles et lotissements pavillonnaires. En dehors des agglomérations, les paysages dans leur variété, les ouvrages d’art et les voies de communication sont abondamment représentés. Des établilssements industriels et installations agricoles sont également photographiés.
Toutes les photographies d’origine n’ont apparemment pas été publiées, et les recadrages sont fréquents pour composer les cartes postales.
Des vues au sol sont également réalisées. Le fonds conserve, pour quelques départements, des tirages et quelques reliquats de bandes de négatifs 24x30 mm.
La société commercialise par ailleurs une « Documentation aérienne pédagogique LAPIE », se fondant sur un arrêté du ministère de l’Éducation nationale du 8 janvier 1958. Ce dernier, paru au Bulletin officiel de l’Éducation nationale (n°4 du jeudi 23 janvier 1958) concerne une « liste de moyens d’enseignement jugés utilisables par les établissements publics d’enseignement », faisant ressortir « les documents recommandés pour être compris, par priorité, dans les acquisitions des services et établissements relevant du ministère de l’Éducation nationale ». La Documentation aérienne pédagogique LAPIE y figure parmi trente-quatre autres éditeurs et producteurs de vues fixes.
Cette documentation consiste en des vues aériennes, tirages en noir et blanc de format 27 x 45 cm, datés et légendés au dos et regroupées en portfolios. Elle n’est représentée dans le fonds des Archives nationales que par un seul tirage, pour la ville de Paris (1PH/548).
Par ailleurs, Anré Paturaud a collaboré avec Marc Vincent, géographe, professeur agrégé à l'école normale d'instituteurs de Paris pour la publication d’un ouvrage paru en 1958 aux Presses de Saint-Germain : Au-dessus de la France, ainsi que pour l'illustration de manuels de géographie édités chez SUDEL à compter de 1959.

Informations sur l'acquisition :

Achat, 1972-1973
Historique de conservation :
Le fonds LAPIE est entré aux Archives nationales sous forme de deux séries d’albums de tirages de référence de format 13 x 18 cm, l’une en noir et blanc, l’autre en couleurs, ainsi que des tiroirs de bois où étaient conservées le reste des phototypes : matrices négatives et positives sur verre ou planfilm, tirages sur papier en noir et blanc et couleur, cartes postales.
Le fonds a été pris en charge par le service photographique. Un travail systématique de vérification des lacunes et de contretypage a été mis en place, afin de constituer pour chaque département un ensemble complet de négatifs et de tirages, accompagné d’un répertoire numérique détaillé par communes. Le répertoire ainsi qu’un jeu de tirages correspondant, réalisé par le service photographique, devait être envoyé aux Archives départementales concernées. Des reproductions de tirages ont été réalisées par le service photographique des Archives nationales pour plusieurs services d'archives départementales : Ain, Aisne, Aveyron, Cher, Corrèze, Haute-Corse, Drôme, Isère, Loire-Atlantique, Loiret, Marne, Morbihan, Nièvre, Hautes-Pyrénées, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne.
De 1975 à 1983, ce travail a été réalisé, seulement pour les supports en noir et blanc, et uniquement pour les dix-sept départements suivants : Ain, Aisne, Aveyron, Cher, Corrèze, Haute-Corse, Drôme, Isère, Loire-Atlantique, Loiret, Marne, Morbihan, Nièvre, Hautes-Pyrénées, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne.
Des négatifs sur plan film étaient réalisés à partir des supports sur verre négatifs ou positifs, qui étaient ensuite éliminés, et à partir des tirages sur papier ou plan-film dépourvus de leurs matrices négatives. Des meubles métalliques ont été acquis par le service photographique, en vue de conserver séparément les différents supports, une fois le travail de vérification et de contretypage achevé. Les négatifs souples en couleur, en noir et blanc, les tirages couleur et noir et blanc, les cartes postales, les positifs sur supports souples ont ainsi été rangés à part pour plusieurs départements, mais la plus grande partie du fonds est restée entreposée dans les casiers de bois d’origine, tous supports confondus.
Le traitement du fonds LAPIE est interrompu après 1982. L’ensemble du fonds a été dépoussiéré sommairement et reconditionné en 2011-2012 en boîtes de conservation, en vue de son déménagement dans le nouveau centre de Pierrefitte-sur-Seine.

Description :

Évolutions :
Fonds clos
Critères de sélection :
Le service photographique des Archives nationales avait le projet de reconstituer des séries complètes de négatifs pour chaque département, en complétant à partir des tirages existants dépourvus de négatifs d’origine. Les négatifs sur verre devaient être dupliqués su plan-film, et ensuite détruits. On ignore combien de plaques de verre ont été ainsi éliminés.
Par ailleurs, l’absence de l’article 265 a été constatée depuis 1974.
Mise en forme :
Les albums de référence sont organisés dans l’ordre numérique des départements. Les vues réalisées dans l’ancien département de Seine-et-Oise ont été réparties dans les articles correspondant aux départements créés en 1968 : Essonne, Val-d’Oise, Yvelines, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne.
Les articles 649, 663 et 664 concernent des pays limitrophes (Allemagne, Luxembourg, Suisse, Espagne, Andorre ).
L'article 665 conserve des vues aériennes et au sol de plusieurs pays africains et une vue de Madagascar. D'après les crédits figurant au dos des tirages, les vues ont été réalisées par des photographes et studios particuliers, et non par les opérateurs de la société LAPIE.
Des vues aériennes d'entreprises industrielles et d'un établissement hospitalier ont été rassemblées dans l'article 666.
Les photographies sont classées, pour chaque département, dans l'ordre alphabétique adopté par l'entreprise LAPIE, mêlant noms de communes, de lieudits, d’édifices et de sites naturels.
La société LAPIE a employé une nomenclature alphanumérique permettant d'identifier chaque vue : une référence, inscrite sur le négatif, est reportée sur les tirages et cartes postales issus de ce même négatif. Cette référence comporte une lettre (A, B, C) suivie d'un numéro (le tout se référant vraisemblablement à une mission aérienne), et pour chaque lieu une numérotation continue. Par exemple, dans 1PH/517 (Saône-et-Loire), les 14 tirages se rapportant à Issy-l'Évêque sont identifiés de la façon suivante : B 235 n°1 à 7, B 490 n° 8 et 9, C 359 n°10 à 14.
Le présent instrument de recherche conserve l'ordre d'origine de classement et les légendes des photographies. Les orthographes fautives ont été rectifiées. Les noms comportant des homonymes ont été complétés. On a précisé entre parenthèses les commune de rattachement, lieudit ou édifice.

Conditions d'accès :

Reproduction autorisée, selon les modalités en vigueur aux Archives nationales

Conditions d'utilisation :

Communication libre

Description physique :

Importance matérielle :
665 cartons
Dimensions :
66,6 ml

Ressources complémentaires :

Archives nationales :
Lorsque les Archives nationales acquièrent le fonds provenant de la société LAPIE, seuls des supports photographiques font l’objet de la transaction. On ignore à ce jour le sort des archives de fonctionnement de l’entreprise.
196519760074/97. Secrétariat général à l’Aviation civile et commerciale, direction des transports aériens, bureau des compagnies aériennes régionales : dossiers LAPIE et SOFER. Ces dossiers comportent les demandes de travaux aériens et d’autorisations de survol de la société et fournissent des informations sur sa constitution et ses activités.
Archives municipales de Saint-Maur-des-Fossés :
1 G 39. État de section. Propriété bâtie, matrices cadastrales, section D0 n° 42, 1951-1973.
1 G 192. Contributions foncières des propriétés bâties et non bâties, 1952-1956.
1 G 194. Contributions foncières des propriétés bâties, 1967, 1971.
1 G 275. Registre des contributions mobilières et patentes, 1951.
1 G 284. Registre des contributions mobilières et patentes, 1953.
1 G 308. Registre des contributions mobilières et patentes, 1962.
1 G 369. Registre des contributions mobilières et patentes, 1973, 1975.
RV 96/ 1948. Demande de permis de construire, 1948.
RV 799/1950. Demande de permis de construire, agrandissement, 1950.
RV 826/1956. Demande de permis de construire, 1956.
: Archives de Paris 
D33U3 1760. Registre du commerce de la Seine, inscription de la société LAPIE en date du 13 août 1948.

Références bibliographiques :

COMBIER Marc,, Éditions Alternatives, 2005. Un siècle de cartes postales : CIM, Combier Imprimeur Mâcon
DORRIAN Mark et POUSIN Frédéric (dir.), , Genève : Métis Presses, 2012.Vues aériennes : seize études pour une histoire culturelle
MALAURIE Christian,, L’Harmattan, 2003. La carte postale, une œuvre : ethnographie d’une collection
VINCENT Marc, (Collection la terre vue du ciel), Presses de Saint-Germain, 1958.Au-dessus de la France

Localisation physique :

Pierrefitte-sur-Seine

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales de France

Identifiant de l'inventaire d'archives :

FRAN_IR_055325

Liens