Page d'histoire : Création de l'Académie des sciences 1666

Colbert présente à Louis XIV les membres de l’Académie Royale des Sciences,
huile sur toile d’Henri Testelin (1616-1695),
Versailles, châteaux de Versailles et de Trianon.
© Photo RMN – Grand Palais (château de Versailles) / Gérard Blot
 

Parmi les participants, Marin Cureau de La Chambre, es abbés Edme Mariotte et Jean Picard

Le 22 décembre 1666, une quinzaine de savants réunis par Colbert tiennent leur première séance commune dans la Bibliothèque du roi, rue Vivienne, à Paris. Louis XIV leur a confié comme tâche « d’avancer et favoriser la science pour l’utilité publique et la gloire de son règne ». L’Académie des sciences de Paris est née. C’est le début d’une longue tradition de réunions plénières dont les procès-verbaux sont conservés dans les archives de l’institution. Ils constituent un témoignage inestimable de l’évolution de la pensée scientifi que au fi l du temps.

Parmi eux, un étranger, Christian Huygens, hollandais, physicien, mathématicien, astronome. Dès l’origine, il est en effet au programme de l’Académie des sciences d’« entrer en commerce de découvertes avec les académies étrangères ».

Au milieu du XVIIe siècle, la France est la première puissance politique en Europe, mais il lui faut, en ces temps d’absolutisme, renforcer le pouvoir du souverain au-delà des seuls champs militaire et diplomatique : les sciences, comme les arts, serviront ce rayonnement. Il s’agit là d’un engagement réciproque : le roi devient le protecteur des savants qui, de leur côté, peuvent compter sur un soutien plus pérenne que celui des seuls mécènes pour conduire leurs recherches, et bénéficier d’une reconnaissance institutionnelle.

Bien que soumise aux aléas d’une histoire de France agitée – après avoir été instituée Académie royale des sciences par Louis XIV (1699) et dotée de ses premiers statuts, elle est tour à tour supprimée par la Convention (1793), recréée sous la forme de la 1re classe de l’Institut national des sciences et des arts par la Constitution de l’an III (1795), puis elle reprend son nom et son autonomie sous la Restauration (1816), toujours au sein de l’Institut de France –, l’Académie des sciences reste un moteur du progrès scientifique et technologique au cours des siècles. Certes, très vite, elle ne possède plus de laboratoires de recherche en propre, comme à ses débuts, mais le prestige des travaux réalisés par ses membres rejaillit sur elle et assoit sa légitimité auprès de la communauté des hommes de science. Elle arbitre la vie scientifique en élisant les savants les plus éminents en son sein et en distinguant les meilleurs par des prix, dont le premier fut décerné en 1720. Elle atteste l’antériorité intellectuelle des découvertes par l’intermédiaire de ses « plis cachetés », dont le premier a été déposé en 1697. Elle divulgue les connaissances à travers les Comptes rendus de l’Académie des sciences, créés en 1835 sous l’impulsion de son secrétaire perpétuel, François Arago. Elle est et demeure le lieu de tous les grands débats scientifiques, espace vital pour nos sociétés modernes confrontées aux questions posées par un essor technologique sans précédent.

À l’origine sous la protection du roi, l’Académie des sciences est aujourd’hui une personne morale de droit public placée sous la protection du président de la République. Elle exerce de nos jours, en toute indépendance, son rôle de conseil auprès des décideurs. Riche d’un potentiel de plus de deux cent cinquante académiciens élus parmi les meilleurs scientifi ques de leur temps, issus de toutes les disciplines, y compris les plus émergentes, l’Académie émet des rapports, avis ou recommandations qui constituent autant d’aides à la décision.

Depuis la création de la première académie dei Lincei à Rome, en 1603, les académies nationales se sont multipliées et rassemblées en réseaux interacadémiques au sein desquels l’Académie prend toute sa part. Par sa notoriété et son expertise construite depuis trois cent cinquante ans, l’Académie des sciences est aujourd’hui un acteur incontournable de la diplomatie scientifique internationale.

 

Catherine Bréchignac
secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences
membre du Haut comité des Commémorations nationales

 

Voir Célébrations nationales 1999

Source: Commemorations Collection 2016

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