Article : Les enfants cachés du Fanget, 1943-1944

Une publication des Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 2020, 44 pages

Dans une publication touristique datée de 1985 quelques lignes présentent le village d’Auzet : altitude, population, hydrologie, faune, curiosités historiques. Et une phrase, entre la mention de la reine Jeanne et celle de fouilles archéologiques : « Une petite colonie d’enfants juifs au col du Fanjet [sic] fut ignorée des Allemands ».

Au milieu des années 1980, qui se souvenait de cette histoire ? Des personnes âgées de Seyne et d’Auzet certainement. Puisque si cette colonie fut « ignorée », c’est bien grâce au silence des habitants. Tous ces gens auxquels il fut rendu hommage le 7 mai 2005, lors de l’inauguration de la plaque apposée à l’entrée du chemin menant au chalet qui fut le refuge de ces enfants, mais dont il ne restait plus alors que la cheminée, le bâtiment ayant brûlé en 1966. Mais en ce jour de mai, on honorait aussi la mémoire de deux jeunes femmes, Simone Chaumet et Jamy Bissérier, qui risquèrent leur vie pour sauver celle de ces enfants.

Quand les enfants arrivent, vraisemblablement au printemps 1943, les Basses Alpes, comme huit autres départements du Sud-Est de la France, sont encore en zone d’occupation italienne. C’est en septembre, en raison de la capitulation des Italiens, que les Allemands envahissent cette région. Le danger est alors constant : ces enfants, dont le seul crime était celui d’être né risquent en permanence la dénonciation et la déportation. En effet, avec l’occupation allemande, les arrestations, menées depuis Nice par la Sipo-Sd, la Feldgendarmerie et la Milice, se multiplient et s’intensifient à compter de l’automne 1943 : à Méailles, à Sisteron (le personnel de l’UGIF), les 14 juifs du 702e GTE des Mées… Mais dans ces montagnes des Basses-Alpes, on savait que ces enfants devaient rester cachés, que leur présence devait être tue. Mais la population d’Auzet et de Seyne ne se contenta pas de se taire. Les petits Allouch, Gelbert, Partouche, Wrobel et les autres furent nourris, chauffés, soignés parfois. Et tous survécurent.

Cette publication peut être téléchargée sous format numérique.

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