Article : David Fallik, résistant de Czernowitz à Draix, 1909-1944

Un dossier pédagogique des Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 2022, 70 pages

Le 14 février 1944, la ferme Belon à Draix, où avait trouvé refuge depuis quelques semaines l’École des cadres du maquis, est encerclée par deux colonnes de l’armée allemande. Onze stagiaires, qui suivaient une session de trois semaines afin d’être formés à l’encadrement des maquis, sont arrêtés et conduits au siège de la Sipo-SD de Digne, la villa Marie-Louise.

En 1950, l’archiviste départemental effectue une tournée d’inspections des archives communales et, à cette occasion, interroge les élus sur les événements survenus pendant l’Occupation. Dans le document manuscrit, l’archiviste signale la présence à Draix d’un médecin juif qui aurait soigné les maquisards. C’est le seul document d’archives qui l’évoque. Tous les autres (rapports du préfet ou de la gendarmerie, courriers de la police…) n’en font jamais mention et son nom n’est jamais précisé.

Pour l’identifier, il a fallu interroger d’autres sources. Le site de l’AJPN, ce qui est confirmé par le Mémorial de la Shoah, certifie que le « médecin juif » évoqué se nomme David Fallik.

Né en 1909 à Czenowitz (Ukraine, alors dans l’Empire d’Autriche-Hongrie), il est lycéen à Vienne puis gagne la France en 1927 afin de poursuivre ses études de médecine. Il se marie à Paris en 1934 avec Micheline Bloch, une Française née en Suisse. Après avoir exercé à Deuil-la-Barre (95), où naît sa fille Arlette, il s’installe à Chorges en 1935, où son fils Francis voit le jour l’année suivante.

La défaite de la France en 1940, l’occupation de la moitié du pays et l’instauration du Régime de Vichy, puis l’invasion de la zone sud marquent pour David Fallik et sa famille, comme pour de nombreux juifs de France, le début d’une tragédie. Le statut des juifs lui interdit en 1942 l’exercice de la médecine et c’est en 1943 qu’il rentre dans la résistance des Hautes-Alpes avant de rejoindre en janvier 1944 l’École des cadres de Draix. Après son arrestation, il est conduit à Digne puis à Nice, où il est séparé des autres maquisards pour être emmené à l’hôtel Excelsior avant d’être transféré à Drancy le 31 mars. Il est déporté le 15 mai 1944 dans le convoi no 73, seul transport n’ayant regroupé que des hommes et dirigé vers les Pays baltes, en Lituanie.

Porté disparu, son sort reste inconnu à ce jour. Sa famille est, quant à elle, sauvée par l’action d’une famille haut-alpine, reconnue « Juste parmi les Nations » en 2011.

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