Article : Arthur Regnault, architecte (1839-1932) : la quintessence de l’art sacré

Une publication réalisée avec la participation des Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, 2011, 253 pages

Arthur Regnault est né en 1839, à Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), d’une famille très religieuse. Il meurt à Rennes, en 1932. Élève brillant, il sort ingénieur diplômé de l’École centrale, à 20 ans. En 1861, il est admis à l’École des Beaux-Arts de Paris, puis entreprend une grande tournée en Italie et enchaîne les voyages en France qui montrent un tropisme exacerbé pour l’art sacré.

Il s’installe à Rennes en 1866 pour une carrière qui dure plus de soixante ans. Il édifie plusieurs hôtels particuliers, dans la ville, diverses demeures de campagne (château-Létard, à Saint-Erblon) et une multitude de petits bâtiments (presbytères, écoles). Mais l’essentiel de son œuvre s’inscrit dans l’effort de reconquête de l’Église de France, sous le Concordat. Arthur Régnault construit de neuf environ cinquante églises et vingt clochers, dans lesquels il adapte le grand art léonard (La Guerche-de-Bretagne) ou cornouaillais (Les Iffs). Il restaure, agrandit ou embellit une trentaine d’autres sanctuaires (Le Petit-Fougeray, La Chapelle-aux-Filtzméens), dans lesquels il dessine les plans ou les élévations, mais aussi les décors et le mobilier liturgique, tantôt avec discrétion (Moussé), tantôt avec richesse (Combourg, Liffré). Il est, à l’occasion, assez respectueux du passé pour garder d’anciens retables (Cornillé) et, même, construire autour d’eux, un nouvel écrin moderne (Coësmes).

Sa culture personnelle, très polyvalente, sa science de l’archéologie, très aigüe, transparaissent dans un catalogue éblouissant des styles historiques. On s’attend au néo-gothique, dont son mentor, le chanoine Brune, lui a enseigné les vertus, au début de sa carrière. Et il existe bien sûr (Saint-Aubin-d’Aubigné) ! Mais Régnault manie avec la même dextérité le néo-roman (Lohéac, La Chapelle-des-Fougeretz), le néo-Renaissance (La Selle-en-Coglès) et, tout d’un coup, il innove : il importe en Bretagne un style romano-byzantin de son invention (Maxent), puissant, chtonien, sur lequel il ajoute d’élégants clochers à bulbes (Corps-Nuds, Saint-Senoux), de fins clochetons et baldaquins (Tinténiac). L’effet est d’une originalité inégalée : Régnault produit un véritable condensé de l’art européen et de l’histoire chrétienne (La Fresnais), dont l’influence s’étend, par l’intermédiaire de la congrégation des eudistes, jusqu’au Canada et, même, au Japon.

Largement illustré, cet ouvrage issu d’une exposition tenue aux Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, nourri par un riche fonds documentaire, dresse le catalogue de l’œuvre religieux laissé par Régnault et explique comment il est devenu un marqueur indiscuté de l’identité régionale.

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