Article : Le Blan. Une filature du Nord

Une publication des Archives nationales du monde du travail, 2022, 48 pages

La première filature Le Blan est fondée et exploitée par Julien Le Blan en 1819 à Lille. Constituée d’un manège à chevaux qui entraînait onze cardes et dix-huit métiers à tisser, elle transformait les cotons venus de Guadeloupe, de Louisiane, de Cayenne, du Brésil… ou bien encore de Géorgie. Un siècle et demi plus tard, Le Blan est un véritable empire : en 1926, Le Blan & Cie possède quatre filatures et deux retorderies de coton sur les sites de Lille-Trévise, Canteleu-Lille et à Mantes-la-Ville. En 1935, la société absorbe la Cotonnière Lilloise (fondée en 1896) dont elle était jusqu’alors actionnaire. Au début des années 50, la société – qui a son siège avenue de Bretagne à Lille – emploie près de 2000 personnes dont 70 % de femmes. À la fin des années 60, Le Blan & Cie produit 9000 tonnes de fil par an dont 20 % sont exportées. Mais l’empire Le Blan n’échappe pas à la crise grave qui touche l’industrie textile à la fin des Trente Glorieuses. Malgré des tentatives de restructuration : la société absorbe en 1981 les filatures Delesalle-Desmet de Lomme, Desurmont et Cie de Tourcoing et Wallaert Frères de Lille, puis en 1986 la société Filauchy d’Auchy-les-Hesdin, l’entreprise dépose le bilan et la liquidation judiciaire est prononcée en 1989.

La même année, les archives sont données aux Archives nationales du monde du travail permettant de sauvegarder le patrimoine de ce célèbre exemple d’industrie textile du Nord. Parmi les documents confiés, une très belle collection de photographies dont certaines sont présentées sous forme d’albums. Des années 30 aux années 80, personnels, machines, sites de production, actions sociales et moments de convivialité sont photographiés. Les clichés réalisés illustrent entre autres les bulletins d’information de l’entreprise à partir des années 50 : le bulletin du site de Lille-Canteleu, qui prend le nom de Le Curseur à l’été 1954 et dont le numéro 1 parait en janvier 1949 ; celui de la filature de Mantes-la-Ville, Trait d’union, qui parait à partir de janvier 1953 ; mais aussi Trévise du site de Trévise-Lille et enfin Au fil des jours, bulletin mensuel s’adressant à l’ensemble du personnel dans les années 70 et 80. La publication de ces journaux d’entreprise a permis d’identifier un très grand nombre des clichés confiés aux Archives nationales du monde du travail.

Ce nouvel opus de la collection Trésors des Hauts offre à notre regard une sélection esthétique de ces images d’entreprise. Cette représentation doit nous interroger : que deviennent ces photographies avec le temps qui passe ? une œuvre d’art à exposer ou publier, une donnée à analyser pour l’historien, le sociologue, un outil de connaissance du travail pour le professionnel ou un souvenir plus ou moins cher au travailleur ? À chacun d’apprécier selon sa sensibilité.

Retrouvez les inventaires des Archives nationales du monde du travail.

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