Article : Le Grand Siècle

Une publication des Archives départementales de l’Indre et des Musées de Châteauroux, 2016, 71 pages

 

Trois cents ans après la mort de Louis XIV, dont le règne marque l’apogée du « Grand Siècle », apogée préparé par Henri IV et Louis XIII, l’œuvre du « Roi Soleil » reste grandiose, comme en témoigne le château de Versailles. Le Berry est à cette époque sous l’influence des cousins de Louis XIV, les Condé. Deux expositions, présentées simultanément du 19 septembre au 31 décembre 2015, dont cet ouvrage constitue le catalogue commun, ont évoqué « l’esprit » et « l’intimité » de ce « Grand Siècle » : histoire intime au Musée-Hôtel Bertrand, et histoire intellectuelle, spirituelle et religieuse aux Archives départementales de l’Indre.

 

  • L’esprit du Grand Siècle aux Archives départementales de l’Indre

Le XVIIe siècle est encore celui de la science et de ses progrès. De Galilée à Newton, de Pascal et Fermat à Leibniz, il faut alors concilier les faits de l’expérience et les données de la Révélation, de la Providence et de la Bible. La langue française progresse avec Furetière, le droit avec le Code Louis et une pléiade de juristes, l’histoire avec Catherinot et La Thaumassière, la géographie avec cartographes et arpenteurs, et même la médecine, pourtant raillée par Molière. Le Berry est marqué par un approfondissement religieux. On y retrouve aussi deux grands courants religieux chrétiens du XVIIe siècle : le jansénisme et le calvinisme. Le jansénisme trouve un refuge en Brenne, grâce à Duvergier de Hauranne, abbé de Saint-Cyran. La « religion prétendue réformée », après les limitations apportées par Louis XIII à l’Édit de Nantes, connaît de nouvelles persécutions. Dans l’Indre, à la même époque, les protestants, qui forment encore une petite communauté de notables, sont contraints à abjurer, comme en témoignent les registres paroissiaux. Parfois, ces « nouveaux conver­tis » sont reconnus relaps au moment de mourir.

 

  • Dans l’intimité du Grand Siècle au Musée-Hôtel Bertrand

S’il est vrai que le Roi, ses artistes et ses artisans de génie donnent le ton, leurs productions sont sur­tout destinées à éblouir les cours d’Europe et les ambassadeurs du monde. Rares sont les demeures parisiennes ou de province à pouvoir rivaliser avec un tel luxe. Toutefois, il est indéniable que le confort des maisons particulières, des nobles ou de la haute bour­geoisie, des citadins change aussi. Plus intimes et plus cossus, les intérieurs connaissent une nouvelle répartition des pièces et leurs destinations changent suivant le modèle de l’hôtel particulier parisien. A travers la restitution d’un « appartement » classique, les Musées de Châteauroux font découvrir un ensemble de mobilier et objets décoratifs issus de collections publiques et particu­lières. Cette atmosphère est complétée par les arts de la table et de la gastronomie, donnant ainsi un relief singulier au charme discret du « Grand Siècle », loin des fureurs tapageuses des modes de la Cour.

 

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