Notice d'autorité : Le Matin (Paris ; 1884-1944)

Fonctions :

  • exploitation commerciale
  • édition

Statuts juridiques :

société commerciale

Histoire :

Créé le 26 février 1884 par Sam Chamberlain,Le Matinest successivement dirigé par la société en commandite « S. Chamberlain et Cie » (23 octobre 1883-21 juin 1884), par la « Société anonyme du journal Le Matin » (21 juin 1884-11 mai 1897), puis par la « Société anonyme Le Matin » à partir du 17 décembre 1897 et jusqu'à sa disparition. Adapté sur le modèle du quotidien britanniqueThe Morning News, la direction du journal est confiée au journaliste Alfred Edwards. Le siège social est alors situé au 6, boulevard Poissonnière dans le 10e arrondissement de Paris. Quelques mois plus tard, en désaccord avec les objectifs financiers de la société, Edwards quitteLe Matinet fonde son propre journal,Le Matin Français. Ce nouveau titre ne tarde pas à s'imposer. Edwards rachète alorsLe Matinet fusionne les deux rédactions. Sous son impulsion, le quotidien se modernise en misant sur des techniques récentes, comme le télégraphe, et en faisant appel à des signatures de renom comme le député Arthur Ranc ou Jules Vallès.Le Matinaffiche une ligne politique favorable aux républicains modérés et se montre résolument hostile au boulangisme et aux idées socialistes. Impliqué dans le scandale de Panama, Alfred Edwards vend le journal au banquier et courtier en publicité Henry Poidatz en 1895. Dreyfusard,Le Matins'illustre notamment en mettant en cause, dès 1896, les preuves retenues contre le capitaine et en publiant, en juillet 1899, les confessions du commandant Esterhazy.

Le 28 décembre 1899, l'homme d'affaires Maurice Bunau-Varilla (1856-1944), actionnaire du journal depuis 1897, entre au conseil d'administration. Il en prend la présidence le 23 décembre 1901. Sous son impulsion, porté par une publicité efficace et la mise en valeur des reportages avec l'apparition des photographies en première page,Le Matinvoit son tirage augmenter considérablement : de 100 000 exemplaires en 1900, il atteint le million avant 1914.Le Matindevient alors l'un des quatre plus grands quotidiens français d'avant-guerre, avecLe Petit Journal,Le Petit ParisienetLe Journal. Il emploie alors 150 journalistes, parmi lesquels figurent Colette et Albert Londres, ainsi que 500 techniciens et ouvriers.

La ligne politique du journal varie en fonction des intérêts personnels de Maurice Bunau-Varilla. Ainsi, après la Première Guerre mondiale,Le Matin, nationaliste et laïc, soutient Raymond Poincaré, président de la République de 1913 à 1920, puis président du Conseil (conservateur) dans les années 1920. Partisan de l'appaisement, le journal soutient le rapprochement avec l'Allemagne opéré par Aristide Briand et Gustav Stresemann.

Après avoir connu son apogée,Le Matindécline durant les années 20. Ses ventes diminuent alors de manière spectaculaire, passant de plus d'un million à moins de 320 000 exemplaires à la veille de la Seconde guerre mondiale.

Sa ligne politique évolue et s'oriente progressivement vers l'extrême-droite avant de devenir, durant l'entre-deux-guerres, ouvertement antiparlementaire et anticommuniste. Cette évolution se poursuit avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne.Le Matinadopte une ligne pacifiste favorable à des concessions aux exigences territoriales hitlériennes.

Le 17 juin 1940,Le Matinest le premier journal à reparaître à Paris. Durant l'Occupation, sous l'influence de Jacques Ménard, son rédacteur en chef, président de l'Association des journalistes antijuifs, il adopte une ligne collaborationniste et antisémite.

En janvier 1943, le tirage du journal atteint encore les 263 000 exemplaires.

Le Matinparaît pour la dernière fois le 17 août 1944, quelques jours après le décès de Bunau-Varilla.

Le journal est tout d'abord interdit à la Libération, avant que le gouvernement provisoire de la République française (GPRF) ne décide d'exproprier toutes les entreprises de presse ayant publié sous l'Occupation. Stéphane Lauzanne, le directeur et éditorialiste duMatin, est arrêté à Paris le 24 août 1944. Interné à la prison de la Santé, il est jugé par la Cour de justice de la Seine le 31 octobre 1944 qui le condamne à 20 ans de prison. Impliqué dans la politique éditoriale de journal, Guy Bunau-Varilla, fils et associé de Maurice Bunau-Varilla, est arrêté en novembre 1944. Au début de l'année 1946, Guy Bunau-Varilla est condamné aux travaux forcés à perpétuité, à l'indignité nationale et à la confiscation de ses biens.

Sources :

  • Archives nationales, fonds Le Matin (1AR)
  • BELLANGER (Claude), GODECHOT (Jacques) dir., Histoire générale de la presse française (1871-1940), tome III, Paris, Presses universitaires de Fance, 1972.
  • BELLANGER (Claude), GODECHOT (Jacques) dir., Histoire générale de la presse française (1940-1958), tome IV, Paris, Presses universitaires de Fance, 1975.
  • Notice BNF : FRBNF32812305
  • Notice Wikipédia

Identifiant :

FRAN_NP_052458

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