Marie Amédée HenriNapoléon, baron Gourgaud (1881-1944) est le fils d'Honoré Gaspard Napoléon, baron Gourgaud (1858-1918) et d'Henriette Chevreau (1857-1940). Il épouse en 1917 une riche américaine, Eva Gebhard (1876-1959), fille unique du banquier américain William Henri Gebhard. Propriétaire du château de la Grange à Yerres (Essonne), le baron Gourgaud est un amateur d'art et un mécène. Avec son épouse, il constitue une collection de tableaux d'impressionnistes et de peintures modernes, tels que les portraits de la baronne par Matisse et par Marie Laurencin, et surtout achète beaucoup de mobilier, objets d'art et bijoux de prix, principalement du Premier Empire.

Sa passion pour le Premier Empire l'entraine à s'intéresser à l'île d'Aix, où Napoléon passa ses derniers jours en terre française, avant son exil à sainte-Hélène (juillet 1815). Le 4 juillet 1925, le baron Gourgaud crée la Société des Amis de l'île d'Aix, devenue par la suite Fondation Gourgaud. Avec son épouse, il acquiert sur l'île la « Maison Rose », qui sera leur résidence, plusieurs maisons pour loger les habitants, et surtout, en 1926, la maison dite « de l'Empereur » (ancienne résidence du gouverneur de l'île), classée monument historique par un arrêté du 24 septembre 1925. Aidés de plusieurs personnalités locales, dont le baron Coudein et le journaliste d'origine saintongeaise Pierre Chanlaine, ils transforment la maison en un Musée napoléonien, qui est ouvert au public le 1er juillet 1928, inauguré par Edouard Herriot le 16 septembre suivant, et donné à l'État avec réserve d'usufruit en 1933. Malgré la séparation du couple en 1939 et le décès du baron Gourgaud en 1944, la baronne Gourgaud ne cessera d'oeuvrer pour faire vivre ce musée. Le baron Gourgaud a en outre été maire de l'île d'Aix de 1932 à 1937.

Parallèlement aux collections d'art et aux souvenirs napoléoniens, le baron Gourgaud a une autre passion : l'Afrique. Entre 1913 et 1931, il participe à trois expéditions en Afrique australe, centrale et orientale (il participe notamment aux safaris organisés par Denys Finch-Atton, connu pour avoir été l’amant de Karen Blixen et le héros de son romanLa ferme africaine). Il en rapporte des collections zoologiques et ethnographiques, qu'il met à la disposition du public en créant en 1933 le Musée africain de l'île d'Aix, situé à proximité du Musée napoléonien, dans d'anciennes maisons basses de pêcheurs. Le Musée, aujourd'hui labellisé musée national tout comme le Musée napoléonien, et rattaché au Musée de La Malmaison, expose les trophées de chasse du baron Gourgaud, dans des vitrines mettant en scène la faune et l'environnement naturel des régions africaines concernées. On y trouve aussi un dromadaire d'Arabie longtemps présenté comme ayant été monté par le général Bonaparte pendant la campagne d'Égypte, et des objets ethnographiques (masques, armes, boucliers notamment), qui ont été pour la plupart été offerts au baron Gourgaud par l'un de ses compagnons, Armand Van Mons.

Le baron Gourgaud est mort sans descendance en 1944. Il a légué à l'État, par l’intermédiaire de sa veuve, disparue en 1959, ses archives familiales, ainsi qu'une quarantaine de tableaux de Corot, Delacroix, Ingres, Monet, Renoir, Cézanne, Van Gogh, Seurat, Picasso, Léger, Bonnard, Braque et Matisse. On peut voir aujourd"hui au Musée d’Orsay l’Italienne de Van Gogh, La femme au chat de Bonnard, Une baignade à Asnières de Seurat, Les baigneurs de Cézanne, Deux danseuses au repos de Degas, le Don Quichotte et la mule morte de Daumier, et quelques autres œuvres ; au Centre Georges-Pompidou, L’Arlequin et La fillette au cerceau de Picasso, deux Braque, cinq Fernand Léger, deux Matisse, et deux portraits de la baronne Gourgaud par Marie Laurencin.

Son neveu et héritier, Napoléon Gourgaud du Taillis (1922-2010), a été de 1983 à 1997, président de l'association Le Souvenir Napoléonien. Il est l'un des co-fondateurs en novembre 1987 de la Fondation Napoléon, dont il a été le premier président de 1987 à 2005, puis le président d'honneur.