Document d'archives : Annexes Multimedia

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Les documents annexés à ce fonds d'archives sont liés aux échanges effectués entre la donatrice du fonds Jenny Plocki, et le Centre d'Histoire sociale.
Le témoignage de Jenny Plocki apporte un éclairage marquant sur les périodes traversées par les archives de Jean-René Chauvin, avec qui elle vécut 60 ans : histoire du trotskysme, histoire de la France sous Vichy et de la déportation, puis histoire de la gauche révolutionnaire des années 50 aux années 2000, guerres d'indépendance, mai 68, féminisme, etc.
Biographie de Jenny Plocki
Fille de juifs Polonais émigrés en France en 1921-1922, Jenny Plocki (Eugénie Plocki) nait en France en décembre 1925. Ses parents vivent modestement de commerce sur les marchés. Ses années d'enfance sont bercées de discussions politiques ancrées à gauche (sa mère, née Rajsfus, d'un milieu très pauvre - athée - était bundiste en Pologne, son père était aussi militant, de gauche - athé - mais non affilié à une organisation politique). De ses discussions (relatives notamment à la politique de Staline, aux procès de Moscou...), la jeune Eugénie en garde un anti-stalinisme radical.
Lors du déclenchement de la guerre, la famille vit à Vincenne. Eugénie est âgée alors de 16 ans, son jeune frère, Maurice, est de 2 ans et demi son cadet.
Le 16 juillet 1942, toute la famille est arrêtée (rafle du vel d'hiv) et conduite dans un lieu de regroupement à Vincennes, en attendant d'être transférée à Drancy. Une centaine de personnes est alors rassemblée dans ce lieu tout près de leur habitation. Eugénie Plocki reconnait de nombreux enfants, parce qu'ils ont fréquenté la même école, raflés avec leurs parents.
Un policier français vient annoncer aux personnes regroupées que les enfants français (jusqu'à 16 ans) peuvent sortir. Mais, seuls les Plocki réagissent en demandant à leurs enfants de s'en aller, toutes les autres familles rassemblées refusent d'être séparées. Durant les deux heures qui suivent, les Plocki donnent à leurs enfants tout ce qu'ils ont a leur disposition : le peu d'argent qu'il leur reste, leurs alliances, montre... Selon le témoignage de Jenny Plocki, ses parents ne se faisaient aucune illusion sur l'issue de cette arrestation, et sur le fait qu'ils ne reviendraient pas.
Après un certain nombre de formalités (demande de cartes d'identité, aller-retour au commissariat, etc), les deux enfants pourront partir. Ils seront les seuls à sortir de ce lieu. Aucun des autres enfants restés avec leurs parents ne reviendra.
Les deux enfants habiteront jusqu'à la fin de la guerre dans l'appartement de leurs parents (qui disparaitront en déportation).
Grâce à l'aide d'une amie d'enfance d'Eugénie, Monique Lemarquis, et de sa mère, Eugénie Plocki et son jeune frère pourront survivre en se faisant "oublier", tout en suivant leur scolarité, jusqu'en 1944.
Au lendemain de la Guerre, Eugénie Plocki rejoint d'abord, brièvement, la cellule locale du PCF. Accusé de trotskysme, elle quitte le Parti avant d'en être exclue.
Elle rejoint le PCI (Parti communiste Internationaliste, Trotskyste), en 1945 (tendance "Socialisme ou Barbarie" - Castoriadis). C'est dans le cadre de cette organisation qu'Eugénie, devenue "Jenny" (pseudo militant adopté dans la vie de tous jours) rencontre Jean-René Chauvin. Jean-René milite dans une autre tendance du PCI (la tendance majoritaire à l'époque, menée par Yvan Craipeau).
Le PCI est secoué par des conflits internes en 1947-1948. La tendance dite "droitière" de Jean-René Chauvin perd la majorité au congrès du PCI de 1948 . Jenny Plocki quant à elle quitte l'organisation en 1948, en même temps que les membres de sa tendance, qui sont opposés à la direction du Parti sur la définition de l'URSS (qualifié d'"Etat ouvrier dégénéré" par le PCI alors que les membres de la tendance "Socialisme ou Barbarie" considèrent l'URSS comme un capitalisme d'Etat).
Jenny Plocki rejoint alors le groupe "Socialisme ou Barbarie", pour les 10 années qui suivent. Il s'agit essentiellement de réunions de réflexion, sans "militantisme". Les réunions se tenaient la plupart du temps chez Castoriadis.
Devenue institutrice, Jenny Plocki militera ensuite surtout syndicalement (Ecole Emancipée). Elle s'engage par ailleurs pour l'indépendance de l'Algérie, et les luttes anti-coloniales.
En 1968, elle s'enthousiasme pour le mouvement de mai et participe avec Jean-René Chauvin à toutes les manifestations, aux comités enseignants, etc. En grève dès le vendredi 17 mai 1968 avec l'Ecole Emancipée (alors que la FEN tarde à appeler à la grève, le 20 mai), elle habite et travaille au coeur du quartier le plus agité à l'époque (quartier Monge à Paris). Mai 68 restera pour elle le moment militant de sa vie le plus marquant.
Jenny Plocki s'engage aussi dans les luttes féministes, au MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception).
Elle entreprend par ailleurs une activité de traductrice, prenant dans certains cas l'initiative de traduire des oeuvres avant même l'accord d'un éditeur. Ce fut le cas en particulier du livre de Rudolf Vrba, "Je me suis évadé d'Auschwitz", dont les deux traductrices, Jenny Plocki et Lily Slyper; sont quelque peu responsables de sa première parution en France.

Cote :

3-JRC

Inventaire d'archives :

Fonds Jean-René Chauvin

Où consulter le document :

Humathèque Condorcet - Service des archives

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