Document d'archives : Intérieur: mouvements sociaux, grèves, troubles, agriculture

Contenu :

Tableau détaillé et d'un grand intérêt de la succession rapide des événements et du climat social.
A partir du mois de mai démarre une série de grèves dans l'agriculture; elles sont souvent dures, avec parfois des manifestations de violence, mais dans l'ensemble affrontements et violences restent limités. Ce sont nettement les travailleurs qui détiennent l'initiative et le patronat est sur la défensive. Ce sont les ouvriers agricoles et les métayers d'Emilie et de Romagne ainsi que les métayers de Toscane, influencés en général par les socialistes, qui lancent l'offensive. Les grèves en Vénétie, dans la région de Crémone, de Bergame et dans le Frioul prennent le relais, toutes contrôlées par les ligues blanches, qui sont influencées en particulier par Miglioli, et qui n'apparaissent pas moins décidées que les socialistes dans la conduite des luttes. La concurrence électorale entre socialistes et catholiques trouve sa raison d'être dans les perspectives différentes que les deux partis offrent aux paysans: développement de la petite propriété et démantèlement des latifundia pour les uns, coopératives et travail collectif pour les autres. Les propriétaires ne prennent guère ces différences en considération, et se mordent les doigts d'avoir, à un moment donné, financé et contribué au développement des ligues blanches (pour en faire une force capable de s'opposer aux socialistes), qu'ils ont désormais comme adversaires.
En juin, les luttes se poursuivent dans la région de Bari, de Vérone, dans le Piémont et en Sicile. En juillet elles s'étendent à presque toute l'Italie: de la région de Vicenza à celle de Ferrare, de Reggio Emilia aux Pouilles, à la Basilicata, la Campanie, la Toscane, l'Ombrie, la région de Rieti, et jusqu'en Sicile. La presse se montre préoccupée du poids croissant et des méthodes oppressives des ligues rouges.
Les grèves se poursuivent dans l'agriculture, mais pendant tout le mois de juin les affrontements restent limités et c'est surtout avec la force publique (notamment les carabiniers) qu'ils se produisent.
Début juillet, on assiste aux premières réactions des propriétaires qui s'arment et tirent sur les paysans (par ex. à Gioia del Colle, dans les Pouilles). C'est le signe d'un changement psychologique important.
En août : on enregistre des réactions dans la région de Bologne et de Reggio Emilia. Les mouvements entament leur phase descendante, ils perdent en ampleur et en radicalité. La violence augmente au cours des affrontements entre petits groupes, ainsi que les épisodes de vendetta.
Début septembre, on relève des affrontements à Crémone entre socialistes et fascistes. Les forces sont encore équilibrées. En Sicile, c'est le début des occupations de terres.
En octobre, Le Parlement discute des procédures de légalisation des occupations de terres (après les décrets Visocchi et Fallani, le décret Micheli est en préparation). Accords entre patrons et paysans à Parme, dans la région de Bologne et en Lombardie.
On commence à relever un changement d'attitude des journaux « indépendants » (Il Secolo, Il Resto del Carlino, Il Giornale d'Italia): alors qu'ils étaient auparavant relativement « impartiaux », ils tendent, en novembre, à mettre l'accent sur les violences commises par les rouges: ils ont compris que le vent est en train de tourner.
Novembre. On enregistre, dans la province de Venise, des actions communes d'agrariens, de fascistes et de nationalistes contre les ligues.
En décembre (débat à la Chambre), le climat a déjà changé: assauts fascistes en Toscane, que couvre la magistrature, qui, au même moment, comme le dénoncera publiquement le socialiste Modigliani, ordonne l'arrestation de la rédaction d'Umanità Nova.

Cote :

GF/DELTA/143/51

Description physique :

Importance matérielle :
269 pièces

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