Document d'archives : Une enseignante française d'informatique fait l'éloge en 1975 de l' école d’ingénieurs où elle travaille à Beyrouth (Liban)

Contenu :

L’informatrice, âgée de 31 ans au moment de l’entretien, est professeure détachée à l’école d’ingénieurs de Beyrouth où elle est arrivée en novembre 1969. Elle mentionne la situation professionnelle de ses parents puis elle évoque son parcours d’études supérieures. Elle a fait une école d’ingénieurs en hydraulique à Toulouse. Elle est ensuite partie à New-York pour ses études puis elle est rentrée en France où elle a travaillé dans le privé en tant d'ingénieur dans les Bâtiments et travaux publics (BTP). Elle avait envie de travailler à l’étranger et, en discutant avec des camarades libanais, elle avait déjà envisagé de partir au Liban. Elle a postulé pour un poste d’informatique à Beyrouth, après avoir vu une annonce dans le journal des anciens de son école. Elle a été recrutée en tant qu’expert de coopération technique en mission, employée par le Ministère des Affaires Étrangères et elle est arrivée à Beyrouth en novembre 1969. Sa semaine est constituée de huit heures d’enseignement et de deux heures de travaux pratiques. Depuis peu, son statut vient de changer car elle est maintenant chargée de mission d’enseignement à l’école d’ingénieurs. Concernant ses fréquentations sociales, la femme trouve le milieu des ingénieurs trop fermé et elle préfère côtoyer, en dehors de son activité professionnelle, des Libanais. Ayant de bons revenus, l’ingénieur explique comment se déroulent les trois mois de vacances par an dont elle dispose, en partie consacrés à la visite de sa famille en France, après quoi elle voyage à l’étranger (Turquie, Antilles, Moyen-Orient). Elle dit se rendre régulièrement à Damas. Ses loisirs, elle les réalise seule car elle a peu d’amis du fait qu’elle travaille beaucoup et qu’elle sort peu. Elle ne participe pas aux réunions des Français qu’elle juge mondaines et elle tient à se démarquer des compagnes de ses collègues, selon elle, peu accueillantes et dont les sujets de conversation ne l’intéressent pas. Quant aux hommes libanais, avec lesquels l’ingénieur a déjà été en couple, elle les trouve très exclusifs et elle pense qu’ils sont gênés par son indépendance (elle donne des exemples illustrant ses propos). Dans l’école où elle travaille, il y a quinze enseignants, français et libanais. Elle a visiblement des idées très arrêtées sur les compétences de ses collègues libanais dont elle souligne le manque de compétences. L'informatrice compare les techniques d’enseignement théoriques à l’école d’ingénieurs française, avec celles pragmatiques de l’ “engineering school“, étasunienne. Les ingénieurs français sont régulièrement employés même dans les entreprises étasuniennes. Pour ce qui est des élèves, l’enseignante souligne que le niveau a changé et a tendance à baisser depuis son arrivée. Elle a malgré tout eu des élèves extrêmement brillants. Elle déplore cependant le manque d’enthousiasme général des étudiants qui ne sont dans l’école que pour acquérir un diplôme. Comme le Liban s’industrialise, d’après elle l’école d’ingénieurs française a sa place dans le pays. Les étudiants la choisissent parce que le niveau y est réputé élevé. Il lui semble que la maîtrise du français crée une distinction entre les Libanais, qu’elle est le signe d’une position sociale favorisée et que l’anglais n’a pas le même statut. Elle donne sa vision de ce qu’elle nomme “l’esprit français” et elle s’exprime sur ce qu’elle nomme un fossé entre les cultures, notamment au Liban. A propos de son avenir, elle envisage de rentrer en France dès l’été suivant et de travailler à nouveau dans le privé.

Cote :

F3470

Inventaire d'archives :

Fonds Jean Métral

Description physique :

Information matérielles :
1 bde
Importance matérielle :
Durée : 1 h 26 min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche
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