Document d'archives : Églises et chapelle : entretien et réparations des églises de Tournemire (1726-1753) et de Saint-Martin-de-Valois (1736) ; usage...

Titre :

Églises et chapelle : entretien et réparations des églises de Tournemire (1726-1753) et de Saint-Martin-de-Valois (1736) ; usage de la chapelle d'Anjony (1725)

Cote :

ANJONY 49-4

Inventaire d'archives :

Chartrier d'Anjony (Cantal)

Observations :

Commentaire
Dans une lettre au marquis d'Anjony, du 26 août 1736, Fonrouge, curé de Saint-Martin-de-Valois, une minuscule paroisse du diocèse de Saint-Flour, écrit au principal seigneur que l'église paroissiale a besoin de réparations : il faut restaurer le maître-autel et bâtir une sacristie. Les prêtres de la communauté vont contribuer à la dépense, mais le curé sollicite la participation du marquis pour le premier projet (qui sera confié à un sculpteur aurillacois, René) :
"La voute est une demye conche, ou calote par consequent un dôme a la romaine soutenu par 4 colonnes poportionnées serviroit comme de couvert a l'autel. 2 fausses portes, une de chaque coté, au dessus desquelles s'eléveroit une petite pyramide, ou l'on pourroit placer coté droit la statue de saint Martin, et du coté gauche, celle de saint claude votre patron avec avec (sic) tous les autres ornemens qui y seroint necessaires, le tout sculpté. Vous permettres aussy, Monsieur, quoyque votre modestie s'y opposat, de faire placer sur le frontispice des susdites colonnes vos armes, pour apprendre a la postérité que, quoyque nous soyons dans un siecle de fer, il se trouve pourtant des personnes fideles et genereuses qui meritent bien que l'on immortalise leur nom. Et, tandis que Dieu benit leur travaux sur la terre, couronnera enfin leur bienfaits dans le ciel. Ainsi ceux qui font une sainte profusion des biens qu'ils ont reçeu de Dieu, et qui les employent a ce qui regarde son culte, cette meme providence ne manque jammais de rendre de rendre (sic) leur vertus glorieuses devant les hommes, et de leur susciter des protecteurs lorsqu'ils ne demandent rien et qu'ils ne pensent qu'a s'acquitter des employs où le roy les a élevés. Voila, Monsieur, le premier motif qui doit encourager les personnes de votre caractere a faire reüssir une œuvre si sainte. D'alieurs vous laisserés des marques de piété dans une paroisse que ne vous doit pas moins etre chere que celle de Tournemire, puisque vous y avez des rentes, des biens assés considerables, et droit de tombeau. Vous y augmenteres encore par la dans l'esprit de mes parroissiens l'estime singuliere qu'ils ont pour votre personne, et nous prierons tous unanimement pour votre conservation. "
La lettre appartient à un genre littéraire bien particulier, puisqu'il s'agit de demander de l'argent ; la flatterie y a donc sa part, et le curé sait qu'il s'adresse à un officier de cavalerie. Il utilise donc tous les modes de captatio benevolentiae ad hoc. Néanmoins cet extrait est caractéristique de l'opinion d'un curé modeste, qui n'a pas donné son nom à la postérité, reflétant ainsi l'opinion répandue à propos de la présence des armoiries dans les églises. Les armoiries peuvent blesser la modestie, mais elles excitent la piété des paroissiens par l'exemple de la générosité qu'elles manifestent, surtout durant un " siecle de fer" (qu'eût écrit le curé s'il en avait vu la fin ?). La couronne de marquis qui les timbrent au ciel de l'autel trouvera un écho, une récompense dans le Ciel.

Archives départementales du Cantal

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