Document d'archives : 1944-1952

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L'année 1944 marque la reprise formelle des relations diplomatiques entre la France et l'Égypte. Avec la fin de la Seconde Guerre mondiale, bien que l'Égypte ne déclare officiellement la guerre à l'Axe qu'au début de l'année 1945, les Égyptiens entendent profiter de leur participation au conflit, notamment à la bataille d'El Alamein, pour réviser le traité anglo-égyptien de 1936 qui entérinait la déclaration unilatérale d'indépendance de 1922 (articles 7 à 12). Le différend se cristallise autour de la présence militaire britannique sur le sol égyptien et dans la zone du canal de Suez, ainsi que sur la souveraineté du Soudan anglo-égyptien. Si les Britanniques retirent progressivement leurs forces militaires du pays, il n'en va pas de même pour la zone du canal de Suez ni pour le Soudan. La question est portée devant l'ONU, sans succès. Les négociations, entrecoupées de ruptures, se poursuivent tout le long de la période. Le nationalisme égyptien, exacerbé, se traduit par la victoire du Wafd aux élections de 1950 et par la dénonciation unilatérale par l'Égypte du traité anglo-égyptien de 1936. Cette rupture au sein des négociations entraîne des grèves et manifestations dans tout le pays contre les Britanniques. La compagnie du canal de Suez, détenue par les Français et les Britanniques, doit faire face à une grève généralisée de son personnel ouvrier et recourt aux marins de la Royal Navy pour assurer la circulation dans le canal (articles 62 et 63). Le 26 janvier 1952 éclatent dans les grandes villes, de grandes émeutes et affrontements réprimés par les forces britanniques (articles 15 et 16).
Ces événements poussent le Roi à renvoyer Nahas Pacha, chef du Wafd au pouvoir, pour le remplacer par Ali Maher. L'instabilité politique qui s'ensuit, une reprise des négociations avec les Britanniques qui n'aboutit pas, l'incapacité à mener à bien les réformes économiques et sociales, amènent au coup d'Etat militaire du 23 juillet 1952 effectué par le groupe des Officiers Libres (parmi lesquels Nasser) menés par le général Néguib (article 36). Le coup d'État n'est pas surprenant dans la mesure où nombre d'attentats politiques et quelques complots militaires avaient déjà eu lieu les années précédentes. Le 26 juillet 1952, le Roi Farouk abdique en faveur de son fils âgé d'un an, issu de son troisième mariage. Un conseil de régence est alors mis en place par les militaires au pouvoir. S'ensuivent également une épuration des partis politiques, en particulier dirigée contre le Wafd, ainsi qu'une vaste réforme agraire (article 51).
La période est également marquée, sur le plan politique, par la déclaration de guerre contre l'Etat d'Israël nouvellement créé le 14 mai 1948. Le régime d'état de siège et la loi martiale sont proclamés. Ces proclamations déclenchent des violences et exactions contre les Juifs résidant sur le territoire égyptien. En plus de pogroms, les Juifs sont parqués dans des camps de concentration à Aboukir et Huckstep. Des ressortissants et protégés français sont touchés par ces mesures, ce qui augmente les tensions entre la France et l'Égypte (articles 80 et 81). L'Égypte intercepte dans le même temps tous les navires traversant le canal de Suez à destination d'Israël, contrevenant aux dispositions de la convention de Constantinople de 1888. Ces actes sont dénoncés par les puissances maritimes utilisatrices du canal. Le différend est réglé à l'ONU par une résolution garantissant la liberté de trafic dans le canal promulguée le  1er septembre 1951 (articles 60 et 61).
Outre ces enjeux majeurs de la politique internationale, l'Égypte resserre ses liens politico-culturels avec l'Afrique du Nord, allant même jusqu'à provoquer des incidents diplomatiques avec la France. En 1947 l'accueil en Égypte d'Abdelkrim, ancien président de la République du Rif en guerre contre la France de 1921 à 1926, concomitant à l'envoi sans préavis du croiseur Emira Fauzia à Tunis, participe à l'accroissement des tensions entre les deux pays (articles 21 et 22).
Le passage de troupes françaises par le canal de Suez à destination de l'Indochine est également source de frictions, de nombreux incidents éclatant entre les soldats français et les autorités égyptiennes (article 45).
Malgré des relations parfois houleuses, la France joue un rôle non-négligeable dans le développement industriel de l'Égypte. De nombreuses sociétés françaises sont présentes sur le territoire et plusieurs sont sollicitées pour mettre en œuvre les grands projets hydroélectriques dans la vallée du Nil (articles 53 et 79).
Pour ce qui concerne les questions administratives et juridiques, notons que l'année 1949 marque la fin véritable des capitulations héritée de la période ottomane la période transitoire de 12 ans prévue par le traité du Montreux de 1937 arrivant à son terme. Les pays signataires de ce traité, au rang desquels la France, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, cherchent dès lors à négocier de nouvelles conventions d'établissement garantissant des droits pour leurs ressortissants (articles 71 et 72).

Cote :

213QO/1-213QO/87

Inventaire d'archives :

Levant / Egypte

Informations sur le producteur :

Direction d'Afrique-Levant, sous-direction Levant

Informations sur l'acquisition :

versement administratif

Description :

Critères de sélection :
L'équivalent de trois boites cauchard de doublons a été éliminé lors du classement.
Mise en forme :
Les dossiers Égypte correspondent aux cotes K du cadre de classement de la sous-direction Afrique-Levant en vigueur jusqu'en 1972. Ils ont été communiqués jusqu'en juin 2019 sur la base d'un état de versement provisoire sous les cotes 213QONT/115 à 146, avant de faire l'objet d'un reclassement à l'article en juillet 2019 selon un plan chrono-thématique.

Conditions d'accès :

Libres

Conditions d'utilisation :

Libres

Langues :

français, anglais, arabe.

Description physique :

87 articles

Ressources complémentaires :

Répertoire numérique détaillé par Adrien Sémon, stagiaire, sous la direction de Séverine Blenner-Michel, conservateur en chef du patrimoine, La Courneuve, juillet 2019, 18 p. Voir l'instrument de recherche .

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Où consulter le document :

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

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