Document d'archives : Un enseignant arrivé depuis peu à Beyrouth, parle des relations franco-libanaises au Lycée Franco-Libanais de Beyrouth (Liban)

Contenu :

Au moment de l’enregistrement, le jeune homme de 35 ans est arrivé il y a 4 mois à Beyrouth, au Liban. Cela fait 7 ans qu’il vit à l’étranger. Il a vécu en Allemagne en tant qu’étudiant, à Saint Domingue en tant que coopérant militaire et professeur de Français langue étrangère, au Mexique en tant que civil professeur de Français langue étrangère et de philosophie. Ce sont ces matières qu’il enseigne également depuis son arrivée au Lycée Franco-Libanais de Beyrouth. Il est agrégé, détaché de l’éducation nationale et détaché du ministère des affaires étrangères. Depuis qu’il est arrivé, il vit dans le quartier francophone d’Achrafieh. Il dit n’avoir rencontré aucun problème matériel lors de son installation au Liban, même s’il regrette un accueil timide au Lycée franco-libanais de Beyrouth. Pour lui, voyager à l’étranger est un choix qui est plus aisé à réaliser pour un célibataire, même si s’éloigner de son entourage et du monde universitaire français est un inconvénient. Il ne sait pas encore quand il décidera de rentrer en France, peut-être dans 3 ou 4 ans. Il confie au chercheur ne pas aimer particulièrement voyager, dans le sens où il n’a jamais profité de ses longs séjours à l’étranger afin de visiter les alentours. Au Liban, il souhaite découvrir les pays du Moyen-Orient comme la Turquie et la Syrie. Concernant ses relations, il en entretient peu avec les Français de France. Il ne participe pas à des manifestations culturelles françaises car il ne voudrait être enfermé dans un réseau de fréquentation. Au contraire, il souhaite connaître certains Libanais qu’il a rencontrés chez des amis français. Le jeune enseignant parle ensuite de ses collègues libanais qui se sont mis en grève à 2 reprises, la première fois contre l’administration française de l’établissement et la deuxième contre le gouvernement libanais. Il mentionne son amitié avec un collègue libanais, avec qui il a beaucoup de points en commun (son origine n’est pas importante aux yeux de l’homme) et avec qui il discute du rapport des Libanais avec le Lycée franco-libanais, à la fois perçu comme un instrument de l’impérialisme français et à la fois comme un établissement élitiste et honorifique symbolisant la présence française. L’enseignant décrit comment l’élite libanaise se distingue par la perte de son identité culturelle arabe et son mépris envers les autres classes sociales. Il parle d’une obsession libanaise sur les carrières en droit ou en médecine et, d’après lui, les étudiants libanais reçoivent une pression de la part de leur famille. Le Lycée franco-libanais permet d’accéder à un double diplôme, français et libanais. De manière générale, les Libanais développent des affinités divergentes, soit avec la culture palestinienne, soit avec la culture française. Pour lui, il est évident qu’une culture arabe persiste au Liban mais il se demande si les Libanais ne cherchent pas une nouvelle identité. Il explique comment la culture arabe s’est développée au Liban puis a été refoulée par l’impérialisme français. L’homme insiste sur le fait que l’élite fréquentant son lycée n’est pas l’élite économique mais culturelle et intellectuelle du Liban. Pour lui, les Américains prennent le relais au Liban. L'École Supérieure des Lettres (ESL) qui formait le noyau intellectuel de l’opposition libanaise, qui dénonçait paradoxalement la présence française, est à présent fermée. La politique française n’est pas assez élaborée selon lui. La France bénéficie d’un certain prestige mais il ne croit pas qu’il y ait une demande libanaise de la culture française. Pour lui, les chrétiens maronites cherchent un appui en Occident et ils ont donc recours à la France. L’enseignant insiste sur le prestige intellectuel et culturel de la France, sur le lien entre l’université et l’idéologie humaniste, en tant que courant majoritaire. Il questionne le rôle de l’enseignement de la langue française comme véhicule culturel nécessaire au développement du Liban. Pour lui, le Liban est un pays où beaucoup d’influences étrangères se heurtent et cela depuis des siècles. La fin de l’entretien est tourné vers la situation économique de l’informateur, qu’il juge très confortable. L’entretien se transforme en discussion autour du cloisonnement de la communauté française au Liban.

Cote :

F3462

Inventaire d'archives :

Fonds Jean Métral

Description physique :

Information matérielles :
1 bde
Importance matérielle :
Durée : 1 h 30 min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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