Document d'archives : 1853-1949

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Si le plus ancien document remonte au mois de mai 1853, la correspondance arrivée-départ du consulat de France à Hong Kong ne commence véritablement qu'à l'ouverture de celui-ci, fin 1862.
À l'exception des articles 39 à 52, portant soit sur des affaires maritimes (navires de commerce et navires de guerre), soit sur des dossiers personnels, administratifs et de correspondance de particuliers avec le consulat, le contenu des 38 premiers articles de la série, couvrant la période 1857- 1941, se répartit ainsi :
Courrier arrivée
Il concerne la correspondance adressée, tous sujets confondus, au consulat de France à Hong Kong par l'un ou l'autre de ces organismes :
- le ministère des Affaires étrangères, appelé « Département » par les diplomates (articles 1 à 4),
- la légation de France à Pékin, qui devient ambassade à partir de 1937 (articles 14 à 18),
- les autres consulats de France en Chine ou dans des pays de la région, tels Singapour, le Japon et les Philippines (articles 19 à 22 et 24),
- le Gouvernement général de l'Indochine (articles 25 à 27, 30 et 35 à 38),
- le Gouvernement de la Cochinchine (articles 31 et 32),
- le Territoire à bail de Kuang Tcheou-wan (article 36).
Courrier départ
Il concerne toute la correspondance adressée par le consulat aux destinataires susmentionnés (articles 5 à 13, 16 à 17, 23 à 24, 27, 28 à 30, 33 à 35, 37 à 38).
Dans cette catégorie, plusieurs « vides », a priori inexplicables, sont à relever, couvrant les années suivantes :
- 1876 à 1878 dans la correspondance avec le Département,
- 1883 à 1890, 1895 à 1911 et 1937 dans la correspondance avec les autres consulats de la région.
N.B : Dans plusieurs cas (ex : articles 18, 24, 27, 30, 35 et 37-38), le même peut carton peut contenir à la fois un courrier arrivée et un courrier départ.
Intérêt historique
Histoire politique
Si l'on fait abstraction de sa volumineuse composante d'ordre administratif, cette série présente un intérêt certain sur le plan historique, non seulement sous l'angle des relations franco-chinoises du milieu du XIXe siècle au début de la Deuxième Guerre mondiale, mais aussi par sa dimension indochinoise. La période couverte correspond aux moments les plus sombres de l'histoire de la Chine à l'aube du XXe siècle. C'est l'époque de l'« homme malade de l'Asie », de son dépècement (break up en anglais) par les puissances (sur fond de rivalité entre ces dernières, en particulier entre la France et l'Angleterre, d'où l'expansion coloniale en Indochine de la première pour contrecarrer le poids prédominant de la seconde en Extrême-Orient). C'est aussi l'époque de la « politique de la canonnière » pratiquée par ces mêmes puissances, la France n'étant pas la dernière à y recourir pour défendre ses nationaux et, parmi eux, les missionnaires et religieuses, comptant parmi les plus nombreux en Chine, du moins pour l'Église catholique et, partant, les plus exposés à des vagues de persécutions et de flambées de xénophobie récurrentes. C'est enfin une période d'instabilité endémique dans l'Empire du Milieu moribond et, les trois décennies suivant sa chute seront celles d'une guerre civile quasi permanente que viendra mettre en veilleuse, pour quelques années, l'invasion de la Chine par son puissant voisin japonais.
Parallèlement, c'est l'époque où les « affaires tonkinoises », puis la naissance de l'Indochine française suite à la guerre entre la France et la Chine, occupent une place importance dont on peut trouver un témoignage éloquent aux articles 5, 6 et 16. Il en va de même de ce que les diplomates français qualifiaient, au début du siècle écoulé, de « menées des rebelles annamites ». Sur ce sujet, les articles 3, 4, 12 et 13 apportent de précieux renseignements sur la manière dont lesdits « rebelles », au nombre desquels un certain Ngyuen Ai Quoc, plus connu sous le nom de Ho Chi Minh, firent l'objet d'une surveillance quasi policière de la part de certains consuls, Gaston Liébert, à Hong Kong, comptant parmi les plus zélés d'entre eux.
Mais il est un autre aspect, non négligeable, du dossier « tonkinois » (auquel il faudrait ajouter les affaires siamoises dans les années 1890 et au début du XXe siècle) et de celui, plus vaste, des relations franco-chinoises durant la période qui nous concerne : ces sujets ont donné lieu à de vives réactions anti-françaises dans la presse (tant l'anglophone que celle de langue chinoise) de Hong Kong dont on pourra trouver un bon aperçu aux articles 8, 9, 10 et 13.
Affaires maritimes / Dossiers coolies et piraterie
Compte tenu de l'importance stratégique, du point de vue géographique, de Hong Kong, il n'est pas surprenant que les affaires maritimes, au sens le plus large de l'expression, occupent une place de tout premier plan dans cette série. Outre les neuf articles (39 à 47) qui lui sont spécifiquement dédiés, ce dossier alimente un abondant courrier dans les autres cartons, soit sur des affaires de marine marchande (ex : naufrages, avaries, décès en mer de matelots français, désertions de matelots, actes d'indiscipline à bord de navires français, francisation de bâtiments étrangers, comptes-rendus sur l'activité des ports de Hong Kong et de Macao, développement du réseau des Messageries Maritimes, anciennement appelées Messageries Impériales, etc.), soit sur des questions d'ordre militaire (mouvements dans la région ou visites à Hong Kong de bâtiments de la Division navale d'Extrême-Orient).
Une place à part doit être faite pour deux thématiques récurrentes l'une et l'autre dans la correspondance. Il s'agit, d'une part, du recrutement et du transport de coolies chinois, principalement à partir de Macao, d'autre part, de la piraterie maritime dans les eaux environnant la colonie britannique et fluviale (delta des Rivière des Perles et Rivière de l'Ouest dans les provinces du Guangdong et du Guangxi).
Le dossier coolie se subdivise en deux parties de nature tout à fait différente :
- La première a trait à l'expédition de travailleurs chinois, notamment sur des navires français, candidats plus ou moins volontaires à l'émigration pour des destinations telles que Cuba, le Mexique, l'Amérique du Sud, l'ex-Guinée espagnole, l'ancienne Afrique Équatoriale Française, Madagascar, La Réunion, Tahiti ainsi que les Indes Néerlandaises. Sur ce sujet, on consultera avec profit les articles 1, 2, 5, 6, 7, 9, 12, 14, 15, 16, 17, 19, 20 et 38.
Il est significatif que la correspondance entre la légation de France à Pékin et le consulat de France à Hong Kong débute par une dépêche en date du 25 février 1856, adressée par la légation au consulat et ayant trait à une circulaire du 25 février 1856 sur les coupables abus auxquels l'émigration chinoise avait donné lieu (article 14).
- La seconde partie se rapporte au recrutement, par les gouvernements anglais et français, de travailleurs chinois envoyés en France pour « œuvrer à l'effort de guerre » pendant le premier conflit mondial. Cet épisode peu connu a pour point de départ la mission effectuée en Chine en 1916 par le lieutenant-colonel Truptil en 1916. Sur ce sujet, voir les articles 12, 14, 15, 16 et 21. En tout état de cause, la longueur des opérations de rapatriement, qui durèrent de 1919 à 1922 et ne furent pas exemptes d'incidents, donne une indication sur le nombre de Chinois qui en firent l'objet (le chiffre de 140 000 « travailleurs » envoyés en France entre 1916 et 1918 est généralement cité).
Sur la piraterie maritime, ou fluviale en Chine du sud (en particulier sur la Rivière de l'Ouest et dans le détroit de la Rivière des Perles), on trouvera de précieuses informations aux articles 1, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 15, 16, 17, 19, 20, 22 et 38. Là aussi, la liste est longue (une centaine de documents) et, à l'occasion, sanglante, le cas le plus ancien portant sur le massacre, par des pirates chinois, du capitaine d'une goélette française en 1860 dans les environs de Hong Kong (article 19). La rubrique « Piraterie maritime » se poursuivra jusqu'au début des années 1930 avec une fréquente mention de celle perpétrée dans les eaux de Bias Bay, au nord-est de la colonie, haut lieu de ce fléau endémique et ce, nonobstant les opérations de nettoyage itératives rondement menées par des canonnières de sa Gracieuse Majesté.

Cote :

276PO/1/1-70

Informations sur le producteur :

Consulat de France à Hong Kong
Un décret signé par l'empereur Napoléon III le 28 juillet 1862 a institué un consulat de France à Hong Kong. Traduisant l'importance croissante qu'était en train de prendre la colonie anglaise, fondée en 1841, dans le commerce en Extrême-Orient, cette décision s'inscrit dans le contexte de la politique asiatique de la France inaugurée par la mission du ministre plénipotentiaire Théodose de Lagrené en Chine, laquelle allait se concrétiser par la signature du traité franco-chinois de Whampoa de 1844, ouvrant le commerce français à cinq ports chinois. Elle marque également un nouveau chapitre dans l'histoire du réseau diplomatique et consulaire français en Chine, jusqu'alors centré autour d'une légation itinérante, entre Canton et Macao, avant de s'installer à Pékin en 1858. Ce réseau se limitait à Hong Kong à la présence d'un simple vice-consulat, ouvert en 1849, et où se succédèrent l'homme d'affaires américain George-Louis Haskell, le consul de Suède et de Norvège N. Duus, le négociant français Albert Vaucher et le consul d'Espagne José d'Aguilar. On notera que les intéressés, qui exerçaient la charge de vice-consul à titre bénévole, n'avaient pas qualité pour représenter les officiers de l'état civil.
Le premier consul de France, Ernest-Napoléon Godeaux, qui prit ses fonctions le 1er décembre 1862, était un jeune diplomate de carrière âgé de seulement 29 ans. Jusqu'au 9 mars 1942, date de sa fermeture sur ordre des troupes d'occupation japonaises, le consulat de France à Hong Kong a vu se succéder quelque 59 « chefs de poste », soit ex officio (au nombre de 26), soit en qualité de gérants (33). La durée de ces gérances a varié de deux mois pour la plus courte d'entre elles à presque trois ans pour la plus longue. Dans la première catégorie, l'écart est encore plus grand entre le record de brièveté détenu par le consul Gustave Delongraye (mars-juin 1880) et les 9 années de service cumulées par Gaston Liébert entre 1901 et 1914.
A titre anecdotique, on notera que le diplomate et écrivain Paul Claudel a invoqué des raisons personnelles pour refuser, en 1902, la promotion qu'aurait représenté pour lui le poste de Hong Kong alors qu'il venait de passer plusieurs années à la tête du consulat de France à Fou-Tcheou (l'actuel Fuzhou, en Chine méridionale).

Informations sur l'acquisition :

Rapatriement du poste (élevé au rang de consulat général au début des années 1950) à la Direction des Archives entre juin et août 1961. Il s'agissait d'un envoi de 25 « paquets » couvrant la période 1853-1945. Ces archives ont été transférées de Paris à Nantes en 1981 et 1987.
Lors du classement de cette ensemble, devenu série 1 du fonds du consulat, en 2009, quelques dossiers antérieurs à 1945 conservés dans la série 2 du fonds (ancienne série A couvrant la période 1938-1977, rapatriée en 1994) y ont été intégrés.
Historique de conservation :
Le seul événement marquant au cours de la période concernée est la fermeture du consulat, le 9 mars 1942, au début de l'occupation de la colonie britannique par l'armée japonaise. Le 13 juin 1942, Louis Reynaud, consul de France jusqu'à cette date, a remis à son collègue Philippe Simon, alors consul à Canton, les archives secrètes ainsi que les tables de chiffre du consulat. Le reste des archives (18 caisses) a été entreposé, apparemment sans avoir subi de dégâts notables, dans l'agence hongkongaise de la Banque de l'Indochine jusqu'à la reddition du Japon en août 1945 et à la réouverture du consulat, le mois suivant.

Description :

Évolutions :
Série close.
Critères de sélection :
Aucune élimination n'a été pratiquée après rapatriement.
Mise en forme :
Suivant le plan de classement en usage dans le poste jusqu'en 1942.
Premier état de versement de la série réalisé en 2003 (52 articles).
Rédaction d'un nouvel instrument de recherche (répertoire numérique détaillé muni d'une introduction) en 2009 (66 articles).
Mise à jour par intégration de quelques dossiers dans divers articles et ajout des articles 67-70 (vrac tiré de la série 2 en 2009, cf. notes infrapaginales) en décembre 2016 (deux dossiers provenant de ce vrac ont été réintégrés dans le fonds de l'ambassade de France à Pékin : mission de Georges Soulié en Chine (1917-1918, réintégré en 513PO/A/605 bis) et Territoire du Kouang Tchéou Wan (1899-1923, réintégré en 513PO/A/293 bis)).

Conditions d'accès :

Les documents sont soumis aux délais de communicabilité des archives publiques.

Conditions d'utilisation :

La reproduction est libre pour les documents communicables sous réserve du respect du règlement de la salle de lecture.

Langues :

Français (quelques pièces en anglais, chinois et portugais).

Description physique :

Le fonds se compose de 70 articles et mesure 6,90 ml.

Ressources complémentaires :

Répertoire numérique détaillé rédigé par François Fensterbank (août 2009).
Mise à jour (réintégrations et ajout des articles 67-70) par Noémie Trichet, stagiaire en Master I Histoire et document, parcours archives à l'Université d'Angers, encadrée par Bérangère Fourquaux, conservateur du patrimoine (décembre 2016).

Références bibliographiques :

BENSACQ-TIXIER Nicole, Dictionnaire du corps diplomatique et consulaire français en Chine, 1840-1911, Paris, Les Indes Savantes, 2003.      [CADN, Usuels MAE 15]
BOOTHROYD Ninette, DÉTRIE Muriel, Le voyage en Chine. Anthologie des voyageurs occidentaux du Moyen Âge à la chute de l'empire chinois, Paris, Laffont, 1992.      [CADN, 8°6580]
Centre de recherches sur l'histoire du monde atlantique, La France en Chine (1843-1943), Nantes, Ouest-France, 1997.     [CADN, 8°3787]
 

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Centre des archives diplomatiques de Nantes

Où consulter le document :

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

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