Document d'archives : Un agent retraité de la mairie de Fontan témoigne à propos des événements survenus dans le village entre les années 1930 et 1950

Contenu :

Née en 1924, l'informatrice est originaire de Fontan. Après une enfance heureuse, l'informatrice obtient son certificat d'étude et part étudier à Nice. Jusqu'en 1939, les villageois vivaient principalement des produits de l'agriculture (blé, pommes de terre). Fontan étant à l'époque un village frontière, il y avait une brigade de gendarmerie et de douane. Le père de l’informatrice travaillait à la centrale électrique et la vie au village était très animée grâce aux nombreux commerces de proximité et aux artisans. En 1939, ses parents sont évacués en camion vers Nice où ils doivent se débrouiller comme ils peuvent. Lorsque les fontanais rentrent chez eux après l'évacuation, certaines maisons ont été pillées. Il n'y a plus de poste ni de gendarmerie. En 1943, l'occupation italienne se termine (la langue de communication obligatoire est l'italien). A partir du 8 septembre 1943, l'administration française récupère le village et les infrastructures sont réhabilitées (mairie, gendarmerie, douane). Lorsque les allemands arrivent en 1944, les fontanais sont brutalement réquisitionnés (main d'oeuvre, nourriture, maisons). L'informatrice se souvient de quelques résistants italiens qui se sont fait fusillés. Bombardés, les habitants se réfugient dans les tunnels ou dans les caves (deux morts à cause d'explosion d'obus). Les conditions de vie étaient très difficiles. Pour se ravitailler, les villageois se rendaient à pied à Tende où ils pouvaient acheter à manger. Les fontanais font preuve de beaucoup de solidarité et parviennent à subsister grâce à leurs cultures. Les routes, les chemins de fer et les voies de communication sont détruits. L'informatrice considère la période allemande sous le signe de l'occupation alors que l'occupation italienne était plutôt une annexion (chants fascistes italiens, inscriptions dans les maisons). Elle garde de cette période de très mauvais souvenirs (solitude, faim). En avril 1945, le village est libéré par le régiment des tirailleurs algérien et le village est peu à peu reconstruit. L'informatrice part à Nice et revient à Fontan en 1946 avec son mari, qui est embauché à l'usine électrique. En 1947, lors du rattachement de Tende et de La Brigue à la France, la situation est difficile (fermeture des commerces, exode rural). Même si cela a provoqué des bouleversements dans l'organisation du village, le rattachement n'a pas trop marqué les esprits car la guerre venait de se terminer. C'est surtout le déplacement des frontières de 1940 qui a été pénible (il fallait passer 4 postes frontières avec un passeport pour relier Fontan à Nice). Mais en général, les relations entre saorgiens et fontanais ou les relations entre italiens et français étaient plutôt bonnes. Pour aller à la messe, les fontanais partaient à pied jusqu'à Saorge. A partir des années 1950, les routes sont reconstruites et la vie reprend son cours. L'informatrice est alors employée à la mairie.

Cote :

MMSH-PH-3004

Inventaire d'archives :

Archives de la MSHS Sud-Est

Conditions d'accès :

Consultation sur place.

Conditions d'utilisation :

Réutilisation sur autorisation.

Description physique :

Information matérielles :
2 fichiers numériques (WAVE 44.1 khz - 16 bits)
Importance matérielle :
Durée : 56min

Ressources complémentaires :

Transcription.

Type de document :

entretien

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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