L'informatrice, épouse d'employé des Forges et Chantiers navals de La Seyne-sur-Mer, est aussi, belle-fille et mère d'employés de ces Chantiers. Cinq générations se sont succédées aux Chantiers. Elle a deux enfants : un de ses fils a fait toute sa carrière aux Chantiers navals en tant qu'électricien, l'autre a travaillé en banque en tant que comptable. D'origine paysanne, ses parents vivent durement et éduquent sévèrement les enfants. Ainée de 9 enfants, elle doit assurer son rôle d'ainée. Elle obtient un CAP de couture et un Brevet (BEI) des collèges, en 1936-1937. Mais après ses études, alors qu'elle veut se mettre à son compte, sa mère lui ordonne de prendre la place de la bonne dans la famille et fait tous les travaux ménagers. C'est alors qu'elle rencontre son mari à une noce. Très chrétiens, ils vont tous les dimanches à la messe et participent à de nombreuses activités patronales : son mari participe à la crèche vivante chaque année, elle prend deux ans la tête de l'Action Catholique, ils respectent les fêtes religieuses (Sainte-Anne, Sainte-Madeleine) qui sont en outre des occasions de musique et de restaurants. Son mari entre aux Chantiers navals de La Seyne-sur-Mer à 15 ans en tant qu'apprenti, puis il progresse au bureau d'étude en tant que dessinateur. Il part à la guerre et revient en mai 1940 après avoir été démobilisé. Il est mis au Bureau des projets où il fera des devis en électricité toute sa vie. Il apprend l'anglais seul et l'utilise à son travail. Il fait du théâtre et de la chanson avec des collègues et des représentations au Rex. Il progresse dans la hiérarchie, devient cadre et continue d'évoluer jusqu'à sa retraite en 1973. Il meurt en 1978 d'un cancer des poumons foudroyant sans doute du à l'amiante. L'informatrice était fière de son mari. Elle allait régulièrement aux lancements des bateaux, dont elle garde un souvenir très ému : bruit des chaînes, le prêtre qui bénit le bateau accompagné des enfants de chœur, la foule. Ils s'habillaient pour l'évènement. Les prêtres ouvriers très présents étaient très appréciés par son mari. Le salaire de son mari était correct, elle tenait les rênes du ménage et dépensait avec parcimonie, elle allait au marché, faisait tous leurs vêtements, parfois ceux des amis aussi. Ils avaient des loisirs simples et, sans voiture, ils se déplaçaient à pied ou en tramway et sortaient rarement. En été, ils partaient en vacances dans les gorges du Verdon, avec des amis, ou à la plage. Son époux faisait des horaires blocs : 6 h 14 h (juin à août) et pouvait donc profiter de l'après-midi aux Sablettes. L'informatrice a également eu une vie sociale remplie :"Les collégiennes de l'âge d'or", d'anciennes amies de l'école, ou encore "Les amis de la Seyne". Après le décès de son mari, elle continue d'avoir une vie sociale et garde de beaux souvenirs de la vie des Chantiers navals de La Seyne-sur-Mer.