Document d'archives : Une femme d'entre 60 et 70 ans, d'origine kabyle kabyle, raconte mariage dans les années 1940

Contenu :

Faouzi Adel s’entretient avec sa mère à propos de l’histoire familiale. Elle raconte que son père à elle travaillait avec le cadi notaire et s’occupait du partage des biens entre les héritiers (faridha). La famille habitait dans les environs de Sétif, dans la maison des grands-oncles paternels. L’informatrice raconte comment elle a été choisie comme épouse par son mari (père de l’enquêteur) : originaire du même village (dachra) que lui, elle a été repérée lors d’un mariage par sa belle-famille, qui a demandé sa main, alors qu’elle était très jeune et qu’elle ne connaissait pas son futur mari personnellement. Les deux familles ont fait plusieurs alliances. Le père de l’informateur était instruit et avait été formé par son propre père. Sa mère était instruite également. Au début, la famille de l’informatrice aurait refusé la demande car le prétendant était trop pauvre. Le mariage a eu lieu en 1943. L’informatrice décrit les cadeaux qui ont été échangés lors du mariage : des bijoux, des denrées, de la viande, des tenues pour les beaux-parents. Quant à l’attitude des familles repesctives des époux, l’informatrice explique que la famille de la mariée se montre triste de voir partir une de leurs filles, tandis que la famille de l’époux exprime sa joie. Elle explique également que la jeune mariée ne peut pas retourner voir sa famille avant une année, afin qu’elle puisse se concentrer sur son nouveau foyer. Elle décrit encore des cadeaux (en particulier de la nourriture) qu’elle a reçus de sa famille suite à son mariage, lors de son premier accouchement et à l’occasion des fêtes religieuses. A propos de la vie en commun avec ses beaux-frères, elle raconte qu’ils partageaient tous la même cuisine mais que chacun avait sa propre marmitte et sa vaisselle, et qu’ils faisaient le ménage à tour de rôle. La cohabitation a duré trois ans et a pris fin à cause de conflits nés entre les différentes familles de la maison. Le ménage (l’informatrice, son mari et leurs enfants) était logé dans une seule pièce. Le père de l’enquêteur était enseignant. Il a quitté son poste suite aux émeutes [de 1945], a ouvert un commerce, puis a repris l’enseignement et est parti en formation en France, laissant son épouse avec peu d’argent. L’informatrice explique que c’est à cette époque qu’elle a commencé à effectuer des travaux de couture. Elle mentionne ensuite quelques différences entre les Kabyles et les gens de Sétif, les Kabyles étant économes et s’éloignant du faste. Selon elle, les femmes n’avaient même pas le droit à une sage-femme pour leur accouchement. En fin d’entretien, les interlocuteurs évoquent la terre, très fertile (olives, raisin « lahmar bouamar »), mais que le père de l’enquêteur n’avait pas le temps de travailler. Ils mentionnent également la cousine de l’informatrice, mariée à 15 ans à un bachaga âgé de 75 ans. Après la mort de son mari, sa belle-famille lui aurait interdit de se remarier. Elle aurait toute de même accepté une demande en mariage au bout de trois ans et serait partie habiter en France.

Cote :

F4251, F4252, F4253, F4254

Inventaire d'archives :

Fonds Faouzi Adel

Langues :

arabe

Description physique :

Information matérielles :
4 cassettes audio
Importance matérielle :
Durée : 3h 11min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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