Document d'archives : Une famille piémontaise décrit son activité charbonnière sur deux générations

Contenu :

Une famille originaire du Piémont, nous parle de l’activité charbonnière. Le père, originaire de Bergamo en Italie, a commencé à faire du charbon en Haute-Marne quand il avait 12 ans, puis il est venu dans le Vaucluse à l’âge de 17 ans et demi. Il travaillait sur un chantier et a ensuite été embauché comme bûcheron pour régulariser sa situation. Il a effectué divers travaux dont le travail comme domestique, le travail à la mine, le charbon, la coupe du bois, la rusque (15 mai au 15 juillet, travail pour les tanneries) ou encore la vente de moissoneuses-batteuses. Il détaille la construction de charbonnières telles qu’il les fabriquait, qui pouvaient aller jusqu’à 6 mètres de haut. Il transportait le bois avec une fourche, un traîneau ou bien directement sur l’épaule. Les emplacements des charbonnières étaient souvent ceux où d’autres avaient déjà été faites, mais il fallait certaines fois le préparer soi-même et donc choisir un endroit plat et peu venté. C’était une activité réservée aux hommes, qui étaient dispersés en groupes et restaient parfois 2-3 mois sur le même emplacement. Il explique quel type de bois est propice au charbon, quelles étaient les réglementations, mais aussi toutes les étapes qui interviennent dans la cuisson du charbon. L’informateur construisait ses charbonnières ''en meule'', sans guide, en commençant directement par la cheminée carrée. Selon lui, les charbonnières en marmites sont faites à Gordes, par les Corses. La charbonnière devait être légèrement penchée car ''le feu travaille beaucoup plus d’en haut''. Deux façons de faire les charbonnières sont expliquées : en plaçant les bouts de bois ''en quatre'' ou ''en triangle''. Il faisait du charbon toute l’année, sauf l’hiver où il coupait surtout du bois. Pour lui, la meilleure période pour faire du charbon est entre avril et septembre parce que ''le feu travaille proprement'', le reste de l’année, il est humide. Les sacs de charbon, appelés ''couffes'' restaient ouverts et contenaient entre 50 et 55kg de charbon. Une fois la mise en sac, le patron venait avec des camions et s’occupait de vendre le charbon sur Marseille, surtout utilisé pour la nourriture. L’informateur nous parle de ''l’amadou''(qui poussait sur du bois pourri)et risquait de prendre feu même 10 jours après la fin de leur cuisson. Après qu’une charbonnière ait brûlé, aucun arbre ne pousse, mais la terre est réputée être bonne pour les légumes. Certains y plantaient leurs choux, d’autres récupéraient de la terre pour leurs propres cultures, et des fraises y poussaient souvent. Les dernières charbonnières qu’il a faites sont à Meulette à 1100 m d’altitude, où il a brûlé 6000 mètres de bois et rempli 18 camions. Le charbon a servi pour le ''gazogène''. La femme de l’informateur nous indique qu’il faisait entre 10 et 11 qualités de bois pour les mines, et chaque bois était empilé de façon différente. Beaucoup de charbonniers étaient Piémontais. La plupart du temps, ils dormaient dans une cabane en pierre ou en branches-mousse et carton goudronné pour le toit, qu’ils construisaient eux-mêmes. Ils possédaient quelques chèvres, et ont vécu de braconnage pendant la guerre, lorsqu’ils n’avaient pas assez à manger. L’histoire des charbonniers, selon la fille de l’informateur, aurait commencé avec les Allemands qui faisaient du charbon pour l’utiliser dans les fonderies. Elle semble assez documentée sur le sujet et a apparemment construit des charbonnières par la suite, mais de tailles plus petites que celles de son père. Un passage raconté par la femme de l’informateur nous donne quelques indications sur l’éducation et le travail des enfants. Elle raconte que les enfants de familles italiennes qui ne pouvaient pas payer l’école, cherchaient à obtenir une carte de travailleur à 14 ans. Les Italiens n’étaient pas toujours les bienvenus en France, mais selon la fille des informateurs, ils ont peuplé une grande partie de la France et certaines villes comme Arc-en-Barois comptent 60% de population d’origine italienne.

Cote :

MMSH-PH-4075

Informations sur l'acquisition :

Dépôt : 2012-03 (Salagon)

Conditions d'accès :

Contrat d'autorisation et de diffusion signé par l'informateur et l'enquêteur autorisant la diffusion en libre accès sur un réseau de partenaires.

Langues :

Italien. La forca: fourche pour porter le bois, la traina: traîneau pour porter le bois. L’informateur (père) emploie le mot ''boustifaille'' pour parler de la nourriture, c’est-à-dire l’utilisation première du charbon.

Description physique :

Information matérielles :
1 cassette audio
Qualité sonore de l'enregistrement : bon
Importance matérielle :
Durée : 37min

Ressources complémentaires :

Fiche descriptive du Musée de Salagon.

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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