Document d'archives : Un chercheur politiste, spécialiste de la questions des réfugiés palestiniens, fait le point sur les conditions de recherche à...

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Un chercheur politiste, spécialiste de la questions des réfugiés palestiniens, fait le point sur les conditions de recherche à l’Institut français du Proche-Orient

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Jalal al-Husseini est enregistré alors qu’il est à Aix-en-Provence pour présenter une intervention dans le cadre de l’ANR EXIMIG. L’entretien, circonstantiel, n’a pas été anticipé par le témoin et il débute lentement pour ensuite impliquer le témoin vers ce qui lui tient à cœur, son travail en tant que chercheur associé à l’Ifpo Amman, croisé avec ses éléments biographiques ; en particulier l’histoire de son père, sur lequel il revient à plusieurs reprises au cours de l’entretien. Ce dernier est né à la fin du XIXème siècle (le témoin donne la date de 1892) en Palestine. Il a rencontré la mère du témoin en Suisse, alors qu’elle travaillait en tant que infirmière (il utilise le terme de "nurse"), et que lui-même accompagnait le Roi d’Arabie Saoudite dont il était le conseiller. Ses parents parlaient anglais entre eux, aussi le français est sa langue maternelle, mais il est aussi locuteur de l’anglais. Il a vécu 12 ans au Liban avant de revenir en Suisse, à cause de la guerre civile. Sa scolarité se passe alors à Genève où il va s’intéresser aux relations internationales et soutenir une thèse en 2003 [Note de l’archiviste : litre de sa thèse Dimensions politiques locales de l'assistance humanitaire : l'Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) dans le cadre de la construction nationale palestinienne.]. Son terrain de thèse sur les réfugiés palestiniens le mène à Amman au début des années 2000, suite à une rencontre avec Riccardo Bocco. Il y habite désormais et y a rencontré son épouse Myriam Ababsa, qui au moment de l’entretien est également chercheure au sein de l’Ifpo. Il signale qu’à côté de son statut de chercheur associé, il intervient régulièrement en tant que consultant pour des ONG. Tout au long de l’entretien, il insiste sur les difficultés de la temporalité de la recherche, centrée sur la rédaction d’articles, de synthèses ou d’évaluations qui l’empêchent de se lancer dans des projets de publications plus ambitieuses, comme l’édition de sa thèse qu’il n’arrive pas à mener à bien. A l’époque de l’Ifapo, il témoigne de rivalités qui pouvaient être brutales entre les chercheur·e·s archéologues, en particulier en lien avec le site archéologique de Jerash ; tout cela s’est apaisé avec la création de l’Ifpo, car la réunion de tous les membres de l’institut sur projet commun a permis d’améliorer les relations entre les chercheur·e·s, les doctorant·e·s et l’ensemble du personnel. Bien sûr, des querelles peuvent parfois émerger, en particulier avec les jeunes docteur·e·s qui ne connaissent pas encore les codes. Il rappelle au passage, que la cohabitation entre les personnels locaux et venus de France est cadencée par des différences très prononcées, qu’il s’agisse des salaires, des durées de contrat ou des installations matérielles. Il insiste sur le manque de ressources documentaires académiques dans les bibliothèques d’Amman comme d'ailleurs dans celle du site de l’Ifpo. Il se trouve dans un véritable désert scientifique. Interrogé dans le bureau de la phonothèque de la MMSH, le témoin par association d'idée, intervient sur sa démarche de collecteur de témoignages. Il confie que son environnement n’est pas propice au versement de ses propres entretiens enregistrés. C’est avec d’ailleurs avec une certaine nostalgie et une forme d’agacement qu’il ajoute qu’aujourd’hui, se procurer des outils de lecture de cassettes audio est une vraie chasse au trésor. Selon lui, en Jordanie aucun moyen n’est mis en œuvre pour la conservation des ressources documentaires et leur accès. L’engouement à l’égard des archives est totalement différent de celui des européens, accentué par l’absence de financements. Certes, plusieurs tentatives d’archivage ont vu le jour sur le patrimoine palestinien mais concrètement, rien de décisif ne se dessine. Il termine par une note positive, en reconnaissant que l’époque est animée par des processus de paix qui interrogent en profondeur les questions de migration, des problématiques qui étaient le socle porteur du CERMOC et qui, aujourd’hui, sont toujours des thématiques porteuses.
Jalal al-Husseini est enregistrée par Véronique Ginouvès à Aix-en-Provence

Cote :

MMSH-PH-7739

Description physique :

Importance matérielle :
Durée : 1h 27min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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