Document d'archives : 21 mars-19 mai 1916 : au front, dans la Marne (26 lettres + 1 carte postale).

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Parti le 20 mars de Nantes, Eugène arrive à Suippes (Marne) le 23. Affecté en fait au 65e régiment d'infanterie de ligne, à la 8e compagnie, il est alors à 7-8 km du front (23 mars). Le 26, de renfort de première ligne, il note : " la nourriture est bonne et chaude car on fait la cuisine même en première ligne, ce qui est très étonnant… jusque-là on n'est pas trop canardés… nous sommes où cela a chauffé dur il y a quelque temps, c'est dans l'endroit où on a avancé, donc on voit tous les jours le village de Tahure (aujourd'hui Sommepy-Tahure, Marne) qui est même derrière nous, mais il n'y reste plus rien ". Il y a des poux (26 mars). Pour rejoindre l'arrière, il faut faire une marche de 8 km dans les boyaux (3 avril). Après un passage en deuxième ligne où " on turbine dur, ce n'est que corvée sur corvée ", il est à la fin du mois au repos à " Louversy " (Livry-Louvercy ?, Marne, 23 avril). Sa femme a reçu l'allocation demandée pour leurs enfants. Cette dernière lui ayant appris qu'une femme de sa connaissance, dont elle tait l'identité, est enceinte avec un mari au front, Eugène lui répond que si une telle chose lui arrivait, il ferait en sorte de mourir à la guerre : " je ne me donnerais pas la mort, c'est défendu, Dieu me punirait, mais je sauterais la tranchée pour aller vers les boches " (2 mai). Ayant été averti que " le jeune maître " avait obtenu une permission agricole, il trouve " honteux de voir des choses pareilles ". Le 13 mai, de retour en 1ere ligne il creuse des abris, toutes les nuits de 11h à 5 heures, puis de 7 à 10 heures. [Eugène est tué le 19 mai à Baconnes (Marne)].

Archives départementales de la Vendée

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