Document d'archives : Comité franco-chinois de patronage (et associations connexes)

Contenu :

Les archives recensées dans le présent catalogue concernent l'œuvre de patronage des étudiants-ouvriers chinois en France durant la période 1920-1940. Elles proviennent de trois sources différentes : la Société franco-chinoise d'éducation (SEFC), le Comité franco-chinois de patronage (CFC) et l'Association amicale et de patronage franco-chinoise (AAFC). L'essentiel de ces archives est cependant constitué par le fonds du CFC, créé le 14 mai 1921 pour prendre le relais de la SEFC, dont il a hérité une partie des documents. Les archives postérieures à 1923 proviennent de l'AAFC qui a pris à son tour la suite du CFC. Toutefois, à partir de 1927, les documents sont rares et l'on peut dire que pour l'essentiel les archives couvrent la période 1921-1927, la plupart des étudiants-ouvriers chinois proprement dits étant repartis en Chine après cette date.

Cote :

47 AS 1 à 27

Inventaire d'archives :

État général des fonds

Informations sur le producteur :

Après la fin de la première guerre mondiale et le mouvement du 4 mai 1919, nombreux sont les jeunes Chinois sans fortune qui viennent en France dans l'espoir de faire des études qu'ils financeraient eux-mêmes par leur travail. Ils y sont encouragés par la SEFC, fondée en 1916 et présidée par A. Aulard, professeur à la Sorbonne, et par Cai Yuanbei, recteur de l'Université de Pékin : c'est le "mouvement études-travail" (qingong jianxue yundong).
Malheureusement, le chômage sévit et les étudiants-ouvriers ne trouvent pas dans les usines le travail qui leur permettrait de se constituer un pécule en vue de leurs futures études. La SEFC doit alors les placer à ses frais dans des écoles, ce qui lui crée rapidement des difficultés financières insurmontables.
Dès février 1921, elle ne peut plus faire face à ses engagements et cesse de payer les établissements d'enseignement [après 1921, la SEFC, située 39 rue de la Pointe à La Garenne-Colombes, continue néanmoins d'exister. Elle s'occupe encore des étudiants-ouvriers restés en France, leur sert de boîte aux lettres et de domiciliation pour certains journaux, mais, de manière générale, n'assure plus leur subsistance]. Huit cents à mille jeunes Chinois, privés de toutes ressources, viennent manifester à la Légation de Chine à Paris, laquelle est dès lors contrainte de prendre en mains la situation : elle contracte auprès de la Banque de Paris et des Pays-Bas un emprunt, qui lui permet de subvenir momentanément aux besoins des jeunes Chinois les plus démunis, en leur versant une allocation journalière de 6 francs. Une partie des archives ici répertoriées est constituée par des reçus de ces allocations, signés par les étudiants-ouvriers (partie E du catalogue).
Il ne pouvait toutefois s'agir que d'un remède provisoire : le chômage persiste et les emplois dans l'industrie restent très rares. C'est alors que s'impose sous l'impulsion d'Eugène Bradier, consul de France, inspecteur des étudiants chinois, l'idée d'un Comité franco-chinois de patronage, qui regrouperait toutes les bonnes volontés, ferait appel, à côté de financements publics chinois et français, au financement privé et jouerait en outre le rôle d'office de placement grâce à ses liens avec les grandes industries françaises.
Association régie par la loi de 1901, le CFC se donne pour objet, à sa fondation, "le patronage des jeunes Chinois venus en France pour y parfaire leur instruction générale, technique ou professionnelle, dans des entreprises et établissements industriels, commerciaux, agricoles, miniers et d'enseignement". Il doit en outre s'efforcer d'assurer l'accès de ces mêmes établissements aux étudiants-ouvriers chinois. Le CFC est placé sous le haut patronage des gouvernements français et chinois et de diverses personnalités des deux pays, parmi lesquelles on relève les noms de Paul Painlevé et d'Edouard Herriot. Les statuts du CFC prévoient au conseil d'administration une participation égale des représentants des principaux ministères français, et des diplomates chinois en France.
A côté des personnalités officielles, le CFC réserve également dans son conseil une place importante aux principales banques et aux grandes sociétés industrielles françaises, intéressées au développement des relations avec la Chine. Il compte sur ces dernières à la fois pour financer ses activités et pour faciliter l'accès des jeunes Chinois au monde du travail. Tcheng Loh (Chen Lu), alors Ministre de Chine à Paris, assure la présidence, mais la responsabilité effective du CFC revient pendant de longues années à Eugène Bradier. Grâce aux fonds accordés par les gouvernements français et chinois et par quelques sociétés comme la Banque de l'Indochine et la Compagnie générale d'Extrême-Orient, le CFC assure le règlement des sommes dues aux établissements d'enseignement par la SEFC. S'il maintient aussi pour quelque temps l'allocation journalière accordée précédemment par la Légation, il doit y renoncer à partir d'octobre 1921 et se contente dès lors d'accorder quelques bourses aux étudiants considérés par lui comme les plus méritants, tout en aidant la grande masse des autres à trouver des emplois dans l'industrie et en favorisant le rapatriement des malades et de ceux qui en font la demande. De cette époque du Comité datent les reçus rédigés en français (partie E du catalogue : juillet-octobre 1921) et la plus grande partie de la correspondance avec les écoles et les entreprises (parties B et C). Bien que la situation des étudiants-ouvriers restés en France demeure très précaire, le CFC considère, en février 1922, que la période la plus critique est passée, puisqu'à partir de cette date on n'encourage plus à venir en France qu'une élite d'étudiants préalablement sélectionnée.
Dès lors la vocation du CFC se transforme. Il décide de fusionner avec l'Association amicale franco-chinoise fondée en 1906. Les buts de la nouvelle AAFC diffèrent de manière significative de ceux de l'ex-CFC. Désormais l'accent est mis sur le patronage d'une élite d'étudiants chinois et sur les relations amicales franco-chinoises. L'AAFC continue néanmoins son assistance aux étudiants-ouvriers dans leur recherche d'un emploi. Elle poursuit son existence nominale jusqu'en 1940, se consacrant principalement dans cette dernière période au Cercle franco-chinois.

Informations sur l'acquisition :

Ce fonds est déposé en 1982 aux Archives nationales, site de Paris, sous la cote 47 AS, par le Centre de recherches et de documentation sur la Chine contemporaine de l'École des hautes études en sciences sociales de Paris. Il est transféré en 1998 au Centre des archives du monde du travail, sous le numéro de registre 1998 042.
Historique de conservation :
Les archives du CFC/AAFC avaient été déposées dans les caves de l'Alliance française (101 boulevard Raspail, Paris 6e) en 1940 ; elles y furent retrouvées en 1972, et offertes au Centre de recherches et de documentation sur la Chine contemporaine (CRDCC). L'ensemble du fonds, regroupé en dix-sept caisses, comprenait pêle-mêle livres, revues et archives. Les livres et les revues ont été intégrés au fonds de la bibliothèque du Centre, tandis que les archives ont commencé à être dépouillées par Mlle Alberte Tang. S la demande de cette dernière, un premier inventaire succinct en a été dressé, l'année même de leur arrivée au Centre, par M. Li Huang, qui attirait l'attention sur leur intérêt dans un article paru dans la revue Zhuanji wenxue (Biographical literature) en 1974 (Cf. Li Huang, "Bali xiancun guanyu liu Fa qingong jianxuesheng jiuji shikuang dang'an zhaiyao" (Sommaire des archives conservées à Paris concernant l'état réel des secours accordés aux étudiants-ouvriers en France), vol. XXIII, n° 4, 1974, pp. 15-20).
C'est à l'automne 1977 que le CRDCC a confié à Geneviève Barman et Nicole Dulioust la tâche d'archiver systématiquement ces documents et d'en établir le catalogue. Dans l'intervalle, les archives avaient été ouvertes à ceux qui en faisaient la demande. Tel qu'il a été trouvé au début du travail de classement, le fonds présentait d'importantes lacunes, imputables sans doute à diverses causes. Le dossier administratif en particulier, est très incomplet : il manque plus de la moitié des procès-verbaux des séances du CFC/AAFC. Si l'on peut en partie compléter ces manques par les archives du Ministère des Affaires Étrangères, qui contiennent les doubles de certains procès-verbaux (AAE, Direction des affaires politiques et commerciales, série E, carton 27, dossier 4), une autre perte semble, en revanche, irréparable : celle des dossiers personnels des 2136 étudiants-ouvriers recensés par le CFC. L'existence de ces dossiers est confirmée dans le procès-verbal de la séance du CFC du 4 mars 1922 [A/1-1 (3) : "A l'heure actuelle nous possédons 1209 dossiers individuels avec photographies contenant le plus de renseignements possibles sur l'état civil, le degré d'instruction reçu en Chine et à l'étranger, la mentalité, la valeur intellectuelle et les aptitudes spéciales de chaque patronné. Ces renseignements nous sont indispensables pour pouvoir les recommander à bon escient"]. De fréquents renvois à ces pièces existent aussi dans les parties B et C, et leur présence est attestée par Li Huang dans l'article précité ; il a confirmé à G. Barman et N. Dulioust les avoir vues sans les lire car elles étaient rédigées en français (Lettre de Li Huang aux auteurs en date du 22 mars 1980). L'article de Li Huang fait aussi allusion à l'existence de listes dressées par la SEFC de Shanghai à l'occasion de chaque embarquement d'étudiants-ouvriers à destination de la France ; elles n'ont pas non plus été retrouvées.
Entre le recensement de Li Huang et le début du travail des deux auteurs, des pièces importantes ont donc disparu. Malgré les recherches effectuées, leur trace n'a pas été retrouvée. Ces lacunes ont été aussi constatées par Cheng Tcheng (Cheng Cheng), qui a eu accès aux dossiers en 1975. Nous pouvons donc situer la disparition de ces documents entre 1972 et 1975. Cela ne signifie pas pour autant que toutes les pertes soient postérieures à l'arrivée des archives au CRDCC. On peut en effet penser que certaines pièces se sont égarées lors de la mise en caisses précipitée en 1940, ou que certains dossiers jugés importants ont été conservés ailleurs qu'à l'Alliance française. Il nous reste en effet peu de documents pour la période 1925-1940 et d'autres pièces ont pu être entreposées ailleurs. Des chemises vides ayant heureusement été conservées, certaines lacunes se laissent apercevoir, en particulier la perte de la liste des rapatriés du Paul Lecat [Furent rapatriés sur le Paul Lecat les étudiants ayant participé à la manifestation d'octobre 1921 contre l'Institut franco-chinois de Lyon. Parmi eux figuraient plusieurs futurs dirigeants du Parti communiste chinois], ainsi que celle de dossiers d'établissements d'enseignement, comme celui de l'Université de Poitiers. Il existe aussi, dans la répartition en grandes catégories faite par l'AAFC, des cotes qui ne correspondent à aucun dossier (cf. C/1 et B/4). L'AAFC avait en effet commencé un premier classement et il est probable qu'un certain nombre de pertes remonte aussi à cette époque. Ce qui est certain, c'est que l'AAFC avait entrepris de remplacer la correspondance originale du CFC par des fiches baptisées par les deux auteurs "notes-mementos", qui sont loin de restituer le contenu intégral des lettres.
En dépit de l'ampleur des pertes, qui touche essentiellement le dossier administratif, il reste aujourd'hui pour rendre compte des activités du CFC 202 dossiers d'établissements d'enseignement et 868 dossiers d'entreprises. Demeurent aussi les attestations et les reçus individuels signés par les étudiants-ouvriers, dont certains devaient devenir célèbres.

Description :

Mise en forme :
L'Association amicale et de patronage franco-chinoise (AAFC), dans sa première tentative de classement des documents, les avait divisés en cinq catégories. Ces grandes divisions ont été maintenues lors du classement par G. Barman et N. Dulioust (EHESS), qui correspondent aux parties A, B, C, D et E du catalogue : A, dossier administratif ; B, dossiers des établissements d'enseignement ; C, dossiers des entreprises ; D, attestations ; E, reçus. De façon générale, les ébauches originales de classement ont été conservées autant que possible, ce qui a contraint à adopter un système un peu différent de cotation pour chacune des parties.
À noter : Le sigle CFC/AAFC est utilisé dans le catalogue quand un ensemble de pièces provient successivement des deux associations : CFC et AAFC. Les termes chinois sont romanisés en pinyin, à l'exception des noms propres pour lesquels ont été gardés la transcription apparaissant dans les archives.

Conditions d'accès :

Archives privées.
Fonds communicable et reproductible sur autorisation préalable du propriétaire-déposant.
Publiable sur internet

Conditions d'utilisation :

Réutilisation des documents extraits du fonds soumise à l'autorisation préalable du propriétaire-déposant.

Langues :

langue: Frenchzho

Description physique :

Importance matérielle :
3.02

Ressources complémentaires :

Le présent instrument de recherche en ligne est une reprise de l'inventaire initial établi par G. Barman et N. Dulioust, qui portait le titre suivant : Étudiants-ouvriers chinois en France. Catalogue des archives (Paris, Centre de recherche et de documentation sur la Chine contemporaine. École des hautes études en sciences sociales, 1981).
À l'occasion de la rétroconversion du catalogue en XML-EAD en 2020, certains ajustements ont été nécessaires, en particulier pour l'introduction dont les différents éléments ont été répartis dans les champs EAD. La préface de Marie-Claire Bergère ainsi que les remerciements de l'édition initiale n'ont pas été repris : le lecteur intéressé se reportera à l'édition originale papier afin de les découvrir.

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Archives nationales du monde du travail

Où consulter le document :

Archives nationales du monde du travail - ANMT

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