Document d'archives : Un universitaire algérien fait le récit de l'exode rural de sa famille et de son installation à Annaba, de sa rencontre avec son...

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Un universitaire algérien fait le récit de l'exode rural de sa famille et de son installation à Annaba, de sa rencontre avec son épouse et de son mariage

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En début d’entretien, à la demande de Faouzi Adel, l’informateur (âgé d’une trentaine d’années) revient longuement sur l’histoire de sa famille, originaire des environs de Jijel. Il évoque une séparation entre les frères de son grand-père dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Il raconte que son grand-père, né vers 1870, s’est installé seul à Annaba en 1891, poussé par le manque de travail dans son village d’origine, et est devenu ouvrier boulanger chez un Italien, avant de fonder sa propre boulangerie avec l’aide de ses frères. Ce grand-père vivait seul à Annaba mais avait sa famille au village, où il avait encore des terres. Il avait tenté de faire venir sa femme en ville mais elle avait refusé. Il a eu cinq enfants (dont le père de l’informateur), de deux mariages différents. D’après l’informateur, la boulangerie aurait dû être un commerce très lucratif, mais le capital a été dilapidé durant la seconde guerre mondiale, pour diverses raisons. La famille a alors dû vendre la boulangerie. Après la vente, l’oncle et le père de l’informateur sont retournés au village et ont travaillé comme ouvriers boulangers. A propos de cette période, l’informateur évoque également une grande famine dans la région. Quelques années après son mariage, le père de l’informateur a à son tour acheté une boulangerie. Les interlocuteurs évoquent différents types de propriété pour les boulangeries (titres individuels) mais également pour les terres : l’informateur explique que les parcelles n’étaient pas clairement délimitées, il était donc impossible de les vendre. A propos des mariages, l’informateur explique qu’à l’époque de son grand-père, les mariages, dans sa famille, étaient souvent consanguins. Par ailleurs, il expose les différents aspects et problématiques de la migration vers Annaba : la conservation des usages de Jijel sans véritable citadinisation, le peu d’enfants mis au monde dû à l’éloignement des couples, la scolarisation des enfants en ville, l’installation des femmes à Annaba après la guerre d’indépendance. L’informateur décrit les différents métiers exercés en boulangerie, milieu qu’il connaît très bien car tous les hommes de sa famille y travaillaient : les apprentis, les commis, les ouvriers boulangers, le peseur, le pétrisseur et le râyas pour la surveillance de la cuisson ; il évoque encore d’autres aspects de la boulangerie : la concurrence entre boulangers européens et boulangers arabes, les modes de rémunération, le syndicat des patrons boulangers, le peu de clientèle arabe. L’entretien porte ensuite sur le parcours professionnel et le mariage du père de l’informateur. Marié à 23 ans, ce dernier connaissait son épouse depuis l’enfance, la mixité étant tolérée au village. En revanche, l’informateur explique qu’à Annaba, où il y a un esprit tribal parmi les familles d’origines différentes (Jijel, Aurès, Guelma), la mixité est plus difficile, et c’est pour cette raison que les hommes de la génération de l’informateur ne se sont pas mariés dans la famille. Le couple a eu onze enfants. Lors de la période révolutionnaire, l’informateur raconte que sa famille recevait beaucoup de moudjahidin au village, et la dangerosité de la situation les a poussés à venir s’installer à Annaba ; seul le grand-père a refusé de venir. A propos de ce départ, l’informateur évoque un rituel de rupture qui consiste à traverser un cours d’eau et à jeter sept pierres derrière soi. Au début de l’installation à Annaba, le père de l’informateur et son oncle vivaient ensemble, mais des conflits les ont amenés à se séparer. Le père a fait des dépressions et la famille a déménagé plusieurs fois. L’informateur revient ensuite sur son parcours scolaire : l’école coranique, puis l’école française. Après le baccalauréat, il a passé une licence en sociologie. Poussé dans ses études par son père, illettré, l’informateur explique que ce dernier surveillait ses fréquentations. A la demande de Faouzi Adel, l’informateur évoque également sa vie affective préconjugale, et sa rencontre avec sa future épouse. Il raconte qu’il a eu le “coup de foudre” pour elle dès le lycée, et qu’ils ont commencé une correspondance écrite en utilisant une cousine de la jeune fille comme intermédiaire. Le jeune couple a élaboré leurs projets de mariage à la fin des études de l’informateur. Le père de ce dernier y était alors opposé, et l’informateur a cherché à s’émanciper de sa famille en préparant un foyer indépendant. La jeune femme, issue d’une famille aisée et cultivée, avait beaucoup de prétendants. Les deux familles n’ayant aucun lien entre elles, l’informateur explique que les négociations pour convaincre ses parents ont duré une année. Le jeune couple s’est marié avant que l’informateur ne fasse son service militaire. Les interlocuteurs évoquent les différentes étapes du mariage : la visite de la mère de l’informateur à celle de la jeune femme, puis la demande officielle par le père de l’informateur, la rencontre de l’informateur avec son futur beau-père, le mariage religieux (fâtha), la ‘tiyâ (cérémonie où a famille du marié apporte à la mariée des cadeaux et des bijoux), la cérémonie du henné, le mariage civil, la fête traditionnelle (entre hommes un jour, et entre femmes le lendemain), l’animation par un orchestre, la nuit de noce qu’ils ont passées dans leur propre appartement. Faouzi Adel interroge ensuite l’informateur sur le choix du nombre d’enfants et la régulation des naissances dans le couple. L’informateur raconte que son épouse utilise des pilules contraceptives qu’il achète lui-même en Tunisie, estimant que celles que l’on trouve en Algérie sont mal dosées. A propos des revenus et des dépenses du couple, l’informateur dit que sa femme et lui travaillent tous les deux et qu’ils n’ont pas d’autres revenus. En fin d’entretien, les interlocuteurs évoquent la séparation des tâches ménagères, les visites régulières à leurs familles respectives, les opinions données sur l’éducation des enfants, les loisirs du couple, les opinions religieuses.

Cote :

F4180, F4181, F4182

Inventaire d'archives :

Fonds Faouzi Adel

Description physique :

Information matérielles :
3 cassettes audio
Importance matérielle :
Durée : 2h 35min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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