Document d'archives : Mémoires de la vallée de la Dordogne avant la construction du barrage de Bort-les-Orgues, témoignage de Marie-Louise et Jacques...

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Mémoires de la vallée de la Dordogne avant la construction du barrage de Bort-les-Orgues, témoignage de Marie-Louise et Jacques Lachaise. / Armelle Faure du Groupe Links Conseil Consult France, Frédéric Bianchi du service des Archives départementales du Cantal, René Gouvéia photographe et Electricité de France : enquêteurs, producteurs. Marie-Louise Lachaise et son frère Jacques : informateurs. 7 décembre 2011

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Présentation du contenu
Présentation du contenu par Frédéric Bianchi :
Marie-Louise Lachaise est née le 28 août 1923 au Lys commune de Sarroux et son frère Jacques Ernest Lachaise est né le 20 juin 1927. En introduction Armelle Faure fait la présentation de cette campagne de collecte et de ses objectifs. Jacques Lachaise signale qu'ils ont perdu leur père alors qu'ils n'avaient que neuf ans, c'est une voiture qui l'a écrasé mais ils n'ont rien touché car le conducteur, qui n'avait pas de permis, n'avait pas non plus d'assurance. Après ce drame ils ont donc dû travailler leur ferme et ont pris un domestique. A l'époque ils avaient dix vaches, un mulet et deux bœufs par la suite ils ont agrandi en louant la ferme du Docteur Mazuel puis celle de Monsieur Serre, l'exploitation marchait alors très bien. Suite au projet de barrage ils ont été expropriés le 13 mai 1947 et Jacques Lachaise est parti faire son service militaire le 15 mai 1945 à Marseille. Il est rentré en juillet 1948, il a fait quinze mois son engagement ayant été prolongé de 3 mois du fait des grèves. A son retour il continue d'exploiter la ferme familiale et en 1950 il avait jusqu'à 70 bêtes " à l'herbe ". Il raconte une anecdote dramatique qui leur est arrivé dans la nuit du 9 au 10 mai 1950. Ce soir là il avait été voir son ami Ernest Pommier à Miallet, il y est resté jusqu'à une heure du matin puis va se coucher mais soudain son frère l'a réveillé car il avait entendu les bêtes s'agiter, ils sont donc allés voir ce qui ce passait et ont vu des vaches partout même sur la ligne de chemin de fer, ils les ont alors regroupées et ramenées. En les comptant ils se sont aperçus qu'il manquait une dizaine de vaches, un voisin de Bort leur a alors signalé qu'il avait entendu des chiens et des vaches vers la cascade du Lys ils décident donc d'aller inspecter les alentours de cette cascade et ont malheureusement trouvé ces bêtes accidentées au fonds de cette cascade. Ils ont fait venir le vétérinaire de Bort, Monsieur Gorse, pour qui ce troupeau n'avait pu sauter dans ce trou que poussé par des hommes et des chiens dressés. Jacques Lachaise a donc décidé de s'attacher pour descendre en bas et essayer de remonter les bêtes blessées. Monsieur Victor Rivière est venu l'aider et lui a dit qu'il avait vu plusieurs fois des bêtes dans la cour de Valette. Pour Jacques Lachaise ce n'était pas une histoire de tentative de vol de bêtes mais c'était bien autre chose car il se disait que si des personnes avaient poussé ce troupeau dans le trou c'était parce qu'ils avaient peur que la famille Lachaise gagne trop d'argent, c'était certainement un acte pour leur faire arrêter toute activité. La famille Lachaise a été expropriée le 13 mai 1947 mais ils ont exploité les fermes en 1947, 1948 et 1949 puis ils se sont retirés des fermes mais leur dernière recette date de février mars 1950 car EDF les autorisait à faire manger l'herbe par leurs bêtes. Suite à cette expropriation ils ont cherché une ferme à acheter, allant même jusqu'à prospecter dans l'Allier et en Charente mais en vain. Même problème pour trouver une maison, finalement un jour ils apprendront, par le marchand de vin Paul Couchi, qu'il y avait une maison à vendre à Champs celle de Monsieur Monary le forain, ils l'achèteront un million cinq cent mille francs frais compris et sans marchander. C'est le notaire Emile Gineste qui s'est occupé de la transaction. Jacques Lachaise montre que l'on peut voir, sur la photographie encadrée et accrochée au mur, la grange qui avait été bâtie par son père en 1927 il explique qu'un maçon lui avait dit qu'un bâtiment comme celui-là valait, à lui seul, 1 million 500 mille francs. Il signale qu'ils n'ont touché que 4 millions 970 francs pour l'ensemble des terrains (28 hectares) et des bâtiments. Il poursuit et raconte qu'en 1964 ou 1965 Monsieur Clarrissou avait souhaité acheter un de leur terrain " Les Chassagnes ", il souhaitait y monter une base de voile en accord avec les Maires de Sarroux et d'Ussel, eux étaient d'accord pour vendre mais finalement Monsieur Clarrissou a appris que ces terrains avaient été gelés. Plus tard une réunion au château de Val avec le ministre du tourisme Monsieur Dumas a conclu qu'il ne se ferait rien au site du Mont il signale que lors de cette réunion Monsieur Clarrissou s'est aperçu qu'on lui avait volé son plan de base de voile, plan qui par la suite aurait servi pour la construction d'une base de voile. A cette époque, selon lui, Monsieur Dumas avait une enveloppe d'un milliard pour l'aménagement du lac mais finalement, l'argent n'ayant pas été investie à la date butoir, ils ont alors investi cette somme pour réaliser des aménagements au Lioran. Armelle Faure recadre l'entretien et leur demande d'évoquer les décennies antérieures, ils racontent alors la démolition de leur grange en 1950. C'est un cousin et un oncle, la famille Juillard de Chassagne, qui l'ont démolie, ils ont pris les pierres de taille, les ardoises, les poutres et ils ont reconstruit l'ensemble grâce à Monsieur Narre maçon à Lanobre. La maison n'a été démolie qu'en 1951, certaines de ces pierres de taille ont été transportées au château de Val et ont servi à la construction d'un kiosque pour vendre les billets d'entrée pour la visite du château. Ces pierres étaient identiques et elles sortaient d'une ancienne carrière de la vallée, sûrement celle de Monestier. Il explique qu'ils ont gardé le linteau de l'ancienne maison et il se trouve devant chez eux. Par la suite il raconte l'anecdote du curé qui était venu pour acheter du bois et qui avait réussi à lire l'inscription " Neuzières et Fleurys " sur un linteau. Suite à des recherches il a pu leur révéler qu'ils étaient les descendants de la plus vieille famille de la vallée, leur mère était une demoiselle Plat, la septième génération au Lys et la septième génération des comtes de Fontanges. Aline Plat sa cousine lui a d'ailleurs confirmé cette lignée. Il revient au château de Val et signale qu'il a été pendant cinq ans gardien du château et qu'il y avait en médaillons dans le fumoir des portraits de Madame de Sévigné, d'Anne d'Autriche et Mademoiselle de Fontanges qui était, selon lui, la fille de Louis XIV. Il raconte qu'il avait entendu dire que ce comte de Fontanges avait été jusqu'à Liginiac pour chercher du miel, qu'il avait trouvé une jolie fille qu'il avait épousée. Il aborde ensuite le groupement des expropriés dont Ernest Pommier était vice-Président. Il raconte qu'Ernest Pommier avait été voir Monsieur Cueilles à Neuvic et ce dernier leur aurait dit qu'ils étaient venus trop tard et que désormais rien ne pouvait être fait puisque le matériel était déjà arrivé. Selon Marie-Louise Lachaise ce barrage avait été programmé dès 1891. Ils expliquent que la construction du barrage avait commencée en haut de Singles et qu'il y avait à la Tricogne (Cantal) une carrière de sable de rivière, EDF avait d'ailleurs construit une installation pour récupérer ce sable pour la construction mais ils ont finalement abandonné cette idée.

Cote :

4 AV 409-1

Description physique :

Document sonore
Collation
Collation: 1 disque compact audio

Précisions matérielles :

Durée: 1 h 13 min 54 s

Observations :

Notes ISBD
(Cote de l'original : Fg 1042 [1589] et de conservation A [1589] 1602*).

Archives départementales du Cantal

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