Document d'archives : 1966-1970

Contenu :

Au cours des années 1966-1970, le Shah Mohammad Reza Pahlavi poursuit les réformes économiques et sociales lancées à partir de 1962. La société iranienne en est profondément bouleversée. Si « l'œuvre de redressement national » visant à moderniser le pays prive le souverain du soutien d'une partie des classes possédantes et des milliers de paysans pauvres qui rejoignent les villes, elle permet l'avènement d'une bourgeoisie naissante à qui bénéficient les réformes. Les désirs d'émancipation des classes moyennes sont cependant bridés par les services de sécurité, toujours plus présents dans la vie des Iraniens. Le Shah, « despote éclairé », verrouille le pouvoir autour de sa personne, ménage l'armée et donne carte blanche à la police politique, la « Savak » pour réprimer l'opposition, ce qui pousse nationalistes, marxistes et islamistes à entrer en clandestinité ou à organiser la lutte de l'étranger.
 
Grâce aux revenus du pétrole et à l'aide étrangère, le pays sort de la récession et connait une forte croissance mais l'orientation économique souhaitée par le souverain reste fragile. Soucieux de développer une industrie nationale, les responsables iraniens y ont consacré d'importants investissements, mais la production ne peut être écoulée sur le marché intérieur et doit être exportée, notamment vers les pays d'Europe de l'Est. Ainsi de l'inflation, la dette extérieure augmente, alors que, dans le même temps, la production agricole stagne. Le commerce intérieur reste dépendant des conditions climatiques quand la main d'œuvre qualifiée se fait rare. De plus, ce sont parfois les ambitions régionales de l'Iran qui contraignent les planificateurs à revoir les budgets.
 
Le Shah recherche l'équilibre dans ses relations avec les deux superpuissances.  S'il bénéficie du soutien militaire et financier des États-Unis de Nixon, le réchauffement  relatif des relations entre Washington et Moscou lui permet de se rapprocher de l'URSS, du moins économiquement. Au Moyen-Orient, l'Iran s'oppose à l'Égypte de Nasser et soutient les royalistes dans le conflit yéménite (1962-1970). Il profite également du départ des Britanniques du Golfe persique pour y renforcer son influence, ce qui irrite les dirigeants arabes, dont le Saoudien Fayçal. En 1969, après une période de détente, la question des frontières et de la navigation sur le Chatt al Arab redevient l'objet de tensions entre l'Iran et l'Irak. Bagdad reproche à Téhéran son alignement pro-occidental et le soutien aux rebelles kurdes sur le territoire irakien, tandis que l'Iran n'apprécie guère l'activisme d'une puissance socialiste proche de l'Égypte qui accueille sur son sol le dissident religieux Rouhollah Khomeini, exilé en 1964.
 
La politique d'indépendance nationale mise en œuvre par le Shah vient renforcer les relations, traditionnellement bonnes, entre Paris et Téhéran, mais la vente de matériel militaire français à l'Irak inquiète le souverain. Entre 1966 et 1970, la coopération entre les deux pays s'est également poursuivie sur les plans économiques et culturels. La France participe aux 3e et 4e Plans Quinquennaux iraniens par le biais d'un important crédit. En 1968, elle est le 6e fournisseur mondial du pays, exportant surtout des biens d'équipement, des produits sidérurgiques et chimiques, des véhicules ainsi que des matériels mécaniques ou électriques. Ses achats de pétrole iranien tendent cependant à décliner. L'action culturelle française en Iran est marquée par l'enseignement du français - le Ministre des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville vient inaugurer le Lycée de la Mission Laïque de Téhéran début 1966 -, la coopération scientifique et technique, les échanges artistiques et les missions archéologiques. Un projet d'accord culturel est également prévu au cours de la période.

Cote :

367QO/88-367QO/147

Inventaire d'archives :

Levant / Iran

Informations sur le producteur :

Sous-direction Afrique Levant

Informations sur l'acquisition :

versement administratif
Historique de conservation :
Ces dossiers sont entrés à la direction des Archives sous les cotes 2038INVA/1720 à 1746 et ont pu être communiqués sous ces cotes jusqu'à l'automne 2017 où ils ont fait l'objet d'un reclassement et d'une nouvelle cotation en 367QO.

Description :

Mise en forme :
Ces dossiers proviennent d'un versement unique de la direction Afrique-Levant pour les pays Levant de la tranche 1966-1970, entré sous la cote 2038INVA. Le reclassement des cartons Iran 2038INVA/1720 à 1746 et 2038.2INVARES/1 (Réservés Iran 1966-1972) a été entrepris à l'automne 2017. L'organisation d'origine a été respectée mais les dossiers ne contenant que quelques documents ont été regroupés et les doublons ont été éliminés.

Conditions d'accès :

Les documents sont soumis aux délais de communicabilité des archives publiques prévus par le Code du patrimoine. 

Langues :

anglais, français, persan

Description physique :

59 articles, 26 cartons, soit 3 ml

Ressources complémentaires :

Répertoire numérique détaillé par Jean Hardouin-Dompnier, stagiaire, sous la direction de Séverine Blenner-Michel, conservatrice en chef du patrimoine, La Courneuve, mai 2020, 15 p. Voir l'instrument de recherche .

Organisme responsable de l'accès intellectuel :

Centre des archives diplomatiques de La Courneuve

Où consulter le document :

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

Ministère de l'Europe et des Affaires étrangères - Direction des archives

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