Après des études de philosophie et de théologie, Jean-Yves L'Hopital part pour une durée de trois ans (de 1967 à 1970) au Sénégal pour y effectuer son service militaire dans la coopération. C’est à cette occasion que, tout en enseignant la philosophie, il fait la découverte du désert saharien et de l'Islam, ce qui le conduit à apprendre l'arabe. En 1974, il obtient une bourse de l'INALCO (où il a poursuivi son apprentissage de la langue) pour étudier l'arabe à Beyrouth pendant un an. Mais lorsqu'il souhaite retourner au Liban pour travailler à sa thèse sur le Coran, la guerre qui y sévit, l'amène à se tourner vers Damas où il séjournera pendant six ans et découvrira l'IFEAD. Après son retour en France, il devient enseignant à l'université de Rennes où il créera une section d'arabe tout en continuant à faire des séjours fréquents à Damas. Il sera directeur de l'Ifpo de 2005 à 2008, peu de temps après la réorganisation de l'institut. Aujourd'hui retraité, il poursuit aujourd'hui ses recherches. L'entretien fait à la fois le bilan du mandat de Jean-Yves L'Hopital, tout en fournissant des détails sur les caractéristiques de l'Ifpo, alors jeune institut (il a été créé en 2003). L'ambition de développer l'Institut à l'échelle européenne y est évoquée, tout en faisant part des difficultés de gestion rencontrées (liées notamment à la dispersion entre différents sites, dans plusieurs pays et à l'organisation de l'activité scientifique selon des programmes transdisciplinaires). Jean-Yves L'Hopital regrette qu’une politique de conservation des archives scientifiques constituées par les chercheurs lors de leurs séjours à l’Institut n’ait pas été menée. En conclusion de l’entretien, il s’exprime sur ce qu’est, selon lui, la vocation profonde de l'Ifpo en expliquant qu’on ne peut réduire cette institution à un centre de recherche. Ses acteurs doivent, en effet, faire preuve d'attention et d'ouverture à l'égard des sociétés du Proche-Orient afin de pouvoir également jouer un rôle d'éclaireurs vis-à-vis des Occidentaux et contribuer à combattre les préjugés religieux et culturels encore trop nombreux dans les représentations des pays arabes.

Jean-Yves L'Hôpital est enregistré par Véronique Ginouvès et François Siinoà Damas