Document d'archives : Fonds Marcel Nondier (1894-....), caporal dans la 8e compagnie du 153e régiment d'infanterie (153e RI) à Toul, blessé au bras à...

Titre :

Fonds Marcel Nondier (1894-....), caporal dans la 8e compagnie du 153e régiment d'infanterie (153e RI) à Toul, blessé au bras à Achain (Moselle) et fait prisonnier le 20 août 1914 à Morhange (Moselle) : journal manuscrit de guerre (31 juillet 1914 - 26 novembre 1920), suivi de textes, poèmes et chansons rédigés au camp de Königsbruck (Saxe, Allemagne) (26 août 1914 - 30 octobre 1919).

Contenu :

Journal de guerre de Marcel Nondier [vues n° 1-15], suivi de onze textes manuscrits, poèmes et chansons de sa propre composition, rédigés lors de sa captivité au camp de Königsbruck (Saxe, Allemagne) (26 août 1914 - 30 octobre 1919) [vues n° 16-32].

Récit de Marcel Nondier :
Marcel Nondier quitte la caserne de Toul le vendredi 31 juillet : "Réveil à 1 heure du matin par une alerte de guerre. Nous sommes partis de Toul à 4 heures et avons pris la direction de Nancy, où nous sommes passés à 11h par une chaleur torride (&) A 3 heures, départ pour Buissoncourt où nous sommes arrivés à 6h30, exténués, après une marche de 48 kilomètres." [vue n° 3]
Du 1er au 9 août, Marcel Nondier effectue des travaux de défense, tranchées et barbelés, reçoit des visites de membres de sa famille, commence la surveillance face à l'ennemi, pratique des exercices militaires avec les réservistes, tient les avant-postes dans les bois de Réméréville, effectue des gardes à la sortie de Drouville puis à Réméréville, où on leur amène des prisonniers civils. [vues n° 3-4]
Les 10 et 11 août, Marcel Nondier arrive à La Bouzule (Champenoux), où il aperçoit pour la première fois les obus éclater. Il tire sur un aéroplane allemand. Les nuits, il indique que "les rats nous passaient sur le corps. Ce jour-là j'étais bien malade, je n'ai pas pu me lever pour aller aux vivres qui ne sont arrivés qu'à minuit." [vues n° 4-5]
Les 12 et 13 août, Marcel Nondier cantonne à Mazerulles, où différents pelotons et régiments passent. Le 12 août, il précise "le capitaine a remis 5 francs à chaque chef d'escouade pour améliorer l'ordinaire." [vue n° 5]
Le 14 août, "départ à 4 heures en vue du combat qui est proche. Rassemblement de l'Armée dans la plaine de Hoéville. Le combat commence à 7 heures." Le 153e RI, celui de Marcel Nondier, qui est en réserve du 39e RI, doit rester dissimulé. Des Allemands sont fait prisonniers, et Marcel Nondier voit pour la première fois à quoi ressemble un fusil allemand. Il cantonne ensuite à Arracourt. Le 15 août, un obus tombe à cent mètres de lui, et des voitures de blessés de la veille passent en direction de Nancy. [vue n° 5]
Le 16 août, "la frontière est franchie l'arme à la bretelle aux cris répétés de : Vive la France ; puis nous prenons position sur le Champ de bataille de la veille", et Marcel Nondier cantonne à Bezange-la-Petite. Le 17 août, sous la pluie, Marcel Nondier et son régiment vont relever le 160e RI dans les Bois de Vie, et reviennent à Arracourt où ils cantonnent le 18 août alors que les RIC arrivent. [vue n° 6]
Le 19 août est une "journée mémorable qui nous réconforta de nos fatigues" : les militaires français traversent les villes avec les encouragements : "la ville était toute pavoisée en notre honneur, on nous jetait des fleurs".
Mais approchant de la ligne de feu, "le canon tonne et la fusillade crépite, dure, annonçant un combat terrible". Le 153e RI se rend à Vannecourt où "dans l'après-midi, nous avons reçu le baptême du feu (&) les obus trop longs destinés aux batteries étaient pour nous (&) je fus moi-même touché au pied par un schrapnell qui me déchira la chaussure sans me faire trop de mal".
Ensuite, Marcel Nondier bivouaque à proximité d'Achain, dans les champs d'avoine. "Les phares ennemis ont marché toute la nuit et les balles tombaient tout autour de nous et parfois sur les gamelles après nos sacs." [vues n° 6-7]
Le 20 août : "Triste journée, journée inoubliable pour ceux qui lui ont survécu. (&) A deux heures, chacun saute sur son sac et son fusil, l'un avait servi d'oreiller, l'autre d'ange-gardien. (&) On nous laissa faire le café, ce qui fut une grande imprudence, car nous n'avons pas tardé à être repérés par les aéros qui tournaient comme des mouches au-dessus de nous. Nous fûmes copieusement arrosés d'obus." [vues n° 7-8]
Marcel Nondier détaille ensuite comment ses camarades sont blessés ou tués un à un alors qu'il continue d'avancer, jusqu'à ce qu'il soit touché lui aussi : "Heureusement, je n'avais que le bras cassé." Essayant de regagner le village, il tombe d'épuisement. Reprenant ses esprits et à l'aide d'un ami, ils reprend la direction de Bezanges. "La plaine est sinistre, des morts la jonchent de tous côtés" [vues n° 7-9]
Les deux soldats sont à nouveau la cible de tirs et son camarade tombe. Marcel Nondier est finalement ramené au village par un cavalier. Il s'aperçoit alors que tout le monde y a été fait prisonnier. En effet, les français restant "durent lâcher par le manque de munitions." [vue n° 9]
Le 21 août, alors que Marcel Nondier n'a rien mangé depuis deux jours, toujours blessé, prisonnier, il tombe à bout de forces et est emmené en voiture à Morhange. Il est nourri et pansé par un camarade le lendemain. Le 23 août, il est conduit en salle d'opération où les chirurgiens veulent l'amputer du bras. Heureusement, connaissant un peu le médecin, Marcel Nondier obtient de se faire soigner. [vue n° 9]. Le journal arrête alors d'être quotidien pour devenir plus épisodique.
Le 26 août, Marcel Nondier et ses camarades sont envoyés en camp d'internement, à Königsbrück, en Allemagne. "Lorsqu'à deux heures, on nous fait descendre dans la cour pour être transportés à l'intérieur de l'Allemagne. A 3 heures nous quittons la caserne (&) à 4 heures nous montons dans les wagons, aménagés. Le canon tonne avec rage et à 10 heures lorsque nous sommes partis, nous l'entendions encore.
"Notre voyage, durant lequel nous fûmes promenés à travers l'Allemagne, fut un long calvaire, où, à part nos blessures nous eûmes à souffrir horriblement de la faim. Il dura 82 heures. Le 30 août à 1 heure du matin nous arrivons à Königsbrück" [vue n° 10]
Marcel Nondier raconte brièvement les trois premiers jours au camp, puis explique que "Raconter la vie jour par jour est inutile car c'est une série de journées interminables de souffrances morale et physique". Du 4 septembre au 23 octobre 1914, Marcel Nondier détaille les différentes opérations faites à son bras, d'abord au camp, puis à l'hôpital de la ville où il a été transféré jusqu'au 23 octobre, date de son retour au camp. [vues n° 10-11]
Dès le 9 octobre, Marcel Nondier apprend la possibilité d'écrire à sa famille ; petit à petit se met alors en place une correspondance où il échange avec joie les premières nouvelles, photographies, colis avec sa famille. Jusqu'en juillet 1915, les nouvelles du camp décrites dans le journal de Marcel Nondier se limitent aux réceptions des colis et nouvelles, au suivi médical et soucis de santé, aux connaissances qu'il peut croiser et aux déplacements de prisonniers. Le 26 juillet 1914, Marcel Nondier quitte le camp mixte pour le camp français [vues n° 11-12]
A partir du 12 novembre 1914, Marcel Nondier alterne entre différents "kommandos" et de courtes périodes de retours au camp : le Kommando à Niedersedlitz chez Houtsch et Cie (12 novembre 1916 - 13 octobre 1916), la Verrerie de Copitz (13 octobre 1916 - 16 novembre 1916), dans une scierie à Hütten (26 novembre 1916 - 7 décembre 1916), à nouveau à la verrerie (21 décembre 1916 - 22 janvier 1918), puis dans une fabrique de pâte à papier à partir du 23 mars 1918. Mais en avril 1918, Marcel Nondier souffre de nouveau de douleurs au bras, effectue un séjour à l'hôpital, subit une nouvelle opération, puis réintègre le camp le 18 mai. Le 29 avril 1918, il passe même devant une commission pour être interné en Suisse, mais cela n'est pas accepté. [vue n° 13]
Après son rétablissement, Marcel Nondier travaille un dernier kommando, à Schweipnitz (août 1918 13 octobre 1918), puis est rapatrié au camp de Königsbrück pour être transféré à celui de Manheim le 17 octobre 1918. [vue n° 14]
Le 28 octobre 1918, Marcel Nondier part enfin pour le camp de Konstanz (Constance, Suisse). Le 30 octobre 1918 " à 7 heures du matin nous passons la frontière française un peu avant Bellegarde". Marcel Nondier raconte ensuite sommairement l'organisation du retour, son passage devant la commission de réforme, ses différentes permissions et nouvelles affectations (à Périgueux puis à Givry), après quoi il rejoint le dépôt de démobilisation du 26e RI à Nancy. Le 6 août 1919, il est démobilisé. [vues n° 14-15]

Cote :

87 PRI 1

Inventaire d'archives :

Archives numérisées de complément

Informations sur le producteur :

Nondier, René Marcel (1894-....)
René Marcel Nondier, ouvrier menuisier, naît le 26 avril 1894 à Varangéville (Meurthe-et-Moselle). Engagé volontaire le 25 mars 1913 (classe 1914, bureau de Nancy-Toul, matricule n° 174) à la mairie de Saint-Nicolas-de-Port (Meurthe-et-Moselle), il arrive au corps et intègre le 153e régiment d'infanterie (153e RI) de Toul le 26 mars 1913. Il devient soldat de première classe le 11 novembre 1913, et caporal le 1er mars 1914. Dès l'ordre de mobilisation, son régiment est engagé sur le Front ; Marcel Nondier participe à la bataille de Morhange du 20 août 1914, au cours de laquelle il est blessé au bras et fait prisonnier. Interné en Allemagne au camp de Königsbrück (Saxe) pendant toute la guerre, il est rapatrié le 30 octobre 1918. Le 3 janvier 1919, il est versé au 4e bataillon de chasseurs à pied (4e BCP), puis est démobilisé le 6 août 1919 (certificat de bonne conduite accordé).
Marcel Nondier est titulaire d'une citation à l'ordre du régiment en date du 23 août 1920 (reçue le 27 octobre 1920 dans son cahier), et reçoit la Croix de guerre le 26 novembre 1920.

Informations sur l'acquisition :

Fonds numérisé dans le cadre de la Grande collecte Europeana 1914-1918.

Description physique :

Document numérisé consultable en ligne. Numérisé par les Archives départementales en 2014 sur un copy book i2s. 300 dpi. Couleur. 32 vues.

Ressources complémentaires :

L'original appartient à M. Christian Chanteclair.
Le document a été retrouvé en 1955 dans la maison du grand-père de Christian Chanteclair, à Givry (Saône-et-Loire), où Marcel Nondier semble avoir résidé.

Archives départementales de l'Hérault

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