Document d'archives : Entretien dans le cadre de l’ANR-COLOSTRUM auprès d’une femme âgée de 46 ans, mère de trois filles dans la ville de Fès au Maroc

Contenu :

L’entretien a été enregistré auprès d’une femme âgée de 46 ans, un an après son dernier accouchement. L’informatrice est mère de trois filles et enseignante de français et mathématiques. L’enquêtrice débute l’entretien par des questions sur l'allaitement. L’informatrice explique que c’est pendant sa grossesse qu’elle a pris la décision d'allaiter par “amour” car elle savait déjà que cela serait bénéfique pour l’enfant. Elle explique que la première prise du sein s’est effectuée juste après l’accouchement. Pour ses trois filles, l’informatrice a opté pour un allaitement sur une durée de 2 ans. Elle confie avoir rencontré une seule difficulté face à l’allaitement, celle d’allaiter ses filles à l’extérieur de chez elle, car elle leur donnait le sein à chaque fois qu’elles le réclamaient. Malgré certaines douleurs, l’informatrice explique qu’elle a persisté à allaiter. Il y a eu une séparation, de seulement quelques heures, entre l’informatrice et sa fille, après l’accouchement, pour des raisons d’hospitalisation (césarienne). L’informatrice livre avoir eu peur que son état de fatigue après la césarienne lui empêche de donner le sein à sa fille. Elle évoque également la peur de perte du colostrum. Elle confirme que l’accouchement par césarienne n’a pas eu d’influence sur l'apparition du colostrum même si ça a été très douloureux. Pour elle, aucune distinction n’est à faire entre l’allaitement d’une fille et d’un garçon. L’informatrice n’a pas souhaité donner à son enfant un substitut du colostrum. En effet, elle avait conscience de vertus du colostrum (notamment pour le système immunitaire de l’enfant), de la prévention contre certaines maladies et de la lutte contre la mortalité infantile. L’enquêtrice fait également émerger une réflexion sur la perception du colostrum. L’informatrice le décrit comme une substance visqueuse, de couleur jaune, qui n’a pas d’odeur. Elle le trouve très propre, très important et très appétissant mais n’a jamais osé le goûter. Elle affirme aussi que le colostrum contient beaucoup de vitamines. L’utilisation du tire-lait n’a pas été nécessaire et cela pour aucune de ses grossesses. Elle différencie le lait maternel du colostrum, de par la texture, la couleur et les qualités nutritives. L’enquêtrice aborde par la suite l’environnement culturel de l’informatrice. Ce dernier s’avère être très favorable à l’allaitement. Enfin, l’enquêtrice évoque le rapport avec la religion. L’informatrice, de confession musulmane, explique que la femme doit donner le sein à son bébé pendant deux ans (d’après les prescriptions coraniques) et qu’elle n’a pas le droit de rompre cette période, sauf si son mari lui en donne l’autorisation. Elle répond également positivement à la question sur l’existence de la “parenté de lait” (même dans le cas où l’on donne exclusivement le colostrum). Concernant les conséquences physiques de la grossesse, l’informatrice est catégorique et affirme ne pas prendre de médicaments pour soulager ses douleurs. Elle n’a pas eu de vergetures et a connu une légère prise de poids qu’elle estime tout à fait naturelle. En revanche, afin de faciliter la montée de lait, elle dit avoir mangé des sardines et des pois chiches de façon plus importante qu’à son habitude. Pour elle, la prise du colostrum (tout comme l’allaitement) est nutritive, renforce le lien avec l’enfant et, pour finir, permet une économie financière.

Cote :

MMSH-PH-5208

Inventaire d'archives :

Fonds ANR Colostrum

Description physique :

Importance matérielle :
Durée : 29 min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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