Document d'archives : Un natif de Mirecourt, capitale vosgienne de la lutherie, raconte son apprentissage et sa vie d’artisan

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Hélène Claudot-Hawad, ethnologue et descendante d’une famille de luthiers, a mené plusieurs entretiens sur ce métier entre 1981 et 1993. En 1982, elle s’est rendue dans leur ville d’origine et capitale de la lutherie, Mirecourt. Elle y a rencontré des anciens du métier, issus de la même génération que son père. Dans cette enquête, elle interroge Eugène Guinot dit “le Gégène” en compagnie de son épouse Louise qui participe à l'entretien. L’essor de la lutherie dans les années 1910 à Mirecourt provoque un afflux important de jeunes gens en âge d’apprendre un métier. Eugène Guinot entre en apprentissage à douze ans chez Emile Audinot. Pour ces familles agricultrices, puis ouvrières, le choix de ce métier se fait davantage pour des raisons économiques que par affinité ou par tradition. Mirecourt développe de nombreuses activités grâce à la lutherie, comme par exemple la fabrication de l’outillage. Après avoir travaillé pour quatre maisons différentes, dont vingt-deux ans chez Amédée Dieudonné, Eugène Guinot poursuit son métier à domicile. Il dit avoir lutté toute sa vie pour maintenir des conditions de vie acceptables, et tient en cela à se distinguer des artisans devenus propriétaires d’ateliers. Beaucoup d’ouvriers artisans avaient un atelier dans une pièce de leur maison. L’épouse d’Eugène Guinot travaillait également à domicile en pratiquant la broderie ou en “faisant des perles” (spécialité des femmes de Mirecourt). Mais les brodeuses et les dentellières, pas plus que les luthiers, ne gagnaient correctement leur vie. Eugène Guinot témoigne du déclin progressif et inexorable, selon lui, des activités artisanales de toute la ville en énumérant divers motifs : la crise économique dans la profession après la seconde guerre mondiale, les modifications des pratiques de la musique… Quant à son métier comme savoir-faire, Eugène Guinot précise qu’il réalisait ses violons deux par deux, alternant les techniques du moule en dedans et du moule en dehors ; il livrait ses instruments toujours “en blanc”,laissant les vernisseurs pratiquer leur spécialité. Il évoque le tablier comme accessoire indispensable pour lui. Les femmes qui travaillaient dans les usines de lutherie portaient d’ailleurs le même tablier.

Cote :

MMSH-PH-3488

Inventaire d'archives :

Fonds Hélène Claudot-Hawad

Description physique :

Information matérielles :
1 cass. Numérisé au format WAVE (44,1khz/16bits)
Importance matérielle :
55min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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