L'informatrice née en 1956, employée des Forges et chantiers de La Seyne-sur-Mer, est fille et petite fille d'employés et syndicalistes aux chantiers. Après le baccalauréat, elle commence à travailler aux Chantiers navals en tant qu'intérimaire où elle est formée sur le tas au service facturation. Elle s'engage à son tour dans le syndicalisme CGT ETDAM, où elle représente le personnel féminin des bureaux (90 pour cent de femmes). Elle se bat alors pour obtenir de meilleures conditions de travail : respect des horaires des mères pour pouvoir déposer les enfants à l'école et les récupérer, pour la rentrée des classes, les augmentations... Elle ne voit pas beaucoup de promotion autour d'elle au bureau. Lorsque la société a été en difficulté, elle a été restructurée et la CNIM a ainsi été formée. Son patron lui annonce qu'elle n'en fera pas partie. La vie syndicale et les grèves n'allaient pas de paire avec le travail aux Chantiers. L'informatrice est licenciée en 1984, un licenciement sec, à l'occasion de son congé maternité. Elle accompagne donc son mari, muté à Nice puis à Lyon. Lorsqu'elle apprend que la sirène de la fermeture des Chantiers navals de La Seyne-sur-Mer a sonné, c'est un déchirement. Elle s'est toujours sentie solidaire des travailleurs. Elle se souvient qu'un homme était mort un jour, on lui avait interdit de quitter son travail pour lui rendre hommage et elle en a pleuré. Elle est restée en contact avec certains avec lesquels elle partageait les mêmes valeurs et elle n'a jamais retrouvé cet esprit nulle part ailleurs. Elle se sentait utile aux autres, son engagement militant a enrichi sa vie.