Document d'archives : 1785-1791

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Concerne notamment : - Lettre au député pour lui reprocher son insouciance et le peu de soin qu'il apporte à renseigner la Chambre (7 mars 1785). - Au même, en accusant réception d'un mémoire sur les écoles d'hydrographie : " Le professeur hydrographe à Bordeaux reçoit de la municipalité un traitement sufisant, qui rend cette place digne de la recherche d'hommes capables d'en bien remplir les fonctions " (19 mars). - Aux juge et consuls de Reims et au député, touchant les tentatives de l'administration du Domaine pour soumettre des actes commerciaux au contrôle ; mention de deux arrêts du Parlement, du 10 mars 1784 et du 9 mars 1785, contraires à cette prétention, et d'un arrêt du Conseil, du 22 juin 1784 (9 et 12 avril). - Au comte de Vergennes, sur le commerce des Hollandais aux colonies (12 avril). - A la Chambre de Nantes, sur le projet d'inviter les capitaines à déclarer au secrétariat de la Chambre les faits contraires aux dispositions de l'arrêt du 30 août (13 avril). - Lettre d'envoi à toutes les Chambres de " l'état récapitulatif des denrées coloniales venues à Bordeaux, en 1784, par 204 navires " (16 avril). - Félicitations à M. Le Camus de Néville, nommé intendant de Guienne (7 mai). - Au député : on lui annonce la nomination comme juge et consuls de MM. Dutasta, Vignes neveu et Lauriague (14 mai). - A Dupré de Saint-Maur : accusé de réception de 4 feuilles de la carte de Guienne (21 mai). - Au député : lettre importante sur le commerce des colonies, la traite, la Compagnie des Indes, etc. (28 mai). - A la Chambre de Marseille, pour la féliciter d'avoir poursuivi la punition d'un crime de baraterie : " Sans doute que l'accusation de baraterie que forme de loin Escure contre son capitaine Peyres est sans aucun reflet contre les assureurs, qui, chès vous, à ce que nous pensons, ne s'assujétissent pas, comme ici, aux risques de la baraterie du capitaine " (9 juin). - Aux jurats, pour demander en faveur des bouviers et pour un an, en considération de la cherté des fourrages, une élévation du tarif fixé par les jurats les 4 mars 1776 et 16 mai 1782 (17 juin). - A la Chambre de Marseille, au sujet du privilège de la Compagnie des Indes : " Nous avons apris, MM., que votre ville a déployé d'assés grands efforts pour l'exploitation de ce commerce et qu'elle se préparait à en déployer encore davantage ; plusieurs de nos armateurs ont fait aussi des opérations pour l'Inde, mais plus particulièrement pour les îles de France et de Bourbon, colonies précieuses et qui nous paraissent sacrifiées par cet arrêt : l'ingratitude des affaires de l'Amérique, l'abondance du numéraire et le grand nombre de navires que nous avons de propres au commerce de l'Inde nous faisait désirer qu'il continuât de rester libre " (20 juin). - Aux jurats, pour insister en faveur d'un relèvement temporaire du salaire des bouviers (1er juillet). - A M. de Calonne, sur la nécessité de maintenir les poids auxiliaires : pendant la dernière guerre, il arrivait des flottes de 80 et 100 navires, dont quelques-uns attendaient des mois entiers leur tour de déchargement ; les marchandises souffraient ; un raz-de-marée a détruit plusieurs navires. Il n'y a eu qu'un poids jusqu'en 1738, 2 depuis lors et " le commerce, depuis 1738, a quadruplé à Bordeaux " (9 juillet). - Au même, contre l'élévation exagérée du tarif du domaine d'Occident (25 juillet). - Au ministre de la Marine, sur la concurrence anglaise qui a forcé le commerce français à abandonner Tabago et sur les effets probables des mesures prises pour exclure de cette île les étrangers (26 juillet). - Au même, sur les résultats de l'expédition du marquis de La Jaille, en Gambie : " Nous aurions désiré, Mgr, que l'expédition de M. le marquis de La Jaille eût pu se continuer jusqu'au cap de Monte ; les recherches de cet officier nous auraient fait connaître sur quelle étendue de côte, sans entrer sur les possessions des Portugais, nous pourrions essayer de faire la traite ". La Chambre demande qu'on signale ce point à l'expédition qui doit partir à la fin de l'année " dans l'objet de continuer les opérations interrompues de M. de La Jaille " (26 juillet). - Au secrétaire de l'Intendance, contre la demande de monopole formée par le sr Barthélemy Paillaube, pour une laminerie de plomb : " Tout privilège exclusif, fléau de l'industrie, est en général odieux ; si quelquefois on est obligé d'en accorder, ce n'est qu'en faveur des établissements nécessaires et nouveaux, qui exigent des capitaux au-dessus des fortunes ordinaires et qui ne peuvent ni nuire aux particuliers ni grever le consomateur... Le plomb nous est envoyé en masse, autrement dit en saumon ;... Les potiers d'étain, les marchands de fer, le sr Paillaube lui-même, tous les marchands de plomb et les couvreurs en jettent en planche : quoiqu'il ne soit pas laminé, c'eSaint-à-dire passé au cilindre, il remplit le même emploi " (27 juillet). - Au même, contre le droit de préemption sollicité par la verrerie de Bourg sur les cendres, dans un rayon de trois lieues (27 juillet). - Au député : calculs destinés à prouver que les colonies françaises n'exportent pas pour plus de 6,000,000 de sirop (13 août). - A diverses Chambres, sur les avantages et les inconvénients de la création d'une Chambre de commerce au Cap : " Il est possible que les Gouverneurs et Intendant ayent de l'influence dans les délibérations de cette Chambre ; à l'autorité absolue dont jouissent ces administrateurs on opose cependant l'esprit républicain et indépendant qui anime les Européens résidants dans nos colonies " (15 août). - Aux jurats, sur la requête à eux présentée en augmentation du nombre des pontons, fixé à 12 par le règlement de police du 19 avril 1770 (18 août). - A l'Intendant, en lui adressant les observations de la Chambre sur la requête du sr Teynac, qui demande à émettre 400 actions de 3,000 l. chacune, pour la construction du moulin économique aux Chartrons, au sujet duquel il a obtenu le privilège exclusif (27 août). - Aux jurats, sur les avantages et les inconvénients du transfèrement des pontons à Bègles : " Il faut surtout attribuer à ces corps dormants, qui forment des masses très considérables, les progrès rapides et effrayants que font les atérissements sur toutes les parties du rivage supérieures au quai de La Bastide ; " l'incendie d'un navire en réparation constituait un danger pour la rade : " Le souvenir assés récent d'une semblable catastrophe se présente à l'esprit de tout négociant qui voit chaufer un vaisseau ; " les pontons détachés par la débâcle ou les courants entraînaient tout sur leur passage ; les pontons occupaient une place précieuse pour les barques (16 septembre). - Au ministre de la Marine, longue lettre sur la cherté des vivres aux colonies : " Il n'y a certainement point à Bordeaux dix armateurs qui ayent fait des bénéfices dans leur commerce depuis la paix, et tous les autres ont plus ou moins perdu... Il est de la nature des choses que le négociant travaille autant qu'il lui en reste les moyens, qu'il soit soutenu dans ses pertes par l'espoir de se refaire. " Les colonies fournissent beaucoup de produits et consomment peu de farine : les nègres esclaves ne mangent pas la farine, qui est absorbée par les négociants des villes ou par le très petit nombre de blancs vivant dans les habitations. Les colons se sont presque tous enrichis depuis quelques années. " Il y a depuis longtemps dans notre port une foule de navires qui ne sont pas employés : qu'on fasse entrevoir à leurs propriétaires un espoir raisonable de succès dans l'expédition de ces navires, et on verra les armements se multiplier " (15 novembre). - Au même et au Contrôleur général, pour lui demander la prorogation du privilège des acquits de Guinée en faveur des navires de Bordeaux partis du 1er janvier au 10 novembre 1784 : " Le Maréchal de Mouchy, armé par MM. Feger, Gramont et Compie... A été expédié d'ici au mois d'octobre 1783 pour la côte d'Angole, avec partie de l'assortiment relatif à une traite de mille à douze cents nègres, ne lui manquant que les toiles des Indes nécessaires et dont il est allé se pourvoir à Pondichéry ; il a falu donner le tems de les faire fabriquer, la côte de Coromandel s'étant trouvée, à son arrivée, absolument dépourvue de marchandises. Le Maréchal de Mouchy n'a pu doubler le cap de Bonne-Espérance, en retour des Indes, qu'en août, et il n'aura conséquemment commencé sa traite à Malimbe qu'en septembre dernier ; elle sera trop considérable pour qu'il puisse être rendu à Saint-Domingue avant le mois de février ou mars " (19 novembre). - Au ministre de la Marine, qui avait engagé les négociants à armer pour la Hollande des navires de 100 à 120 tonneaux (26 novembre). - Au député, remercîments chaleureux pour l'envoi de mémoires concernant le commerce (3 décembre). - Au Contrôleur général, sur la prime accordée par l'Angleterre sur le sucre exporté à l'étranger, laquelle " s'élève au moins à 30 0/0 de la valeur commune du sucre rafiné " et entraîne l'épuisement des colonies françaises par la contrebande ; les raffineurs français ne peuvent lutter, payant le charbon de terre deux fois plus cher que les Anglais ; " nos sucres, rafinés par les Hollandais, sont chargés d'à peu près 10 à 11 0/0 de droits, et par nos rafineurs, de 7 1/2 à 8 1/2 0/0 " (10 décembre). - A un négociant d'Angoulême, pour le prier de remplacer par des prénoms les noms des parties, dans l'énoncé d'un parère qu'il a soumis à la Chambre (21 janvier 1786). - Aux jurats, pour approuver la requête en augmentation de salaires présentée par les dragueurs et proposer d'accorder 30 l. pour les ancres des navires de 500 tonneaux et au-dessus, 24 l. pour les ancres des navires de 400 à 500 t., 18 l. de 300 à 400 t., 15 l. au-dessous de 300 t. (27 janvier). - Au maréchal de Mouchy, qui avait reproché à la Chambre de rechercher l'intérêt personnel de ses membres dans son opposition à une demande de monopole pour les assurances (11 mars). - A M. de Chaumont de La Millière, intendant des Ponts et Chaussées, pour combattre un projet d'établissement de pontons de déchargement, " comme favorable aux atterrissements et tendant à détériorer promptement nos quais, déjà tant dégradés par d'autres corps dormants qu'une police surveillante éloigne chaque jour autant qu'il est possible " (14 mars). - Au Contrôleur général, sur la requête des srs Bahn, Stuttenberg et Mich. Fol, " qui viennent d'établir un moulin à martinets à Cadillac ". " Que l'inventeur d'une machine reconnue utile réclame et obtienne, pour prix de l'avantage qu'il assure à son pays, qu'on lui réserve à lui seul pendant un certain tems les profits de son invention et qu'on prohibe à toute autre personne de l'imiter, c'est une manière d'encourager les arts qui, malgré ses inconvénients, a été trop souvent adoptée pour n'avoir pas encore beaucoup de partisants ; mais les entrepreneurs d'un moulin à martinets, d'une machine dont les modèles et les plans sont connus depuis longtems, dont l'établissement ne peut être ni grandement dispendieux ni d'un succès incertain, ont-ils droit aux mêmes faveurs ? " (28 mars.) - Au ministre de la Marine, sur la contrebande qui se fait aux colonies sous pavillon français : " Tous les marchés du Nord et de l'Allemagne sont garnis de denrées de nos colonies, apportées directement par les bâtiments étrangers ; la Suède nous a retiré ses ordres, depuis que des navires arrivés à Stockholm venant de Saint-Barthélemy y ont apporté des chargements écoulés en fraude de nos Iles du Vent ; Saint-Eustache, Saint-Thomas ont tellement pourvu par le même moyen la Hollande et le Dannemarck que, dès le mois d'octobre dernier, il ne restait presque plus de denrées coloniales à la Martinique ni à la Guadeloupe... Les cafés de Saint-Domingue, surtout ceux de la partie du sud, passent en majeure partie à Curaçao ; les sucres, les indigos, les cotons passent de même à la Jamaïque, où ces dernières espèces de denrées sont attirées par des primes que le gouvernement anglois accorde " (11 avril). - Au député, mention d'une commission instituée par les jurats pour étudier les causes de l'envasement du fleuve (15 avril). - Au ministre de la Marine, sur l'admission projetée des nègres de traite étrangère : " 99 navires sortis des ports de France dans le courant de l'année dernière... Ont dû introduire dans les colonies 25,000 noirs au moins ; cette quantité est presque moitié de celle qu'on peut extraire annuellement des côtes de Guinée ; " les armateurs étrangers introduiraient dans nos colonies le rebut de leur traite et les nègres vicieux dont les colonies voisines ne voudraient plus (25 avril). - Au commissaire ordonnateur, sur les usages des armateurs bordelais au sujet des coffres de pharmacie : " C'est le chirurgien du navire qui est chargé de veiller à ce que son coffre de pharmacie soit bien composé ; il le remet pour cet effet chés un maître apothicaire ; ce coffre est ensuite soumis à la vérification de deux inspecteurs maîtres en pharmacie, en présence de MM. Les officiers de l'Amirauté. " Les coffres reviennent presque toujours garnis aux 3/4 ou aux 2/3, " l'usage étant d'envoyer à l'hôpital les malades aussitôt leur arrivée " (29 avril). - Aux Chambres de Nantes, de Saint-Malo et de Marseille, sur les moyens de combattre le privilège de la Compagnie des Indes (11 et 12 juin). - A la Chambre de Nantes, au sujet du tarif du domaine d'Occident : " Le reproche qu'on a toujours fait à la Chambre de commerce de Guienne de porter sa fixation au-dessous de celle des autres est ce qui nous a engagés à nous rapprocher un peu plus que ci-devant de la réalité des prix courants " (16 juin). - Au ministre de la Marine, en réponse à la dépêche annonçant l'ordre donné par le Roi d'appeler un des vaisseaux lancés à Toulon le Commerce de Bordeaux : " Combien ne nous estimerions-nous pas heureux si la Guienne avait l'avantage d'avoir produit le brave marin auquel S. M. daignera confier le commandement du vaisseau le Commerce de Bordeaux ! " (1er juillet.) - Aux Chambres de Nantes, La Rochelle et Saint-Malo, au sujet " de la concession d'un privilège exclusif en faveur de MM. Brillantois, Marion et Cie, de Saint-Malo, pour la traite des nègres à l'embouchure de la rivière de Formose, sur la rive gauche, sous l'obligation de leur part d'y établir un fort... Dans les royaumes d'Ouerre et de Bénin, il y a chaque mois un marché ou foire de captifs, où les navires particuliers vont se pourvoir " : la Chambre craint que l'établissement projeté n'appauvrisse ces foires et n'excite la jalousie des Anglais, " qui fréquentent plus que nous la côte de Bénin " (8 juillet). - Au directeur des Fermes, pour hâter la translation de l'entrepôt du prohibé dans un magasin de la rue de la Devise, l'entrepôt actuel étant insuffisant par suite de " l'accroissement considérable " de la traite (14 juillet). - Au député : " Il est fâcheux que nos réclamations et vos soins n'ayent pu empêcher l'adoption du projet des pontons " (15 juillet). - Au ministre de la Marine, pour lui demander qu'on ne proroge pas le privilège accordé pour 30 mois aux srs Brillantois, Marion et Cie : " Nous ne présumons pas que les concessionnaires de ce privilège puissent tirer un grand avantage de la protection du prince d'Ouerre, que leurs vaisseaux doivent ramener, puisque la royauté n'est pas héréditaire dans ce pays-là et que les rois sont électifs ; ce ne sont que des chefs ; des révolutions très fréquentes les changent d'un instant à l'autre et il est très possible que le prince d'Ouerre, parti en cette qualité, arrive simple sujet " (4 août). - Au même, pour lui annoncer que la Chambre fournira, sur sa demande, des prix-courants de marchandises pouvant donner lieu à des échanges avec l'Amérique : tabac et riz, pour l'importation ; vin, eau-de-vie et drap pour l'exportation (19 août). - A M. de Cornic, à l'Isle-Saint-Georges, pour le consulter sur la question du transfèrement des pontons à caréner (26 août). - Au secrétaire de l'Intendance, sur un arrêt de surséance sollicité par le sr Ridout, lequel est recommandé par le marquis de Lafayette (9 septembre). - A la Chambre de Nantes, contre le projet d'établir en septembre et pour toute l'année le tarif des marchandises soumises au domaine d'Occident : " Les denrées sont ordinairement dans leur plus haute valeur dans les mois d'août et de septembre, parce qu'on précipite les expéditions auparavant que les mers du Nord ne se glacent " (16 septembre). - Au député, sur le même sujet : " Les mois de mars et de septembre sont toujours ceux où la denrée est la plus chère, et juin celle où elle est à meilleur marché " (19 septembre). - A diverses Chambres, sur les arguments que la Chambre de Bordeaux compte faire valoir pour réfuter une assertion du Journal général de France, affirmant les heureux résultats de l'arrêt du Conseil du 30 août 1784 : " Il n'est pas douteux que ce paragraphe n'ait été inséré par ordre du Ministre, qui voudrait persuader à tout l'univers que son arrêt est un chef d'oeuvre. " De 1774 à 1778, le produit des colonies s'est élevé à 150 millions : en 1778, le chiffre a monté par suite de l'excessive cherté des sucres, occasionnée par la guerre, et non point par un accroissement de la culture. " Il ne peut y avoir eu de progression réelle dans la culture qu'il n'y ait eu de progression dans le nombre de cultivateurs : les colonies, pendant la guerre, n'ont pu être approvisionées de noirs. Il y a 500 mille noirs dans toutes les colonies et près de 300 mille dans la seule colonie de Saint-Domingue ; les colons ont dit et ont imprimé que la mortalité allait à 10 p. 0/0 ; cette assertion est exagérée ; en la portant à 5 0/0, c'est encore beaucoup ; mais il en résulterait que pendant les 4 années de guerre et la première de la paix, les colonies auraient éprouvé un vuide de près de 100 mille noirs dans leurs atteliers, ce qui a dû faire pour Saint-Domingue 60 mille noirs : c'est à peu près la quantité que nous y avons introduit depuis la paix " (23 septembre). - A diverses Chambres, pour leur demander la valeur des importations d'Amérique de 1774 à 1777 : " Il vous sera peut-être agréable, MM., de savoir ce que notre ville, celle de Nantes et du Havre ont reçu, année commune, pendant les quatre susdites années ; en voici l'état très exact : sucre brut, 53,221 barriques ; terré, 64,730 barriques ; café, 53,592,232 l. ; cottons, 4,205,040 l. ; indigo, 1,650,235 l. " (5 octobre). - Au député, sur les raisons qui militent contre l'arrêt du 30 août 1784 : " 1° la perte totale du commerce des boeufs salés ; cette branche a tout à fait disparu ; 2° l'enlèvement du numéraire de toutes nos colonies ; 3° la plus grande chèreté du boeuf aux Iles-du-Vent ; 4° la nécessité de payer les Anglais créanciers de plus de 16 millions tous les ans pour raison de la fourniture des boeufs et des noirs aux Iles-du-Vent : le colon n'a aujourd'hui que des denrées pour payer, il n'a ni argent ni lettres de change ; 5° les versements frauduleux de farine, et si on trouve le secret d'introduire des farines, objet d'encombrement, combien ne sera-t-il pas plus aisé d'introduire des marchandises fines ? 6° le peu de débouché des marchandises de nos fabriques... Il faut prévoir que la côte d'Affrique s'épuisera, et il est essentiel que le Gouvernement établisse un régime plus conservatoire des nègres, car la mortalité de cette espèce est quelque chose d'affreux, et il est étonnant que toutes ces races d'hommes aillent s'engloutir sans presque laisser de rejettons " (7 octobre). - Au député, à propos du traité de commerce avec l'Angleterre : les vins en profiteront, mais les draperies en souffriront : " Les Anglais seront peut-être plus sages que nous et ils préféreront leurs draps, tandis que nous aurons l'imbécillité de consommer les leurs. " Les raffineries trouvent un grand avantage dans les dispositions de l'arrêt du 25 mai : " Les exportations pour l'étranger vont, depuis juin, à 8,000 quintaux, et avant l'arrêt nous n'en exportions pas 4,000 q. dans toute une année " (14 octobre). - Au Contrôleur général, pour lui demander d'établir une brouette entre Bordeaux et Nantes (2 décembre). - Au ministre de la Marine, contre les privilèges de la Compagnie des Indes : " L'Inde, cette partie du monde qui attirait depuis la paix tous nos regards, parce que nous ne manquions ni de navires, ni de moyens, ni d'émulation pour y commercer, est pour nous une région perdue pendant 15 ans au moins, et quand désormais elle se présentera à nos yeux sur la carte, nous les détournerons pour verser des larmes " (5 décembre). - Aux jurats, à l'occasion de l'établissement d'un nombre indéterminé de pontons autorisé par arrêt du Conseil : " La dificulté que nous avons présentée dans nos mémoires, résultant de l'insufisance de nos quais actuels disparaîtrait, si la disposition projetée de l'espace que couvrent les murailles du Château-Trompète, du côté de la rivière, avait lieu " (6 décembre). - Au député, au sujet de l'accident survenu à l'un des coins destinés à fabriquer les jetons : " Nous sommes surpris de la fréquence que vous nous annoncez de ces sortes d'évènements, et nous nous croyons fondés à soupçonner que ce peut être une insinuation artificieuse de la part du graveur, pour nous mener à la composition d'un abonement, que nous trouverions excessivement cher à 300 l. " (23 décembre). - Au ministre de la Marine : longue lettre demandant qu'on revienne au feu de charbon pour l'éclairage de Cordouan (16 janvier 1787). - Aux jurats, pour combattre " le projet du sr Napias, concernant l'ancrage des navires. " " Jamais circonstance ne fut plus favorable pour demander au Ministre l'établissement d'un bassin " (17 janvier). - Au député, sur le legs de Beaujon en faveur de la Chambre (27 janvier). - A la Chambre du Havre : " Pouvons-nous présentement sufire seuls aux besoins de toutes nos colonies ? Malgré l'accroissement considérable que nous avons donné à notre commerce de traite, à peine avons-nous sufi aux besoins de Saint-Domingue, et nous n'avons été à aucune des Iles-du-Vent : soit bas prix des esclaves, soit concurrence de la part des Anglais, nous avons continué de leur abandonner la fourniture de ces colonies ; mais, les besoins de Saint-Domingue une fois satisfaits, nous pouvons sufire à l'aprovisionement de toutes, car la population des noirs dans toutes les colonies s'élève à 500 mille esclaves ou environ ; en estimant la mortalité à 5 pour cent, le remplacement à y porter tous les ans sera de 25,000, et nous pourrons les fournir, surtout si le Gouvernement établit une meilleure jurisprudence et si les colons veulent concourir à établir de leur côté un régime plus conservatoire de leurs nègres " (3 février). - Au député et à MM. Beaujon frères, sur le legs de M. Beaujon (6 février). - A la Chambre de Nantes, contre l'établissement de 24 paquebots, qui est une mesure " très superflue, parce que nous avons plus de 600 navires employés à cette navigation et desquels S. M., dans tous les tems, pouvait disposer pour l'envoi des dépêches et pour le passage des officiers chargés de l'administration des colonies " (27 février). - Lettres au député, l'une pour le prier de demander à MM. Beaujon l'autorisation de faire reproduire le meilleur portrait de leur frère, l'autre confidentielle, pour l'engager à refuser l'original si ces MM. Le lui offraient (3 mars). - Au député, au sujet de ce portrait : " Nous n'étions point instruits que M. Jarreau en eût un ; il aurait d'ailleurs été possible que nos vues n'eussent pas été remplies, soit par la faiblesse de talents du peintre que nous aurions employé, soit parce que le portrait qu'a M. Jarreau peut être d'une ancienneté à ne pas représenter M. Beaujon dans le costhume et les attributs qui lui conviennent " (24 mars). - A la Chambre de Nantes, sur les mesures prises pour l'armement des paquebots (1er avril). - A diverses Chambres : " Les réclamations du commerce contre la nouvelle Compagnie des Indes ont été jusqu'à présent infructueuses, parce que la protection du ministre qui l'avait établie et qui voulait soutenir son ouvrage a étoufé le cri de la nation ; mais aujourd'hui que ce ministre n'est plus en place, elle a perdu son meilleur et peut-être son unique apui " (16 avril). - Au Contrôleur général, en lui adressant un mémoire demandé à la Chambre par l'arrêt du Conseil du 27 août 1784, évoquant l'instance introduite par-devant la Cour des Aides par des marchands de Bordeaux contre les Fermes (28 avril). - Au député, en lui annonçant la nomination, en qualité de juge et consuls, de MM. Chicou-Bourbon père, Béchade-Cazaux et Maccarthy neveu (12 mai). - Au député, annonce du départ, qui doit avoir lieu le même jour, de M. Letellier, député extraordinaire chargé de solliciter la liberté du commerce dans la mer des Indes (19 mai). - Au ministre de la Marine : " Par un calcul géométrique appliqué sur l'état actuel des choses et comparé aux quatre années depuis la paix, on peut anoncer avec certitude que, dans une révolution de dix années encore, la fortune de nos armateurs sera entièrement absorbée et leurs armements cessés ; déjà les Iles-du-Vent sont nules ou presque nules pour le commerce de France : partie des navires qui en reviennent n'apportent que le tiers ou moitié de leur encombrement, dont le fret à 6 d. ne peut pas à beaucoup près payer les fraix de désarmement, et la toute dépense qui avait servi à faire l'armement est perdue ". " Votre dépêche... A réveillé la douleur, assoupie par l'habitude, de voir leur fortune diminuée d'un tiers au moins depuis la paix " (26 mai). - A M. Letellier, sur le froissement causé au député ordinaire par sa mission : " Nous vous invitons à ne pas vous étonner de la diversité des opinions : dans une capitale, il faut que chacun raisonne ; on n'y aprofondit rien, et le plus souvent la curiosité et l'intérêt particulier sont les seuls principes dont on se plait à tirer des conséquences " (5 juin). - Au même : la Chambre lui expose ses idées sur l'affaire des paquebots et sur la liberté du commerce dans l'Inde (9 juin). - Au même, touchant cette dernière question : le bruit court à Bordeaux que l'administration est embarrassée " parce qu'elle a prêté des sommes considérables à l'abbé d'Espagnac qui, gorgé d'actions, en avait été ébranlé... M. Burgalat n'est pas absolument un membre nécessaire au collège en députation, mais nous regrétons que M. de Missy, qui est allé dans l'Inde, ne soit pas encore rendu : nous en avons témoigné notre surprise à MM. De La Rochelle " (23 juin). - Réponse au ministre de la Marine, concernant les plaintes des Russes sur la contenance des barriques de Bordeaux : cette fraude, d'ailleurs réelle, est prévue par les arrêts du Parlement des 28 août 1772 et 21 avril 1773, qui fixent la jauge des barriques : " Il est vrai que comme cette détermination de la jauge des barriques n'a lieu que pour leur extérieur, il arrive que celles qui sont renforcées de bois n'ont pas la continence prescrite par les règlements " (30 juin). - A MM. Beaujon, accusé de réception des tableaux légués par leur frère : " P. S. Nous avons, MM., l'honneur de vous prévenir que le portrait de la Reine régnante, énoncé dans la disposition de M. Beaujon, ne se trouve point dans le nombre des tableaux que M. Jarreau nous a remis de votre part " (7 juillet). - A M. Letellier : le Gouvernement est arrêté par un prêt de 13 millions à l'abbé d'Espagnac, " pour soutenir l'agiotage des actions, et cette valeur avait été déposée au Trésor royal en ces mêmes actions au prix de 1560 l. " ; mais " à en juger par l'armement du Dauphin pour l'Inde, qui a donné près de 70 p. 0/0 de bénéfice ", le capital s'est accru de 60 0/0 et peut supporter, sans que les propriétaires d'actions perdent sur leurs déboursés, la dépréciation résultant de la liberté du commerce. " La Compagnie non seulement offre, comme vous nous l'aprenez, une somme d'argent pour conserver son privilège, mais même de rembourser les 13 millions tirés du Trésor royal ; cette somme offerte est un moyen de corruption qui déshonorerait l'administration, et si c'est aujourd'hui, comme par le passé, les forts arguments qu'on emploie, tout est perdu :... Il faut mieux présumer des ministres actuels " (7 juillet). - Envoi à la Chambre de Marseille de l'arrêt du Parlement, du 14 mai, touchant l'affaire des paquebots (14 juillet). - A M. Letellier : les Anglais ont des paquebots, parce que leurs navires partent pour les colonies par flottes, tandis que les navires français partent séparément et de façon continue ; les paquebots anglais sont des bâtiments de 200 à 220 tonneaux, qui ne peuvent pas prendre de marchandises et qui sont affrétés par le bureau des Postes moyennant 2,000 à 2,200 l. st. " Il serait fâcheux pour le commerce que M. de Bouillé prît l'intérim du ministère de la Marine : il a l'esprit entièrement colon et M. de Castries ne cherche à le mettre à sa place que parce qu'il lui connaît toutes les dispositions à suivre son régime " (14 juillet). - Au ministre de la Marine, en lui annonçant que deux candidats du Bordelais vont se présenter comme élèves constructeurs : le nombre serait plus élevé si les maîtres constructeurs n'étaient pas admis sans examen suffisant (21 juillet). - A M. Letellier : le Gouvernement a supprimé un Conseil à Saint-Domingue et a placé l'autre " sous les yeux du Gouverneur et à côté de la bayonète, pour pouvoir mieux le contraindre aux enregistrements, parce que les impôts vont voler chés les colons comme chés nous... C'est une bien mauvaise politique que de porter les édits bursaux dans des îles séparées d'une métropole par 2,000 lieues de mer, surtout quand elles avoisinent un continent immense devenu libre pour la même cause. " La poste de Saint-Domingue est affermée 162,000 l. et en rapporte 300,000 ; la petite poste de Bordeaux est affermée 1,800 l. Le port a exporté aux colonies, du 1er janvier 1786 au 19 juillet 1787, 305,000 barils de farine (21 juillet). - Au mème, sur la Compagnie des Indes et la déconfiture de quelques agioteurs, notamment de l'abbé d'Espagnac : " L'État doit s'appercevoir combien les créatures de M. de Calonne ont dû lui coûter " (28 juillet). - Au même : " La santé de M. de Castries est sans doute cause de sa retraite ; il est heureux, dans sa position, de la demander plutôt que de la recevoir... On ne se passera pas d'impôts et on n'en changera la nature que pour les rendre plus lourds ; si tous les esprits avaient été justes, on aurait adopté le territorial, et on regrètera de l'avoir perdu de vue. Les Parlements veulent avoir l'air de soutenir le peuple, mais ils ne veulent pas être peuple " (4 août). - Au même, sur les démarches de l'abbé d'Espagnac : " C'est un joueur qui prend la défense d'un tripot où son industrie n'a pas été heureuse " (11 août). - Au même : les particuliers réussissent mieux que les Compagnies dans les grandes entreprises, même quand elles exigent des capitaux considérables, comme le prouve la traite. " Nous vous remercions, Monsieur, des nouvelles que vous nous donnés sur les réformes faites dans les maisons du Roi et de la Reine ; il ne sufit pas de retrancher d'un côté, si on augmente de l'autre : une économie de 50 millions est un impôt de moins sur les peuples. On répand que la Reine a donné à Trianon une fête qui a coûté 800,000 l. " (18 août). - Au député : " La correspondance que nous sommes obligés de suivre avec M. Letellier... Est la seule cause de notre silence : nous vous prions de croire, M., que les sentiments de la Chambre sont les mêmes à votre égard. " La Chambre le prie de s'abonner chez le graveur chargé de faire les coins des jetons, mais de ne pas dépasser 150 à 200 l. par an (25 août). - A M. Letellier : " Le 20 de ce mois au soir, très tard, les membres de notre Parlement reçurent des lettres de cachet qui les envoyait à Libourne, où ils se sont tous rendus dans l'intervalle de deux fois vingt-quatre heures... Le deuil est dans tous les coeurs, et on fait des voeux pour le calme et la tranquillité... Il n'est pas ici question de la Cour des Aides, dont le sort dépendra sans doute de l'accueil qu'elle fera aux édits et déclarations du Roi : on n'a pas encore pourvu à leur enregistrement. Il n'est pas étonnant que les effets publics baissent : on ne sçait jusqu'où ils peuvent aller, à moins que les troubles actuels ne s'arrêtent " (25 août). - " A toutes les Chambres, " pour les engager à réclamer contre la déclaration royale concernant le timbre (25 août). - A M. Letellier : " Il est malheureux que les circonstances soient aussi orageuses dans la capitale : elles pourront produire des contre-coups funestes aux provinces ; l'argent est d'une très grande rareté à Bordeaux, et la confiance est fort resserrée... Tous les bons citoyens sont dans le deuil de la translation du Parlement à Libourne ; deux courriers extraordinaires sont arrivés avant-hier, et M. le Commandant s'est transporté dans cette ville ; on ignore encore quel est le motif de son voyage, on préjuge que c'est l'enregistrement de l'ordonnance concernant le timbre " (1er septembre). - Au député, lettre contenant un éloge de l'intendant Le Camus de Néville (8 septembre). - A M. Letellier : " La translation du Parlement de Bordeaux à Agen, comme on l'avait d'abord répandu, n'a point eu lieu : il y a eu, au contraire, prorogation de sa résidence à Libourne " (15 septembre). - A l'intendant général des Postes, afin de demander la substitution d'une brouette au courrier à cheval, pour le service des postes entre Bordeaux et la Bretagne : " Nous convenons que la route de La Rochelle ici a besoin de grandes réparations, surtout celle depuis Mirambeau à Cubzac " (2 octobre). - A M. Letellier : la Chambre approuve le cadeau de 6,600 l. offert par les députés de onze chambres à l'abbé Morellet, auteur d'un mémoire pour la liberté du commerce de l'Inde (2 octobre). - A l'archevèque de Toulouse et au ministre des Affaires étrangères, sur les bruits de rupture prochaine avec l'Angleterre, qui ont fait monter à l'excès le taux des assurances (13 octobre). - A M. Letellier, sur la fourberie de de Calonne : " Qu'eSaint-ce donc que le Conseil d'un État où un seul homme peut, sur une fausse assertion, faire commettre la plus grande des fautes ? " Si on ne se met pas en garde contre l'astuce, le Conseil dépend d'un homme, " et s'il manque de probité, tout est perdu. " Les Bordelais se félicitent de la capitulation d'Amsterdam, qui est un riche entrepôt et dont la mise au pillage eût été très onéreuse à la France. On craint la guerre : les assureurs de la place ont recommencé leurs opérations, moyennant une prime de 25 0/0 en cas d'hostilités (13 octobre). - Au député : la Chambre le prie de traiter avec le graveur des coins de jetons sur le pied de 200 l. par an, acceptées par celui-ci (10 novembre). - A l'abbé Morellet, en lui envoyant un extrait de la délibération prise par la Chambre pour le remercier de l'appui par lui prêté au commerce contre la Compagnie des Indes (30 novembre). - Au Contrôleur général, pour solliciter une prorogation de la modération des droits perçus à la sortie sur les vins, modération qui vient de produire un excellent résultat (8 décembre). - A l'Intendant, contre le projet de réserver aux navires français l'exportation des grains : les États du Nord ont une marine organisée pour le cabotage ; la marine française est propre au long cours : il faut encourager celle-ci sans affaiblir celle-là : " Nous ressemblerions aux Romains, qui, en jalousant tous les peuples, se nuisaient à eux-mêmes... Tout, dans le monde politique comme dans le phisique, a une liaison qu'il serait dangereux d'interrompre : les étrangers ont besoin de nous comme nous avons besoin d'eux, et si nous voulions nous passer de leur marine, nous tomberions dans l'isolation ; nous finirions par leur vendre nos navires, comme la Suisse vend ses hommes " (14 décembre). - Réponse aux examinateurs d'hydrographie, exposant que l'école d'hydrographie de Bordeaux dépend des jurats et que la Chambre n'a ni le pouvoir ni les fonds nécessaires pour donner suite à leurs demandes (14 décembre). - A M. Letellier : la Chambre, qui " a été la première à s'occuper de rapeller la liberté dans les mers d'Azie ", se félicite de l'avoir choisi pour la représenter (14 décembre). - Au commissaire ordonnateur, qui proposait à la Chambre d'avancer les fonds nécessaires à la réparation de Cordouan : la Chambre combat l'éclairage par les réverbères et se prononce contre l'exhaussement de la tour, lequel " ajoutera à plusieurs inconvénients celui d'exposer cette tour à recevoir une plus grande impression des efforts des tempêtes, si fréquentes dans nos parages en hiver " (22 décembre). - Au ministre de la Marine, sur le mème sujet : la recette des droits pour Cordouan donnant, année commune, 50,000 l., et l'entretien coûtant 27,500 l., le surplus devrait suffire pour les dépenses actuelles. L'éclairage au charbon est préférable : le transport des huiles est plus facile, il est vrai, mais " partout où deux gabarres passent, il en passera dix-huit et vingt " ; la réparation ne s'élèverait qu'à 41,538 l. 7 s. 9 d., au lieu de 148,951 l. 10 s. 10 d., et les feux ne cesseraient pas d'être allumés. La Chambre offre de se charger de Cordouan : " Si les chantiers de construction sont déserts, conservons au moins les instruments de mer qui nous restent " (24 décembre). - A M. Letellier, longue lettre réfutant un factum de la Compagnie des Indes : la France a besoin de commercer dans les Indes ; " elle est destinée par sa situation et la richesse de son sol à avoir une marine dispendieuse, qu'elle ne peut soutenir désormais qu'en transportant les objets de luxe de la plus grande valeur ; tout comme les nations du Nord ne peuvent exister que par un commerce d'économie... De tous les contracts, le plus sacré c'est sans contredit le social ; il n'en est point qui puisse le renverser ; tous les autres lui sont subordonnés ; ils n'en sont qu'une émanation " (5 janvier 1788). - Au comte de Montmorin, sur les causes pour lesquelles divers armateurs n'ont exporté du Sénégal qu'un nombre restreint de noirs : " Le sr M..., armateur du navire la Bonne Union,... Avait établi depuis quelques années une maison de commerce au Sénégal, afin qu'elle se prémunit de nègres pour les tenir prêts à l'arrivée des navires et éviter par là un séjour dispendieux ; il l'entretenait de marchandises " ; la Compagnie de la gomme a gêné ses opérations (5 janvier). - A l'abbé Morellet, en le félicitant de son rétablissement : " La prévention dans laquelle nous sommes que rien n'est plus salutaire dans une convalescence que l'usage des vins de notre cru nous a fait imaginer que nous rendrions la vôtre plus prompte en vous priant d'agréer huit caisses de vin de Lafite de l'année 1784 " (15 janvier). - Au ministre de la Marine, qui a prescrit aux administrateurs des colonies d'exempter des dispositions de l'arrêt du Conseil du 30 août 1784 les navires espagnols venant directement des ports espagnols : " Une des causes principales qui ont empêché les Espagnols de la Havane de se rendre à Saint-Domingue est la mention que l'on a fait de l'arrivée de leurs bâtiments dans les affiches américaines ; elles ont instruit le gouvernement espagnol de la sortie de leurs piastres et des bâtiments qui en introduisaient dans nos colonies " (19 janvier). - A M. Letellier, sur les agissements de la Compagnie des Indes, sur l'inconvénient de calculer la prime accordée aux armateurs d'après l'encombrement des tonneaux et non d'après le nombre des nègres importés aux colonies : " La fragilité de la vie des hommes, dont le moral est toujours sensiblement affecté en quittant la terre qui les a vu naître, mettra toujours les calculs de probabilité en défaut " ; enfin, contre l'établissement projeté du papier-monnaie aux îles de France et de Bourbon : " Jamais un papier n'est un bon gage pour les particuliers, et de ce qu'on n'y a pas une grande confiance il en résulte : 1° que toutes choses augmentent en raison du danger que l'on court ; 2° que le change est très haut, c'eSaint-à-dire que pour peu d'argent effectif on donne beaucoup en papier ; 3° que l'État ne peut pas s'acquitter exactement, quand le moment en est venu, parce qu'on lui a donné trop peu pour beaucoup ; 4° que les laborieux sont tout à coup appauvris et que plusieurs s'enrichissent sans travail ; 5° que, dans cette appréhension, on resserre son argent et que les affaires languissent en proportion de la défiance " (30 janvier). - Au ministre de la Marine : la Chambre lui envoie un arrêt du 11 février 1787, confirmant celui du 1er mars 1744, qui fixe à 32 veltes la contenance des barriques de vin (30 janvier). - A M. Letellier : " L'édit des Protestants est public ; les bons esprits, dans l'une et l'autre religion, le trouvent fort sage ; on conserve à la catholique la préférence et le respect qui lui sont dus et au protestantisme une indulgence conforme aux principes de raison et d'humanité " (12 février). - Au Contrôleur général, qui a informé la Chambre de la prorogation pour un an de l'exemption octroyée par l'arrêt du 10 septembre 1786, des droits de sortie sur les vins de Guienne (23 février). - A M. Letellier : les îles de France et de Bourbon " sont faites pour être l'entrepôt de toutes les marchandises de l'Inde et de celles de l'Europe ; ce marché, en y admettant toutes les nations, sera sans doute immense... Il n'en est pas de ces îles comme de nos colonies : elles n'offrent point d'objet d'échange, et le régime en doit être diférent ; autant nous devons être jaloux des dernières, autant nous devons attirer l'industrie des autres nations dans les premières. " La France doit admettre les États-Unis dans ses établissements de l'Inde, afin de combattre la prépondérance des Anglais. " Il est étonnant que MM. Les députés ordinaires n'instruisent pas leur Chambre de ce qu'ils savent à cet égard : ils en recevraient peut-être des lumières qui vaudraient les leurs " (26 février). - Au ministre de la Marine, sur le détour par Paris que font les lettres de Bretagne pour Bordeaux : la Nathalie, de 700 tonneaux, ayant péri à l'île de Ré, on n'a pu assurer à temps la cargaison, dont les propriétaires ont été avisés trop tard (1er mars). - Au député, sur l'organisation du Bureau du commerce : la Chambre va demander deux directeurs de plus, que l'on pourra choisir en dehors des anciens consuls ; les protestants, qui sont inhabiles à toute judicature, pourront faire aussi partie de la Chambre : " Il était bien étonnant que des négociants connus par leurs talents et leur mérite fussent obscurcis, sous le prétexte frivole d'être non conformistes... Nous croyons que le désir que nous avons de les voir dans la Chambre méritera toute approbation, et comme un bien ne s'opère pas seul, il fera disparaître ce sentiment aveugle de préférence dans le choix des sujets, qui renfermait dans un ou deux partis cette puissance d'élection si contraire à l'encouragement, à l'exacte équité et au dévelopement des lumières " (11 mars). - Aux jurats, concernant un mémoire du sr Pasquié, relatif aux atterrissements (15 mars). - Aux commissaires du Bureau de commerce : " En général, toutes les jurandes établies pour le service du commerce ne peuvent que le gêner considérablement " : les marchands de poisson salé " ont la faculté d'accaparer tout le poisson, d'en fixer eux-mêmes le prix... Et de ne le livrer au peuple qu'à un bénéfice exorbitant " ; les brevets de courtiers sont peut-être trop nombreux ; les peseurs sont nommés et rétribués par les Douanes, mais ils prélèvent, sous forme de gratifications volontaires, des indemnités qui offrent plusieurs inconvénients (8 avril). - Aux jurats, sur les causes assignées par les pilotes de Pauillac aux " dégradations de la rivière, dont les accroissements successifs donnent lieu de craindre que, les passes devenant de plus en plus mauvaises, les vaisseaux tant de S. M. que du commerce ne soient exposés aux plus grands dangers " : jet clandestin du lest dans la rivière et souvent dans les passes ; jet de débris de pierres de La Roque-de-Tau (12 avril). - A M. Letellier : on le prie de demander à l'abbé Morellet l'autorisation de faire faire son portrait et de l'exposer dans la galerie de la Chambre (15 avril). - A la Chambre de La Rochelle : il serait sans doute utile d'élever des forts sur les côtes d'Afrique, comme le font les Anglais, mais ceux-ci protesteraient et le Gouvernement ne compromettrait pas la paix (15 avril). - A M. Letellier : " Vous avez très bien compris le sens de notre lettre en diférant de demander à M. l'abbé Morellet son portrait jusqu'au dénouement de l'affaire " (29 avril). - Au député ordinaire, sur les abus des bureaux d'assurances : " On en compte aujourd'hui sept ; la rivalité de ceux qui les tiennent leur fait pratiquer une foule de fausses manoeuvres, qui ont dégoûté les meilleures maisons de commerce des assurances et qui font porter au dehors les sommes à assurer. " La Chambre combat un projet d'entrepôt réel pour les cafés : " Les Fermiers généraux ont eu raison de dire qu'il y avait 1,700 entrepôts dans la ville de Bordeaux ; il y en a plus que de maisons de commerce... Toutes les maisons dans les rues qui avoisinent les bords de la rivière sont en grande partie disposées à y recevoir des denrées " (29 avril). - Au même : la Chambre lui annonce, entre autres, l'élection de MM. Ferrière, Marchand et Gaubert, comme juge et consuls (6 mai). - A M. Letellier : " Notre Parlement a presqu'en entier quitté Libourne ; divers membres sont ici, les autres à leur campagne jusqu'à ce qu'on juge à propos de les rapeller et de les réunir ; il n'y a plus que la Bourse et l'Amirauté qui rendent la justice ; on ne peut se faire une idée du mal que cause à la province l'absence de notre Parlement " (24 mai). - Aux jurats, réponse à une demande de renseignements relatifs à un conflit entre l'adjudicataire des fermes des octrois et certains négociants, à propos de bières (29 mai). - A M. Letellier : la Chambre ne sait pas encore quel cadeau elle doit faire à l'abbé Morellet ; celui-ci a fait savoir indirectement qu'il préférerait une indemnité en argent : " Ce défenseur paraît ne pas s'oublier... M. Morellet a singulièrement apprécié le présent que nous lui avons fait de l'excellente barrique de vin de Lafite, qui a coûté plus de 25 louis. " La Chambre déplore l'arrêt du 27 mai 1787, permettant l'admission en franchise des étrangers à l'île de France : " C'est le dernier coup que le maréchal de Castries a voulu porter au commerce " (28 juin). - Aux jurats : " L'attérissement du moulin que l'on construit aux Chartrons fait concevoir au commerce les plus grandes inquiétudes sur les suites funestes de la mobilité des terres, qui, s'écroulant, pourraient insensiblement embarrasser la passe des vaisseaux " (6 juillet). - A M. Foulon d'Écotier, intendant de la Guadeloupe : " Il arrivait dans notre port, avant l'arrêt du 30 août 1784, 55 à 60 mille barils de boeuf, dont les cargaisons de nos navires destinés pour les Iles-du-Vent étaient formées en quantité principale ; les beurres de première qualité nous étaient destinés. Maintenant ces deux articles ne nous viennent qu'en quantité très modique et en qualité très ordinaire comparativement... L'importation s'en fait directement, " et l'étranger ne porte dans nos colonies que le rebut. " Le nombre de nos navires diminue tous les jours soit par les naufrages, soit par leur vétusté et nos chantiers, ci-devant si actifs, sont déserts " (28 juillet). - Au Contrôleur général : réponse à une demande de renseignements sur l'exécution du traité de commerce avec l'Angleterre : " Il y a eu des eaux-de-vie expédiées de Bordeaux saisies et confisquées en Angleterre, pour avoir excédé d'un demi-degré l'épreuve nouvellement fixée dans ce royaume " (29 juillet). - A la Chambre de Nantes, qui désirait connaître l'organisation des courtiers de Bordeaux : " Les courtiers des navires de cette place sont courtiers royaux, par provision payée au Roi, enregistrée à l'Amirauté et scellée du sceau, de M. l'Amiral ; aucun courtier ne peut exercer son état qu'après avoir subi un examen de la Chambre de commerce ; il prête ensuite serment au siège de l'Amirauté. Les courtiers des navires étrangers travaillent ensemble dans un même bureau, qu'ils ont loué, et font bourse commune ; il n'en est pas de même des courtiers des bâtiments français, qui se réunissent dans la Douane de sortie, où quelques-uns ont un pupitre ; chacun travaille pour soi, de sorte que celui qui, par ses soins, s'attire le plus la confiance des armateurs gagne bien davantage que ses confrères qui sont moins occupés. Nous n'avons pas à nous plaindre des courtiers, qui, outre leur état, sont pour ainsi dire les expéditionaires du commerce, en ce qu'ils se mêlent de remplir à la Douane toutes les formalités, au lieu et place des négociants... Il n'y a ici qu'un courtier anglais reçu, qui ne fait pas corps avec ceux des navires étrangers " (23 août). - A l'Intendant, qui avait communiqué à la Chambre un mémoire exposant les moyens d'éclairer le Gouvernement sur les besoins du commerce (4 septembre). - A Necker, félicitations sur son retour aux affaires (6 septembre). - A M. Letellier, sur les lenteurs du procès et les difficultés que fait M. Grignet d'avancer des espèces à la Chambre : " Il est désagréable pour la Chambre d'être assujétie à ne pouvoir recevoir les comptes de ce receveur qu'en présence de M. l'Intendant. Dieu sçait quand ces comptes seront rendus ! " (20 septembre). - A divers personnages, pour demander que le commerce soit représenté aux États Généraux (14 octobre). - A divers personnages, pour demander que l'on étende à toutes les provenances, en la réduisant, la prime accordée aux importations de blés des États-Unis ; les négociants craignent que les autres nations ne s'abstiennent et que la disette ne s'ensuive (12 décembre). - A Necker, en lui recommandant une requête de négociants qui n'ont pu expédier des vins à temps pour jouir d'une modération de droits : " Ils ont été arrêtés par les glaces dont la rivière a été couverte depuis le lundi jusqu'au mercredi, les seuls trois jours ouvrables qui ont suivi les fêtes " (3 janvier 1789). - A M. d'Olhaberriague, consul de France à Santander, pour lui faire connaître les propriétaires d'un chasse-marée rencontré sans équipage sur les côtes d'Espagne (7 janvier). - A M. Lafon de Camarsac, pour le prier de suivre la rivière avec quatre pilotes de Pauillac, de ce port au Verdon, pour porter secours aux navires arrêtés par les glaces (10 janvier). - A Necker, sur les importations de grains : " Huit de ces cargaisons, arrivées en dernier lieu, Mgr, sont investies par les glaces dont notre rivière est surchargée ; toutes opérations sont absolument suspendues ; l'aspect de notre port est effrayant ; les plus grands dangers existent au bas de la rivière : d'énormes montagnes de glaces en embarrassent l'entrée ; plusieurs navires de départ pour l'Amérique ou en revenant, ainsi que quelques autres chargés de grains, ont péri ou soufert des avaries très considérables " (10 janvier). - A M. Lafon de Camarsac, pour le remercier du zèle avec lequel il s'est acquitté de la mission à lui confiée par la Chambre (24 janvier). - A MM. Castaing, Seignouret, Delorthe, Letellier, Saintout, les chevaliers Cornick et Montaut : prière d'examiner s'il convient de laisser à Bègles les pontons de carénage. La lettre à M. Cornick porte en P. S. : " Nous avons l'honeur de vous observer, M., que le carénage est totalement détruit à Bègle, trois pontons ayant été coulé bas et les autres emportés par les glaces " (24 janvier). - Aux jurats, en leur transmettant le rapport de la commission nommée par la Chambre pour examiner la question des pontons : " Il résulte de ce raport qu'il est d'une nécessité absolue de renoncer au carénage à Bègles " (14 février). - Au ministre de la Marine, sur le commerce des colonies : " Il ne faut, Mgr, que comparer la prospérité des colonies avec la décadence du commerce de la métropole, pour se convaincre que les raports qui devaient exister n'existent plus... Depuis la paix, Mgr, les armements pris en masse ont donné des pertes énormes ; dans ce moment, nos capitaines font des ventes écrasantes " (24 mars). - A toutes les Chambres, pour les inviter à nommer des députés à la suite des États-Généraux : " C'est après deux siècles de silence qu'enfin la voix de la nation va se faire entendre. Enfin, un roi juste et bienfaisant va donner à l'univers entier le touchant spectacle d'un prince qui ne dédaigne pas de s'entourer de son peuple " (28 mars). - A M. Doussin, curé de La Tremblade : félicitations sur son projet de canal entre la Seudre et la Gironde (3 avril). - A Necker, pour demander la prorogation jusqu'au 31 juillet de la prime à l'importation des blés et sur les démarches pour faire lever l'interdiction d'exporter les grains du Brabant : Bordeaux a reçu, depuis le 12 décembre, 183,707 boisseaux de froment et 56,331 boisseaux de seigle ; il ne reste que 20,000 b. de froment et 1,000 à 1,200 de seigle. " La terreur de la disète est presque générale, " et les particuliers font des approvisionnements exagérés. Les boulangers de Bordeaux sont munis pour 2 mois et les magasins du Roi renferment 30,000 boisseaux de froment ; mais la campagne donne des inquiétudes (18 avril). - A M. Chaumon de Lamillière, contre un projet de pont de bateaux sur la Garonne, présenté par le sr Silveyra : Silveyra avait déjà soumis un projet de ce genre à l'intendant Dupré de Saint-Maur et la Chambre avait estimé que le pont projeté serait inutile si on n'en faisait pas un autre à Cubzac et que, même dans ce cas, les avantages ne balançaient pas les inconvénients (21 avril). - Au député : la Chambre lui annonce l'élection de MM. Latuilière, Testart de Grosval et Seignouret, comme juge et consuls (9 mai). - Remerciments au commissaire ordonnateur pour le projet qu'il a communiqué à la Chambre en vue de la construction d'une jetée à l'entrée de la conche de Royan (15 mai). - A Necker, réclamation contre l'évaluation du café pour la perception du domaine d'Occident (23 mai). - Au ministre de la Marine, pour défendre les négociants contre l'accusation portée contre eux par les administrateurs de Saint-Domingue d'avoir mélangé la farine américaine à la farine française importée aux colonies : " On sçait que presque toutes les farines destinées pour l'Amérique nous viennent directement des fabriques de l'Agenais et du Quercy, qu'en descendant de la rivière elles abordent nos navires pour opérer un transbordement plus prompt " (30 mai). - Au commissaire ordonnateur : le commerce, ruiné par l'arrêt du Conseil du 30 août 1784, ne peut pas supporter le doublement du droit levé pour la tour de Cordouan ; on pourrait prendre, pour construire une jetée à Royan, partie des sommes " immenses " que doit avoir produites le droit des engagés (30 mai). - Au ministre de la Marine : le Parlement, sans rapporter l'arrêt par lequel il a autorisé la sortie des grains, a donné mandat au président d'Augeard d'accorder des autorisations de sortie : " Ainsi, Mgr, les expéditions du comerce se font, à peu de chose près, avec la même liberté qu'avant l'arrêt du Parlement " (20 juin). - Au même, contre l'établissement prescrit par l'assemblée de la Guadeloupe d'un droit de 1 0/0 à l'entrée et de 2 0/0 à la sortie sur les cargaisons des navires français, pour aider la colonie au paiement de l'impôt d'un million (27 juin). - Au même, pour lui annoncer que le Parlement est revenu sur sa décision, " en sorte que plusieurs des navires qui, en vertu des permissions qu'ils avaient obtenues... S'étaient rendus au bas de la rivière pour mettre dehors y ont été arrêtés de nouveau " (27 juin). - A toutes les Chambres : invitation à nommer des députés à la suite des États-Généraux pour combattre les intrigues des colons (4 juillet). - A Bailly, " président des comunes, " félicitations et prière d'accueillir la demande que Nairac doit lui adresser au nom de la Chambre : " L'Assemblée nationale, exempte désormais de tout motif d'intérêt particulier, par l'effet de l'heureuse réunion qui la rend absolument complète, n'est plus qu'une famille qui, sous l'égide et la protection du meilleur des Rois et sous les auspices du ministère le plus pur et le plus éclairé, va s'occuper de poser les fondements de la félicité publique et d'en répartir la jouissance selon les droits de la nature et de la justice " (4 juillet). - A Nairac, pour le prier de remettre à Bailly la lettre qui lui est destinée " et de lui demander son portrait au nom de la Chambre... ; notre intention est de le faire graver ; c'est l'expression la plus apologétique de notre reconaissance " (4 juillet). - Aux Chambres du Havre, de Nantes et de La Rochelle : la Chambre exprime l'avis " qu'il serait convenable que chaque députation fût formée de deux négociants " (18 juillet). - A Nairac : " Lorsque votre nom retentit avec éloge dans toute notre province, nous venons mêler nos voix à celles de nos concitoyens pour vous payer le juste tribut de louanges qui vous est dû : sans vous, M., sans le zèle vraiment patriotique qui vous a inspiré le généreux dessein de nous anoncer par un courrier extraordinaire le funeste mais utile évènement dont la capitale a été le sanglant théâtre, plus de trente familles peut-être perdaient leur honeur. Votre lettre a produit le plus grand effet : elle est cause que tous nos concitoyens, dans tous les ordres, même le militaire, ont arboré la cocarde patriotique et sont enflammés du désir de voir naître la plus parfaite harmonie " (21 juillet). - A Bailly, remerciement pour la suite qu'il a donnée à la demande de la Chambre (1er août). - Au sr Hache, négociant à Bordeaux : félicitations pour un mémoire imprimé sur les colonies, rédigé sous forme de lettre à la Chambre (3 août). - A Necker : félicitations enthousiastes sur son retour aux affaires (13 août). - A l'archevêque de Bordeaux : félicitations à l'occasion de sa nomination comme Garde des Sceaux (13 août). - A M. Béchade-Casaux, pour l'informer qu'une assemblée du commerce a annulé son élection (22 août). - A l'Intendant, pour qu'on fixe à Pauillac plutôt qu'à Blaye un siège secondaire d'Amirauté : le juge sera plus près du théâtre habituel des naufrages, pour faire les constatations judiciaires et ordonner les travaux de sauvetage : " Presque tous les naufrages ont lieu sur la côte de Médoc et le plus souvent vers Soulac, au-dessous de Pauillac " (22 août). - Au Garde des Sceaux et à Necker, pour les prier " de vouloir bien prononcer sur le sort de la nomination de M. Béchade " (29 août). - Au ministre de la Marine, en lui annonçant le départ de MM. Corbun et Risteau, députés du commerce (5 septembre). - A la société des colons français, sur la nécessité d'empêcher le passage des noirs de France aux colonies et vice versa (15 septembre). - Au ministre de la Marine : " Un arrêt de notre Parlement, du 7 de ce mois, ordonne que chaque armateur ne pourra charger dans son navire qu'un baril de farine par toneau d'encombrement " (15 septembre). - A M. Corbun, au sujet d'un mémoire des colons, « avouant que les noirs ne consoment pas de farine et attribuant leur mortalité au défaut de cette subsistance, au lieu de l'excès de travail qui seul en est la cause ». « Depuis la paix il est sorti de ce port, année commune, 240 à 250 mille barrils de farine, dont le prix commun n'a pas passé 70 l. aux colonies » (26 septembre). - A Necker, sur la rareté du numéraire, lequel est nécessaire à Bordeaux pour « l'armement, tous les ans, de près de 300 navires pour nos colonies..., la vente annuèle de près de 80 millions de marchandises de l'Amérique, dont le tiers se paye toujours au comptant », etc. « Par une de ces révolutions subites dont on ne peut assigner d'autre cause que l'opinion..., le numéraire paraît avoir considérablement diminué et, pour peu que les craintes se prolongent dans la capitale, il finira par disparaître totalement... La piastre, depuis plusieurs années, y vaut de 5 l. 7 s. 6 d. à 5 l. 8 s. » (30 septembre). - Aux députés du commerce près l'Assemblée : « Des bruits populaires sur le compte de plusieurs personnes qu'on accusait d'avoir excédé dans leurs armements le nombre de barils de farine que l'arrêt du Parlement permet d'embarquer, avaient fait craindre pour un moment que le peuple ne mît obstacle à cet embarquement ; mais la justification publique de toutes les personnes accusées a calmé les esprits » (7 novembre). - Aux mêmes : « La Chambre des vacations a enregistré dernièrement le décret de l'Assemblée relatif à la circulation des grains et a arrêté, en même tems, que le Roi serait suplié de s'expliquer relativement à l'aprovisionement des colonies, pour sa réponse être raportée aux Chambres assemblées ; depuis, un autre décret apporté par un courrier, la nuit du samedi au dimanche, a défendu au Parlement de faire sa rentrée et continué jusqu'à nouvel ordre la Chambre des vacations, au moyen de quoi le comerce est rassuré, car on avait murmuré que l'intention du Parlement était d'empêcher l'exportation des farines, au lieu qu'elles continueront de sortir à raison d'un baril par toneau » (10 novembre). - A Nairac, pour lui accuser réception de la lettre annonçant l'envoi du portrait de Bailly (14 novembre). - A Necker, sur la fabrication des monnaies : en 1782, la Chambre, consultée sur le point de savoir s'il y avait lieu de frapper à Bordeaux de la monnaie de cuivre, constata que ce n'était pas nécessaire et répondit néanmoins à l'Intendant qu'elle ne voyait pas d'inconvénient à ce que le directeur en fabriquât pour 100,000 l. ; on présume qu'il porta la somme à 600,000 l. environ ; les payeurs donnent jusqu'à 50, 60, 80 et 100 l. en billon. « On assure que les directeurs gagnent 4 (sic) à 45 p. 0/0 sur cette fabrication d'espèces de cuivre, qu'on leur porte de l'étranger en petites pièces de poids et de grandeur convenable et ils n'ont qu'à les faire passer sous le balancier... Il en paraît beaucoup frapées de cette année-ci » (17 novembre). - Aux députés du commerce : « L'esprit public n'a encore fait en France aucuns progrès, et il n'est que trop commun, dans les discussions relatives aux affaires générales, de voir les particuliers appellés à les traiter les décider toujours d'après leurs vues d'intérêt personel » (17 novembre). - Aux députés de Bordeaux à l'Assemblée, pour leur signaler les services rendus au commerce français par les ports de l'île et par l'ordre de Malte (24 novembre). - Aux députés du commerce, notamment sur la question de la traite : « Cette question, envisagée du côté de l'humanité et présentée par un orateur habile, pourrait être jugée d'emblée... MM. Les 90 électeurs étant excédés d'occupations et de tracasseries, nous avons cru qu'il ne fallait requérir leur intervention qu'en leur présentant un mémoire, pour leur éviter la peine de le faire. » Félicitations à MM. Corbun et Béchade, nommés président et secrétaire du Comité (24 novembre). - A toutes les Chambres, appel contre le projet d'abolition de la traite (5 décembre). - A M. Marchand, député du commerce, pour l'autoriser à rentrer à Bordeaux, où l'appellent ses affaires (15 décembre). - Au commissaire des classes à Royan, sur la construction dans ce port d'une jetée, dont le projet, demandé par le Ministre, a été rédigé en mai par M. Teulère, ingénieur de la tour de Cordouan (19 décembre). - A M. Corbun, député du commerce, contre l'abolition de la traite et contre un projet de traité ouvrant nos colonies à l'étranger à charge de réciprocité : « Nous n'avons pas cherché à légitimer l'établissement de l'esclavage, mais à prouver la nécessité de la maintenir, et ce que nous en avons dit du côté du moral n'avait pour objet que de rassurer sur le compte des esclaves les personnes qui ne savent pas que généralement le sort des noirs est moins dur que celui de la pluspart des mercenaires de l'Europe. » « Sur la démission de M. Béchade, demandée par M. son frère, ainsi que sur le rapel obtenu par M. Marchand et dont M. Vignes a demandé acte à l'Assemblée, elle a nommé au scrutin deux députés, outre M. Risteau, qui va vous aller rejoindre : le nombre des suffrages s'est réuni en faveur de MM. Dommenget et Sers » (23 décembre). - A Nairac : « A l'égard du portrait de M. Bailly, nous n'avons diféré, M., à vous en accuser la réception que parce que nous avons voulu être en état de vous instruire de son effet après qu'il aurait été placé : il ne l'est que depuis très peu et nous en sommes parfaitement satisfaits » (26 décembre). - A « M. Mosnîer, peintre du Roy », sur l'arrivée dud. Portrait : « Nous en sommes on ne peut pas plus satisfaits » (26 décembre). - A M. Corbun, contre l'évacuation de Pondichéry, place nécessaire « pour arrêter les progrès des Anglais, qui ne sont déjà que trop forts sur cette côte », et sur une réunion du commerce, qui va avoir lieu le jour même : « Nous souhaitons que le parti qu'il prendra confirme l'opinion où nous sommes que, dans cette affaire, vos collègues, en écrivant trop précipitament, ont commis une indiscrétion, mais ne se sont rendus coupables d'aucune faute qui doive leur faire perdre la confiance de leurs commettants ; » la Chambre souhaite que le commerce revienne « sur la démission de M. Béchade » (5 janvier 1790). - A Nairac : « M. Lafite-Dupont, trésorier de la Chambre, a acquité votre mandat de cent louis qui lui a été présenté pour le payement du portrait de M. Bailly » (9 janvier). - A M. Corbun, en lui annonçant que M. Béchade est maintenu dans ses fonctions (9 janvier). - A M. Béchade-Casaux : « Nous ne vous cacherons pas, M., que la lettre du 12 décembre était faite pour causer des allarmes » (9 janvier). - Aux Chambres de commerce, pour les inviter à s'opposer à ce qu'on publie les déclarations du quart du revenu, ce qui dévoilerait le secret des fortunes. La Chambre propose d'engager les négociants à refuser cette déclaration « avant que le sort des colonies et par conséquent celui du commerce ne soit préalablement fixé, par la seule raison qu'il est impossible qu'un négociant ou commerçant puisse se fixer lui-même, dans un moment où sa fortune peut être anéantie par un décret qui prononcerait l'admission des étrangers dans nos colonies, la suspension de la traite ou la liberté des noirs » (13 janvier). - Aux députés du commerce : il serait bon de supprimer la franchise de Dunkerque, Lorient et Bayonne, qui n'ont pas de pro- ductions locales à exporter, et de maintenir à Marseille la faculté d'armer pour l'Amérique (16 janvier). - Aux mêmes, sur la nécessité d'un décret fixant la condition des noirs et le sort du commerce : il est entré dans les ports de l'Amirauté de Guienne : en 1788, 3,560 navires ; en 1789, 2,812 ; il en est sorti : en 1788, 3,298 ; en 1789, 2,685 (30 janvier). - Aux députés du commerce, pour leur recommander les délégués de l'armée patriotique de Bordeaux chargés de présenter à l'Assemblée nationale une adresse sur la traite (4 février). - Aux mêmes, sur l'utilité qu'il y aurait à établir dans l'île d'Arvert, dont les côtes occasionnent bien des naufrages, un district et un tribunal, « avec attribution des causes d'amirauté » (20 février). - A M. Bahn, négociant à Bordeaux, auteur d'un projet pour l'établissement d'une caisse d'escompte dans cette ville (26 février). - Aux députés du commerce : « Il nous fait peine que les députés de notre armée aient sollicité pour la lecture de son adresse la priorité sur la lecture de la nôtre ;... L'esprit public est encore au berceau, il faut espérer qu'il grandira. » On croit que les Anglais fomentent des troubles en France ; il serait bon de faire passer des troupes aux colonies. « Vous aurez appris que notre Parlement venait de perdre ce qui lui restait de considération parmi nous ; il a rendu un arrêt pour faire informer des excès commis dans l'Agenais et autres lieux de son ressort. Sous ce regard on lui devait des éloges, mais cet arrêt est précédé d'un réquisitoire qui a révolté tout le monde... C'est dans notre Bourse qu'a été signée la dénonciation de l'arrêt à l'Assemblée nationale... Il a beau faire, nous maintiendrons la Révolution et elle s'effectuera » (2 mars). - Aux mêmes : « Lorsque les citoyens de Bordeaux se déterminèrent à présenter, en corps d'armée, à l'Assemblée nationale une adresse, cette forme excita ici beaucoup de réclamations très censées ; néanmoins elle passa... Ensuite la conduite de notre armée dans la dernière sortie de notre Parlement a fait revenir les esprits prévenus sur notre compte » (9 mars). - Au ministre de la Marine, à l'occasion de l'adoption du drapeau tricolore par les capitaines marchands en rade de la Pointe-à-Pitre : la Chambre espère qu'ils renonceront « à une innovation qui, sans aucune utilité, les exposerait aux plus grands inconvénients » (20 mars). - « A M. Le Grand, acteur du théâtre de Grenoble », auteur d'un mémoire pour le maintien de l'esclavage (27 mars). - « A toutes les Chambres de comerce et jurisdictions consulaires de France, au nombre de 74 » (31 mars). - Au vicomte de Noailles, remercîments chaleureux pour son discours en faveur de la liberté du commerce (10 avril). - Aux députés du commerce : la Chambre engagera les armateurs à donner à l'un des premiers vaisseaux expédiés aux Indes le nom de Saint-Jean de Lone, rapporteur du décret qui a rendu la liberté au commerce (13 avril). - Au vicomte de Noailles, en réponse à sa lettre, que le commerce a décidé de faire imprimer, sur les assignats « dont le commerce de Bordeaux désirait l'émission, même avant qu'il fût question de la décréter... Ces assignats sont attendus avec impatience et seront reçus avec joie par le commerce, qui déjà a recueilli par anticipation quelques fruits de cet établissement, puisque depuis quelques jours les changes et les négociations ont éprouvé une révolution qui présage de plus grands avantages encore » (27 avril). - A M. Hernoux, député à l'Assemblée nationale, pour l'informer que des armateurs, reconnaissants de l'appui par lui prêté au commerce dans la question de l'Inde, ont donné son nom à l'un des bâtiments qui vont être expédiés dans ce pays (1er mai). - Aux officiers municipaux de Bordeaux, à propos des portefaix : « L'état actuel de stagnation du commerce ôte aux ouvriers beaucoup de moyens de travailler : c'est à cette cause qu'il faut attribuer les querelles qui s'élèvent depuis peu entre les diférentes classes de portefaix » (4 mai). - Aux mêmes, sur les assignats et le papier de la caisse d'escompte : on a fondé par souscription à Bordeaux une caisse patriotique, « dont l'unique objet est de donner à bureau ouvert des écus à tous venants pour des assignats de deux et de trois cents livres. » Il existe à Bordeaux pour 3 millions de papier de la caisse d'escompte et il y en aura, avant un mois, pour 5 à 6 millions, dont la conversion demande des précautions (13 mai). - Aux députés du commerce, sur le même objet : « Les espèces d'argent sont encore devenues plus rares depuis les assignats, qui heureusement y supléent abondamment » (15 mai). - Aux députés du commerce et à la Chambre de Bayonne, sur les difficultés créées par les assignats dans cette ville, où n'est point arrivé le décret qui en ordonne la circulation (26 mai). - A Necker, pour obtenir qu'il soit frappé à Bordeaux 100,000 l. de monnaie de billon (7 juillet). - Aux députés du commerce : « Une défiance ridicule, tant elle est extrême, a fait disparaître à Bordeaux le numéraire, qui manque même pour les plus petits payements » (10 juillet). - Au Comité des manufactures et du commerce, sur le malaise du commerce maritime : « Le luxe introduit dans tous les états a gagné la classe des navigateurs... Le haut prix des gages, des vivres et de tous les autres objets, pendant la guerre dernière, a accoutumé tout le monde à de plus gros bénéfices, et le retour de la paix, n'a point encore remis les choses dans leur état naturel » (10 juillet). - A la Chambre de Nantes, sur l'idée de renouveler à époques fixes le mandat des députés ordinaires du commerce : « Comme il est d'usage de procéder à la nomination du nôtre dans une assemblée tenue à l'Hôtel de Ville et qu'il est pourvu à son traitement des deniers de la commune, l'assemblée du commerce a arrêté... Qu'en ne reconaissant pour ses vrais députés que ceux qui ont été nommés près l'Assemblée nationale, il sera fait une députation vers MM. Les officiers municipaux pour les informer du résultat de cette délibération » (24 juillet). - A Nairac, sur un désaccord survenu entre les députés de Bordeaux à l'Assemblée nationale et les députés du commerce (29 juillet). - Aux députés du commerce : « Nous gémissons de ce que la constitution et l'organisation du royaume sont sans cesse arrêtés par des incidents, même par des demandes utiles, mais secondaires ; nous renoncerions quelque tems aux bienfaits de la Nation envers le commerce, qui doit la payer au centuple, si ce sacrifice pouvait avancer le grand ouvrage » (7 août). - Au Comité des manufactures et du commerce, pour demander que l'on facilite l'échange des assignats (7 août). - Aux députés de Saint-Pierre (Martinique), près l'Assemblée nationale, sur les troubles de la colonie : « L'aristocratie aux abois fait ses derniers efforts : ils seront impuissants ; mais il n'en est pas moins affreux que ses tentatives criminèles lui immolent passagèrement pour victimes d'honêtes citoyens et de zélés patriotes » (13 août). - Félicitations à M. Thoumasseau, maire de Saint-Pierre (21 août). - Aux députés de Bordeaux, en leur envoyant divers documents relatifs aux troubles de Saint-Pierre (28 août). - A Nairac et au ministre de la Marine, sur les armements pour les colonies : la récolte est abondante ; 40 navires partiront dans un délai d'un mois ; 25,000 barils de farine sont arrêtés ; seul « le défaut presque absolu de numéraire » donnait des motifs d'inquiétude (28 août). - Aux députés de Saint-Domingue : la Chambre veille, d'accord avec le commissaire ordonnateur, pour empêcher l'embarquement des gens de couleur ; mais elle ne croit pas pouvoir élever contre un embarquement de ce genre effectué au Havre, une protestation qui serait peut-être inconstitutionnelle (28 août). - A toutes les Chambres, pour les engager à demander le châtiment des auteurs des troubles survenus à Saint-Pierre (31 août). - Aux députés de Bordeaux, en leur envoyant le procès-verbal des faits qui se sont passés, le 5, dans l'Assemblée du commerce et, le 6, à la Chambre : « Nous vous aurions envoyé, MM., le papier où était écrite la proposition, dans l'état de désordre où il se trouvait, revêtu déjà de plus de 50 signatures ; mais l'après-midi, quelques négociants étant encore allés pour signer, plusieurs personnes se sont introduites à la fois et l'ont enlevé. Nous devons ajouter que toutes les signatures étaient pour la circulation non forcée des nouveaux assignats à émettre, et qu'elles avaient été fournies par des chefs de maison » (7 septembre). - A la Chambre de Saint-Malo, récit de ce qui s'est passé dans l'assemblée du 5 (7 septembre). - Au vicomte de Noailles, sur le même sujet : la Chambre déplore ces divisions et n'espère pas les calmer à temps : « Dans les circonstances, la convocation d'une assemblée de commerce pourrait avoir des suites dangereuses, qu'il nous paraît de la prudence de prévenir » (18 septembre). - Aux députés de Bordeaux et au Comité du commerce, pour les prémunir contre les intrigues de 85 membres de l'Assemblée de Saint-Marc (Saint-Domingue), qui se sont rendus en France à bord du Léopard, enlevé à M. de La Galissonnière, son commandant (25 septembre). - Au Comité du commerce, relativement « au retour en province de M. Béchade-Casaux,... Qui s'est retiré par congé... Le commerce de notre place sentant, d'après la retraite de MM. Corbun et Béchade-Casaux, ses députés extraordinaires, la nécessité d'une nouvelle représentation, a fait choix de M. Baux, actuèlement à Paris » (1er octobre). - Convocation à M. Béchade-Casaux afin qu'il rende compte au commerce de sa mission et qu'il fasse savoir s'il peut et veut reprendre ses fonctions (26 octobre). - Au Comité de commerce, pour se plaindre qu'il n'ait pas répondu à la lettre qui lui a été précédemment adressée et qu'il ait refusé de recevoir M. Baux, parce que ce dernier ne présentait pas le procès-verbal de sa nomination (30 octobre). - A l'Assemblée nationale : adresse du commerce, recommandant les srs Baignoux, Quesnel et Cie, négociants à Bordeaux, réduits à la misère par un incendie dans la nuit du 10 au 11 novembre (30 novembre). - A la municipalité de Beaucaire, pour refuser de solliciter le maintien des privilèges des foires de cette ville : « Votre position, MM., est exactement la nôtre, et le reculement des barrières prive la ville de Bordeaux des faveurs et des exemptions dont jouissaient les deux foires, lesquelles n'existaient qu'au moyen des modérations de droits ; » néanmoins le commerce bordelais n'a pas protesté, parce que les privilèges sont contraires à l'égalité (2 décembre). - A M. Baux, sur les colonies et sur la nécessité « de travailler à la réforme de quelques idées peu saines, malheureusement trop répandues sur la liberté illimitée du commerce dans nos colonies. Ce mot de liberté qu'il fa[u]drait définir avec exactitude chaque fois qu'on en fait une aplication nouvelle, a égaré sur ce sujet de très bons esprits. » - La Chambre a décidé l'impression du mémoire de M. Clavière, contre les refontes du numéraire, qui « ne parviennent en effet qu'à tourmenter infructueusement le crédit et la circulation publics et n'ont jamais enrichi que les directeurs des Monaies ». Mention du retour à Paris de M. Béchade-Casaux (7 décembre). - A M. Béchade-Casaux, pour l'informer que le commerce a nommé des commissaires pour étudier les moyens de payer ses frais de voyage, tout en refusant de solder immédiatement la dépense de la première mission, qui s'élève à 8,220 l., et de faire des avances pour la seconde (10 décembre). - A M. Foullon d'Écotier, intendant de la Martinique, pour le féliciter d'avoir obtenu justice de l'Assemblée nationale (10 décembre). - Au vicomte de Noailles, pour lui recommander un député extraordinaire de la Martinique (17 décembre). - Au ministre de la Marine, pour accélérer l'envoi de troupes aux colonies : « Permettez-nous de vous dire avec cette mâle franchise qui convient à des hommes libres parlant au nom du salut de la patrie, que vous exposez par ces retardements le sort d'une florissante portion de l'empire et que vous devenez responsable des malheurs que de plus prompts secours eussent pu arrêter ou prévenir » (28 décembre). - Au ministre de la Guerre sur le même objet (28 décembre). - Au Comité de commerce, sur les précautions à prendre pour la circulation des assignats : « établissement, en chaque chef-lieu de département, d'une caisse dans laquelle le caissier de l'extraordinaire déposerait une masse d'assignats pour faire face aux rescriptions qui seraient tirées et dont le caissier expéditeur serait tenu de donner avis à celui sur qui elles seraient délivrées ; » souscription apposée par l'envoyeur au dos des assignats transportés ; signature par le destinataire avant la mise en circulation des assignats ; propriété assurée au destinataire, dans le cas de détournement ; peine de mort contre les contrefacteurs et les faussaires (8 janvier 1791). - Au ministre de la Marine : « Nous espérons que vous ne diférerez pas de nous faire connaître les dispositions que sans doute vous avez déjà adoptées pour presser le départ des troupes et des vaisseaux » (18 janvier). - A M. Baux, pour légitimer la part prise par les capitaines et le commerce bordelais dans les troubles des colonies (25 janvier). - Au Comité de commerce : accusé de réception d'instructions « relativement à l'attribution aux tribunaux de commerce de la connaissance des affaires maritimes et la remise qui était ordonnée devoir être faite des papiers du contentieux de l'Amirauté au tribunal de district » (25 janvier). - Au président du Comité d'agriculture et de commerce : « Les circonstances actuèles ont fait éprouver au commerce des pertes si immenses qu'il n'eut peut-être jamais plus besoin d'être encouragé par la prorogation des primes » (12 février). - Aux députés de Bordeaux, qui demandaient des renseignements sur « la contenance précise du tonneau de vin de Bordeaux, à l'époque du chargement » : les barriques, dont 4 font un tonneau, doivent avoir 32 veltes, mais ces mesures sont prises à l'extérieur, de sorte que la contenance est ordinairement de 30 veltes et quelquefois même, par suite des rabattages, de 28 à 29 veltes ; les barriques du Quercy sont d'habitude de 27 à 28 veltes ; la moyenne, pour le tonneau, est 112 veltes ; le muid de Paris en renferme 36, le tonneau de Bordeaux est au muid de Paris comme 3 1/9 est à 1 (12 février). - A divers : avis que le commerce de Bordeaux a décidé l'envoi d'une députation à l'Assemblée nationale, « pour lui demander qu'elle décrétât comme article constitutionel qu'aucunes loix sur l'état des personnes dans les colonies ne seront décrétées que sur la demande formelle et précise des assemblées coloniales, » et avis que le commerce est revenu sur sa décision (22 février-12 mars). - Au président de l'Assemblée nationale, en lui transmettant, suivant une délibération du commerce, un procès-verbal rédigé, le 9 avril, à bord du Saint Nicolas, de Bordeaux, frété pour transporter des troupes de la Martinique en France : « Les violences que ce verbal constate avoir été exercées par MM. Mallevault et Boisgelin, commandant la frégate la Calipso et la corvète la Fauvète, manifestent évidemment les dispositions malveillantes de ces officiers ; ces violences ont eu pour motif la résistance momentanée que la troupe a opposée à son désarmement, qu'on a voulu effectuer en vertu d'un ordre de M. Béhague, qui ne paraît point avoir été concerté avec MM. Les commissaires du Roi et dont n'avaient aucune connaissance les officiers sous les ordres desquels étaient les militaires transportés en France ; il doit répugner à des soldats français de se voir enlever leurs armes ; cette disposition, louable en elle-même, ne devait être combatue que par la nécessité de se conformer à l'ordre de les rendre, loin d'exciter des propos injurieux, des menaces hostiles, portées jusqu'à annoncer qu'on allait couler bas le navire le Saint Nicolas, sur lequel on a en effet tiré plusieurs coups de canon à boulet » (28 mai). - Notification aux membres de la Chambre et du Comité local de commerce de la décision prise par ce comité de se réunir le mercredi, de quinzaine en quinzaine, à 6 heures de relevée, sans préjudice des séances extraordinaires (17 juin). - Au Directoire du département : remerciement pour l'avis de l'apparition d'une flotte anglaise de 26 voiles (2 juillet). - Au même : prière de lever l'embargo mis sur les navires (6 juillet). - Au même : accusé de réception des ordres donnés la veille au soir pour lever l'embargo (7 juillet). - A Nairac et aux députés du commerce de Bordeaux, pour leur recommander le caporal Gruet et 92 hommes du régiment de la Sarre, condamnés comme déserteurs pour s'être rendus de Tabago au secours de Saint-Pierre (Martinique) : « Il n'est point d'erreurs plus excusables que celles que peuvent produire le patriotisme et l'humanité » (16 juillet). - Aux députés de Bordeaux : « Les grands malheurs que le décret du 15 mai a occasionné dans les colonies inquiettent violemment nos concitoyens, et ceux qui, par leur patente, ont le droit d'assister à l'assemblée du commerce, s'y sont rendus pour manifester des sentiments qu'ils veulent faire connaître à l'Assemblée nationale ; ils croient, MM., que non seulement leur fortune est en danger, mais la fortune publique, mais la tranquillité de leur ville, puisque la suspension des travaux de notre rade atteindra malheureusement toutes les classes de citoyens : ils nous chargent donc, MM., de vous envoyer par un courrier extraordinaire l'adresse qu'ils ont souscrite individuelement » (28 août). - Aux Chambres de Nantes, du Havre et de Marseille : remerciement pour la démarche des capitaines de ces ports en faveur des capitaines bordelais, contre lesquels le Club des Amis de la Constitution, de Port-au-Prince, avait pris un arrêté violent, à la réception du décret du 15 mai (3 septembre). - Aux députés de Bordeaux et aux députés du commerce, sur l'adresse du commerce bordelais relative au décret du 15 mai : le Directoire, qui l'a dénoncée à l'Assemblée nationale comme inconstitutionnelle, a dans trois lettres reconnu son erreur. Les Amis de la Constitution, de Bordeaux, ont envoyé une contre-adresse aux Amis de la Constitution des Jacobins de Paris ; mais cette société « est composée en grande partie de jeunes citoyens qui n'ont ni assés d'expérience ni des connaissances sufisantes pour se former une opinion saine sur des objets d'un aussi grand intérêt, » et de plus elle a invité à signer « les personnes composant les galeries ». « Nous vous prions, MM., de ne faire usage de cette instruction qu'au besoin et qu'autant que votre sagesse vous le suggèrera » (6 septembre). - Au Directoire du département : accusé de réception d'une lettre destinée aux négociants « qui ont souscrit pour contribuer à la solde des gardes nationales destinées pour la défense des frontières », et avis que les souscripteurs sont convoqués pour le jeudi suivant (12 septembre). - A M. Béchade-Casaux, en lui envoyant le procès-verbal de l'assemblée du commerce du 10 : « Nous vous prions de n'en faire usage qu'autant que les circonstances pourraient l'exiger ; il nous paraît même à propos que vous n'en donniez point connaissance à M. Baux » (17 septembre). - A l'assemblée provinciale du nord de Saint-Domingue, en lui adressant un décret adopté par l'Assemblée nationale, le 24, à 6 heures du soir, et confié par Nairac à un courrier extraordinaire (26 septembre). - Aux députés de Bordeaux : accusé de réception dud. Décret : « Nous nous sommes hâtés de le livrer à l'impression, pour faire participer les citoyens de Bordeaux à la nouvelle de cet heureux événement, qui va rétablir la paix dans les colonies » (27 septembre). - Au ministre de l'Intérieur : accusé de réception de sa dépêche concernant le port d'Ambris, sur la côte d'Angole, que la cour de Portugal a prescrit de laisser ouvert à la traite (6 décembre).

Cote :

C 4266

Inventaire d'archives :

Administrations provinciales

Conditions d'accès :

2017

Description physique :

Description physique: (Registre) In-folio, 351 pages.
Registre
Registre: Oui

Type de document :

Document d'archives

Archives départementales de la Gironde

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