Originaire de Kabylie, l’informateur se présente comme français-musulman et insiste tout au long de l’enquête sur cette question d’identité culturelle et religieuse. Issu d’un milieu agricole, il s’engage pour la guerre d’Indochine à l’âge de vingt ans. Il raconte ses impressions à son arrivée à Hanoï et donne un avis très favorable au sujet des forces supplétives vietnamiennes. De retour à Alger, il s’engage en 1955 au 253e régiment de matériel de Bouira. En 1957, il est affecté à Montluçon en tant que chef de section des appelés français-musulmans. Quand il revient en Algérie en 1959, la situation s’est beaucoup durcie. Il est rapatrié en 1961. Il livre à l’enquêteur sa vision personnelle de la situation : il ne comprend pas que la France ait donné l’Indépendance à l’Algérie et aurait souhaité que l’Algérie soit divisée en deux ; d’un côté l’Algérie française-musulmane, de l’autre l’Algérie algérienne. Il donne une vision très positive de ce que lui a apporté la France. Il se dit content de son statut, mais déplore celui de ses enfants qui sont associés aux enfants d’immigrés. En 1977, il raconte sa tentative de retourner en Algérie pour revoir son village : refoulé à la douane avec sa famille dans des conditions douloureuses (insultes, vol de son argent, détérioration de sa voiture), il est contraint de repartir par le premier bateau.

Notes. Appréciations : témoignage d'un engagé ayant vécu la guerre d'Indochine et ayant vécu la guerre d'Algérie en métropole tout en étant sensibilisé au problème.