Un homme de brigue agriculteur dans la vallée de Roya fait remontée l’installation de la famille au 15e siècle après un départ de Toscane. Du temps de sa jeunesse les pentes aménagées en terrasses étaient travaillées. L’année était très divisée par des travaux divers : au printemps il fallait transporter le fumier de mouton pour préparer le terrain pour planter les pommes de terre, après arrachage le même terrain servait à planter le blé de printemps ou les lentilles et l’hiver il travaillait la vigne, taille et labour et tout était effectué à la main avec une charrue à main. Au mois de juin, après la coupe du blé à la faucille le blé était rassemblé en gerbes puis en meules et pendant ce temps ils partaient dans la montagne ramasser le foin; de retour, ils battaient le blé au fléau sur l’aire et passaient un rouleau de bois tiré par un mulet. Parfois ils battaient aussi le blé sur une planche incliné, il était ensuite ventilé pour que les cosses s’envolent, c’était un travail de femmes. A l’automne ils lavaient le blé, puis ils le faisaient sécher sur des draps sur des bancs, il était porté ensuite au moulin petit à petit en fonction des besoins. Plusieurs familles s’associaient pour gérer les réparations du moulin ou la vente de la farine. En septembre, venait le ramassage des pommes de terre, puis l’automne où il fallait ramasser le raisin qui était pressé par des presses à main pour le vin. Il précise que le vin était consommé à chaque repas, et il était conditionné dans la “bava”, une bouteille de bois qui gardait au frais et n’était pas commercialisé. Les sarments de vignes servaient de nourriture complémentaire aux ânes. Quant aux branchages de jeunes feuilles de chênes cela servait à nourrir les chèvres en hiver. Le blé n’était jamais planté au même endroit plus de deux ans de suite. Ils plantaient des “gâches”, une sorte de petit pois, proche du pois chiche et servaient à confectionner des panisses en mélangeant la farine de blé et les “gaches”, le tout étant cuit, mélangé au lait et frit à l’huile en tranches. Les bœufs, servaient au labour au printemps puis ils menaient en forêt en été proche d’une source d’eau pour qu’ils se nourrissent seuls, ils étaient récupérés ensuite à l’automne. L’irrigation se faisait par canaux, et le nettoyage comme l’usage s’organisait à tour de rôle et tous les propriétaires des campagnes concernées se mettaient au travail pour toutes les restaurations qui concernaient les canaux. Quant aux jardins potagers ils étaient répartis tout autour du village en petites surfaces et les cultures restaient limitées : quelques poireaux ou salades mais pas d’autres légumes car la température ne permettait pas de produire tomates ou aubergines. C’était un travail essentiellement féminin de même pour les lentilles qu’il fallait arracher. Elles étaient vendus au marché de Nice comme les pommes, les châtaignes, et les haricots secs. L’informateur cite ensuite les bombardements, le pont de Fontan, et relate des événements dus à la deuxième guerre mondiale.