Document d'archives : Chapitre IX - Affaires militaires

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Sous le titre d'Affaires Militaires, le chapitre IX nous offre successivement les ordonnances royales, les dossiers relatifs au commandement de la Province, aux écoles, à la milice et au recrutement. Sous ce dernier rapport, les enrôlements et les engagements plus ou moins volontaires étant, avant l'institution des milices, le seul mode de recrutement des armées, l'Intendance avait souvent à statuer sur la valeur de ceux que les racoleurs faisaient contracter aux pauvres diables qu'ils attiraient dans leurs filets. D'ordinaire, quand ces derniers résistaient à leurs suggestions, ils usaient de subterfuges : on les invitait à boire à la santé du Roi. Si, comme cela arrivait toujours, ils acceptaient, ou si même ils ramassaient la pièce d'argent que le racoleur laissait tomber comme par mégarde, on les déclarait bien et dûment enrôlés. De telle sorte que si la scène était restée sans témoins, ou si ces malheureux n'avaient point de protections, ils couraient risque d'être arrachés à leurs familles et emmenés au loin. S'ils parvenaient à s'échapper, on les déclarait déserteurs ; la maréchaussée, les soldats se mettaient à leurs trousses et les relançaient jusque dans leurs foyers. Les jugements de l'Intendant témoignent que certaines paroisses payèrent bien cher l'audace qu'elles eurent en plus d'une circonstance de s'opposer les armes à la main à l'exécution du mandat de ces agents de l'autorité.
Puis viennent les régiments provinciaux de Bourgogne, les invalides cantonnés dans les places, ou simplement pensionnés ; les revues des différents corps d'infanterie, de cavalerie ou d'artillerie de passage ou en garnison dans la province. En 1787, le régiment d'artillerie de La Fère étant à Auxonne, le commissaire des guerres consigne comme lieutenant en second d'une compagnie de bombardiers « M. Napolionne de Buonaparte, » absent par congé.
Aux revues succèdent les étapes, les logements, les subsistances militaires.
On a peine à le croire, et pourtant les mêmes actes le démontrent, les rapports des troupes de passage avec l'habitant étaient encore, en plein règne de Louis XIV, presque toujours suivis de collisions sanglantes. Si rude que fût la main de Louvois et si sévères que fussent les ordonnances, officiers et soldats n'avaient pas perdu l'habitude de traiter les habitants des villages comme en pays conquis. Aussi, leur réputation à cet égard était si bien établie qu'à l'annonce d'un passage, les paysans préféraient fuir dans les bois, au risque, et cela arrivait souvent, de retrouver leurs toits incendiés par les soldats furieux de leur déconvenue. A Dijon même, résidence des principales autorités du pays, les rixes n'étaient pas rares. A plus forte raison sur d'autres points de la Province. Aussi n'étaient-ce que procès-verbaux, enquêtes, plaintes des deux parts, caries soldats, quoique mieux armés, n'étaient pas toujours les maîtres du champ de bataille.
Suivent les travaux des fortifications du château de Dijon, de la ville d'Auxonne, des citadelles de Chalon, de Bourg en Bresse, des forts de Pierre-Châtel et de l'Écluse; des casernes, de l'arsenal et du polygone d'Auxonne, ces derniers créés aux frais de cette ville au prix des plus grands sacrifices. Il faut mentionner aussi la fonderie de canons de marine établie en 1668 à Drambon, par Abraham de Besch, suédois de nation, engagé au service de Louis XIV qui le gratifia de la seigneurie du lieu. Abraham de Besch donna une grande impulsion à l'industrie minière dans ces contrées. Des patouillets furent construits à Renêve, à Perrigny-sur-l'Ognon, pour l'alimentation de la nouvelle forge. Malheureusement la mort inopinée de cet étranger détruisit les espérances que l'on fondait sur cette usine qui, par la bonté de ses produits pouvait prendre rang parmi les établissements industriels les plus importants de cette époque.
Les camps d'instruction de cavalerie établis sur la Saône en 1683, 1714, 1727 et 1730, sous le commandement des ducs de Broglie et de Lévis, renferment de curieux renseignements pour l'histoire de nos institutions militaires, au point de vue du service en campagne, des approvisionnements et de la justice militaire. On y voit, sous ce dernier rapport, le bourreau de Dijon en permanence au camp, pour y exécuter les jugements rendus contre les voleurs, les déserteurs et les filles de mauvaise vie.
Viennent ensuite :
Les Hôpitaux militaires ou mixtes, dont nous possédons les feuilles de journée et des pièces administratives, qui, dès le milieu du XVIIIe siècle, témoignent des difficultés qu'éprouvaient les Intendants, à faire admettre dans les hôpitaux civils les militaires atteints de maladies syphilitiques.
Les Poudres et salpêtres, qui montrent à côté des efforts soutenus du gouvernement, pour perfectionner la fabrication des poudres, les plaintes sans cesse renaissantes des communautés villageoises contre les exactions des salpêtriers et les violences dont ils usaient pour pénétrer dans les propriétés. Mentionnons encore la médaille d'or décernée par le roi Louis XVI au curé de Chevannay pour la création d'une nitrière artificielle.
Les dépêches échangées entre le ministre de la guerre et l'Intendant pour le règlement des comptes de l'Extraordinaire des guerres, les états fournis à cet effet par les trésoriers généraux.
Enfin, la Maréchaussée, qui présente à côté des dépêches ministérielles qui réglementent ce service et des revues sévères qu'en passaient les Intendants, des détails curieux sur la chasse donnée aux contrebandiers qui, sous la conduite de Mandrin, avaient rançonné les villes de Bourg, de Beaune et d'Autun. — L'arrestation d'un chef de brigands qui désolait les Dombes. — L'opposition avec violence faite par les religieuses de l'hôpital de Sainte-Reine, à l'exécution d'une visite domiciliaire dans leur maison, etc.

Cote :

C 108-256

Inventaire d'archives :

Intendances

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