L’entretien doit se tenir à la fin des années 1990 sans que l’on connaisse le contexte de l’enregistrement. Il débute par le point de vue de Mouammar Kadhafi sur l'expulsion des entreprises égyptiennes, qu'il attribue à une initiative de Anouar el-Sadate et des services secrets égyptiens. Eric Rouleau interroge Mouammar Kadhafi sur ses positions envers l'Éthiopie et la Somalie et celui-ci se présente comme un ami de l'Éthiopie et de l'Érythrée. Il se dit être un contact privilégié pour développer le dialogue et la négociation comme solution pacifique. Il déclare avoir été surpris par la rapide escalade de violence entre la Somalie et l'Éthiopie et la détérioration de la situation est telle qu’il préfère rester neutre. Il considère que le rôle occidental n’est sans doute pas négligeable mais ne développe pas ce sujet. Il revient à ce propos sur les idées fausses propagées sur la composition religieuse de l'Éthiopie, plus musulmane que les occidentaux ne la présente, et de l'Érythrée où environ 40% de la population serait chrétienne. La crise doit pouvoir se résoudre de manière pacifique. Ainsi, il soutient l'indépendance de l'Érythrée ou a minima une autonomie au sein de l'Éthiopie. La conversation porte ensuite sur les frontières coloniales que Mouammar Kadhafi considère comme source de conflits. Ceux entre la Libye et le Tchad en sont un exemple. Il prône la non-provocation, et affirme que, quoi qu'il advienne, il est toujours ouvert à la négociation en cas de problèmes. Puis la discussion s’engage sur la communication faite à Paris sur ses actions diplomatiques et le manque de couverture par les médias. Il se défend de toute action terroriste ou de tout financement de telles actions et souligne les efforts antiterroristes menés par la Libye, uniques dans les pays arabes d'après lui. La politique française en Afrique est ensuite évoquée et Mouammar Kadhafi critique d’un côté une approche qu’il considère rétrograde et oppressive tout en appréciant l’apport de la France lors de crises récentes. En conclusion, Mouammar Kadhafi souhaite la publication prochaine de la seconde partie du Livre vert, tandis qu’Eric Rouleau exprime l'intérêt continu du gouvernement français pour ses actions et ses idées.