Il est désormais interdit de cacheter les lettres. C'est de l'hôpital d'Épernay qu'Eugène apprend le décès de sa belle-mère (10 août). Le 8, " pour couper à une forte corvée qu'il y avait à faire ", il s'était fait porter malade et, après un séjour à l'infirmerie où il fait en sorte de peu manger, rappelle ses certificats de réforme et se plaint du cœur car, " quand je suis émotionné, le cœur me bat ", il est évacué à l'hôpital d'Épernay. Là, il déprime, étant le seul ancien de sa compagnie, et s'ennuie beaucoup : " quoique n'étant pas malade, je mange moins et je me trouve plus faible " (16 août). Le fait de n'avoir pas eu de nouvelles de sa femme pendant près de 15 jours l'a " rendu plus malade que tout autre chose" (23 août). Son régiment est parti pour une destination inconnue : " les uns disent que c'est aux Dardanelles, les autres en Alsace, les autres ailleurs, à seule fin que personne ne le sait ". Il envoie deux bagues qu'il a réalisées (23 août). Il va de mieux en mieux (24 août), bien qu'ayant du mal à se débarrasser de boutons qui le démangent (29 août, 8 sept.). Recevant l'avis d'un décès, il ne comprend pas de qui il s'agit : " j'ignore si c'est ta pauvre maman ou la mienne que nous avons eu le malheur de perdre " (9 sept.). Il s'agit bien d'un rappel du décès de sa belle-mère (14, 17 sept.). [Cet oubli serait-il le fait de sa maladie, peut-être plus grave qu'il ne le dit ?]. Les malades refusent les propositions de permission, sachant que cela signifie ensuite le retour au front. Ils espèrent tous le transfert dans un autre hôpital (16 sept.), ce qui est le cas pour Eugène : " je suis heureux encore une fois de laisser au loin ces maudites tranchées " (20 sept.). M. Le Roux a écrit au major pour avoir des nouvelles d'Eugène et, devant voyager dans l'Est, passera lui rendre visite : " tu vois quelquefois ce que l'on peut arriver à gagner en flattant ces gens-là " (25 août).