L'informatrice a été inondée le jeudi 4 décembre au soir. Son fils l'a prévenue du risque alors qu'elle était au travail, mais elle ne s'est pas vraiment inquiétée. Elle a commencé à mettre certaines affaires à l'abri, conseillé à ses voisins de déplacer leurs voitures, et elle a déplacé les siennes avec son mari. Ils ont surélevé leurs affaires. Son mari a calfeutré la porte du garage, tous deux pensant qu'ils n'auraient que quelques centimètres d'eau. Une personne est passée dans leur rue en disant que l'eau était près de chez eux, au chemin de Truchet. L'informatrice n'a pas eu de contact direct avec les forces de l'ordre mais n'a vu que des civils. Lorsque l'eau est arrivée au niveau de leur rue, le couple a décidé de mettre plus de choses à l'abri mais ils ont oublié nombre d'affaires de valeur, comme les photographies qui sont restées au rez-de-chaussée. En fin de journée, deux pompiers leur ont demandé s'ils voulaient être évacués mais ils ont préféré s'installer dans une chambre à l'étage. Plus tard, l'eau est entrée dans la maison par le sol et les sanitaires. Ils ont commencé à paniquer. A l'appel à l'aide de leurs voisins, ils les ont hébergés. Le lendemain, l'électricité étant coupée et le téléphone portable n'ayant plus de réseau, ils n'avaient aucune information sur ce qu'il se passait. L'informatrice est descendue dans sa maison, qui contenait alors environ soixante-dix centimètres d'eau froide et sale et dans le garage un mètre cinquante. Son jardin était rempli d'eau à l'aspect gras. En milieu de matinée, ils ont été évacués en barque et les parents de l'informatrice les ont hébergés chez eux, à Saint-Martin-de-Crau. Dès le lundi, elle est retournée travailler. Son mari a fait les démarches pour avoir des aides et des indemnités. L'informatrice s'est considérée comme une SDF. Sur son lieu de travail, les gens racontaient leurs anecdotes, notamment la noyade des animaux, et essayaient de s'entraider. L'informatrice et son époux sont finalement revenus chez eux le samedi suivant, soit plus d'une semaine après leur évacuation. Sa maison était très sale et couverte de boue. Ils ont jeté beaucoup de choses. Le lendemain, l'eau avait disparu du jardin. Tout le quartier avait sorti de leur maison les affaires qui avaient pris l'eau et qui étaient à jeter comme les lits, les appareils électriques ou encore la nourriture. L'informatrice ne s'est aperçue que plus tard que ses photographies de famille avaient pris l'eau. Elle en a été bouleversée. Cependant, elle a pu sauver de nombreuses choses comme les meubles. Elle conclut par la vision qu'elle a du Rhône, à savoir qu'il n'est pas assez exploité et entretenu par la ville d'Arles.

Lors de la rétroconversion de la plateforme Ganoub vers Calames, les mots descripteurs issus du thésaurus de la phonothèque du Secteur Archives de la recherche de la MMSH ainsi que les lieux, personnes et périodes cités ont été rassemblés ci-dessous. Pour cette notice, il s'agit de :

- mots descripteurs : toponymie, abandon de maison, entraide, délimitation du territoire, conservation des aliments, inondation, noyade, hygiène, circulation de l'information, mémoire collective, ménage, mobilier, pluie, relation homme-animal, solidarité, force de l'ordre, pompier, aide sociale, prévention, relation de voisinage, album photos, appareil électroménager, sécurité civile, précarité, coupure d'électricité, rationnement alimentaire ;

- lieux cités : Saint-Martin-de-Crau, Arles, Fos-sur-Mer, Rhône (fleuve), canal du Vigueirat, quartier-Trébon à Arles, Lycée Frédéric Mistral à Arles, avenue-de-Stalingrad à Arles, quartier-Griffeuille à Arles, place-de-Lamartine à Arles, Maison centrale d'Arles, Cimetière-des-Neuf-Collines à Arles, chemin-de-Truchet à Arles, Collège-Vincent-Van-Gogh à Arles, chemin-Noir à Arles, Pharmacie des Arènes à Arles ;

- noms cités : Cérésola, Henri, MDVA ;

- périodes citées : 2004, mercredi 3 décembre 2003, jeudi 4 décembre 2003, 22 septembre 2003, 1974, 1951.