Document d'archives : Économie de l’amande autrefois et mutation du paysage dans la première partie du 20 siècle

Contenu :

L’informateur n’a pas connu le ramassage des amandes mais sa famille lui en a parlé. Il y avait des amandiers partout dans la région mais ils ont tous été arrachés en une vingtaine d’année (à partir des années 1950) avec l’arrivée de la mécanisation. Certains de ces arbres avaient plus de 200 ans. Issus pour la plupart de greffes, ils produisaient plusieurs qualités d’amandes : des amandes dures, des amandes tendres (les “pistaches”) et des amandes amères. Les amandiers n’étaient pas traités, mais seulement taillés. La cueillette se faisait à l’aide d’une gaule et l’on ramassait les amandes tombées. Ensuite, elles étaient séchées puis elles étaient dégovées (retrait de la coque verte). Le dégovage donnait lieu à des veillées où les habitants se réunissaient entre eux. Les amandiers ont été remplacés par des céréales et par du sainfoin pour les troupeaux. Il n’y avait pas de cassoir à Châteauneuf-Val-Saint-Donat et l’on vendait les amandes dans leur coque. Son père lui racontait qu’ils en gardaient un petit peu afin de faire du nougat pour Noël. Les amandes étaient cassées à l’aide d’un petit marteau sur une brique. Autrefois, plusieurs générations vivaient ensemble dans la même ferme et il y avait de la main d’œuvre pour s’occuper de ces opérations. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’amande permettait un revenu et c’était une culture qui se faisait en complément d’autres. Mais elle ne rapportait plus et les arbres gênaient lors du passage des machines. Arracher les amandiers a été très difficile à l’époque. L’opération, qui prenait une demi-journée, consistait à creuser un trou autour de l’arbre, puis de couper les grosses racines jusqu’à ce que l’arbre se couche. Ils ont utilisé un peut plus tard un gros cric facilitant l’opération. Aujourd’hui, plusieurs exploitants essayent de replanter de l’amandier mais la concurrence étrangère est forte. L’amandier n’a pas résisté comme l’olivier qui perdure encore dans la région. L’informateur pense que ce phénomène est dû à la qualité de l’huile d’olive produite ici. Elle est très réputée et possède un goût que l’on ne retrouve pas chez les autres huiles d’olive. L’informateur parle ensuite de l’utilisation des amandes dans la région. Elle est consommée lors du déjeuner et du goûter accompagnée de pain et de miel. Les ouvriers agricoles en gardaient dans leur poche lorsqu'ils partaient travailler. On faisait aussi des “macarons” (appelés aussi “croquants”) et des nougats. Une autre utilisation consistait à griller les coquilles d’amandes afin de teinter et de parfumer l’eau-de-vie locale. Les veillées lors du dégovage permettaient de se retrouver avec les autres habitants, de parler tout en travaillant. Cette forme de solidarité a disparu aujourd’hui à cause, selon l’informateur, de la télévision et de la scolarité plus longue chez les jeunes. Il ajoute que la vie était plus pénible autrefois, mais moins monotone. L’informateur raconte aussi la vie d’agriculteur/éleveur, sa dureté, car il a beaucoup plus de travail qu’avant et se dit “mangé par le travail”. Il ne peut pas payer d’autres employés pour s’occuper de ses 700 moutons. L’enregistrement se termine sur le changement du mode de travail dans la région, passant du travail manuel avec les chevaux au travail avec les tracteurs. Cette enquête a été enregistrée par Domnine Plume à Châteauneuf-Val-Saint-Donat auprès de Monsieur Meynier.

Cote :

MMSH-PH-4500

Description physique :

Importance matérielle :
Durée: 43min

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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