Document d'archives : Récit de vie d’un habitant de La Rochegiron né en 1910 dans une famille paysanne des Alpes-de-Haute-Provence

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L’informateur, né le 22 mars 1910, explique que ses grands parents venaient de Montfroc en 1874 et après leur mariage avaient achetés une maison située à La Rochegiron. Les grands parents travaillaient en famille avec les frères aux champs à la faucille et partaient de Pertuis au Contadour couper le blé ou le battre. Le père de l’informateur était né en 1879 et sa mère, était née en 1887 au Plan de Banon, elle mit au monde 9 enfants dont l’informateur cite les noms et date de naissance ou de décès de ses frères et sœurs. Ses parents avaient acheté plusieurs champs à un vieux paysan sur lesquels ils cultivaient des lavandes "sauvages", ils possédaient aussi des chèvres et des brebis. L’informateur s’occupait des animaux. Il raconte ensuite qu’avec son frère, ils ont cassé des pierres pour la réalisation de la route entre Forcalquier et Banon. Il explique avoir été à l’école jusqu’à 13 ans mais il a été empêché de passer le certificat quand son père est tombé malade et a dû labourer et travailler aux champs. Il déclare avoir fait son service militaire à Antibes (20ème chasseurs de 1931 à 1932) dans les services auxiliaires. Il revint auprès de ses parents, se maria en 1936 et y resta jusqu’à 1945. Il précise que les lavandes, toujours coupées à la faucille, étaient distillées à l’aide d’un alambic familial. La vente de l’essence constituait un apport financier plus important que l’exploitation de la centaine de brebis qu’ils possédaient. Les ruches constituaient également un petit revenu. Il possédait aussi un cheval, une mule, deux juments, et un mulet, pour travailler aux champs ou transporter les pierres. Il évoque les difficultés pour exploiter les terres pendant la guerre car les chevaux avaient été réquisitionnés. Il raconte ensuite quelques anecdotes autour des mules et jument et explique que la visite annuelle du vétérinaire de l’armée décidait ou pas de la réforme des chevaux. il se souvient d’avoir labouré avec l’araire puis ensuite avec une charrue Bertrand puis des charrues Oliver, ces outils étaient achetés chez le maréchal ferrant. Il revient ensuite sur sa scolarité et celle de ses frères, et sur les activités paysannes alternant entres trois “campagnes”. En 1948, ils eurent ensuite le droit d’acheter un tracteur, un John Deere, qui démarrait à l’essence mais qui fonctionnait une fois qu’il avait démarré avec du pétrole. Il le fit modifier ensuite pour un usage exclusif à l’essence. Plus tard, il fit l’achat d’un tracteur Mac Cormick. Il continua toutefois à se servir des chevaux. Il explique ensuite la moisson, le foulage, le battage, et le mode de ventilation du blé. Les blés utilisés nommés “meunier” avait des tiges longues. Ile étaientt portés ensuite au moulin de Plan de Banon qui fonctionnait à l’eau et en décrit le fonctionnement. Il relate ensuite la mobilisation et sa fonction pendant la guerre et explique les conditions d'hébergement, dans des baraquements prévus pour les troupes. Ces bâtiments non isolés du froid lui avaient déclenché une maladie avec forte fièvre et cela eut pour conséquence une hospitalisation de trois mois, une réforme temporaire puis définitive. De fait, il resta dans sa campagne au Gubian. L’enquêtrice pose des questions sur la grand-mère qui vécu jusqu’à 75 ans et est morte en 1925. Il se souvient que sa grand-mère battait au fléau le blé, les lentilles, tondait les brebis préalpes avec des ciseaux de couture et filait la laine à la quenouille et au fuseau pour tricoter ensuite des chaussettes. Cette tonte s’effectuait à la machine par la suite. Il ajoute que sa grand-mère plantait seule le blé sur certaines parcelles en pente, ses grand-parents cultivaient un jardin potager, et possédaient un pigeonnier à la Rochegiron acheté pour leur mariage. Les pierres qui ont servi pour la route venait de leur campagne de Valerne. Les parcelles de bois de chêne et de hêtre, placées au dessus de la Rochegiron, servaient de bois de chauffage. Les moutons et les chèvres passaient un peu partout. Il réalisait des fromages de chèvres pliés dans des feuilles de châtaignier, quelquefois des feuilles de vigne. Le café était fabriqué en faisant griller de l’orge au dessus de la braise. Après la guerre le café, acheté aux épiceries du village, était vendu au détail dans du papier gris comme les autres denrées alimentaires : les olives, le sucre, les pâtes, les conserves, la morue sèche. L’enquêtrice demande quel était le repas de noël et l’informateur explique qu’il mangeait de la morue frite ou de la morue aux poireaux, quant au dessert, il mangeait des fruits à coques, des pommes, ou fruits secs. Sa grand-mère faisait de la tarte à la courge muscade. Ses parents élevaient toujours un cochon, nourri avec des pois chiche, qui était tué en hiver. Il explique ensuite toute la charcuterie élaborée à partir de ces cochons. Occasionnellement, ils consommaient aussi des chevreaux, et vendaient des agneaux. Les poules et les lapins complétaient l’alimentation et l’informateur précise que rien de consommable n’était gaspillé.

Cote :

MMSH-PH-4588

Inventaire d'archives :

Fonds du Musée de Salagon (1)

Informations sur l'acquisition :

Dépôt : 2008-12-05 (Salagon)

Conditions d'accès :

Contrat d’autorisation de consultation et de diffusion signé par l’informateur et l’enquêteur.

Description physique :

Information matérielles :
1 fichier audio numérique formatWAVE (44.1khz-16 bits)
Qualité sonore de l'enregistrement : moyen
Importance matérielle :
Durée : 1h56min16s

Où consulter le document :

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

Maison méditerranéenne des sciences de l'homme (MMSH) - Secteur Archives de la recherche

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