Biographie ou histoire
Lors de l'union du duché de Bretagne avec le royaume de France en 1532, la nouvelle province obtient le privilège de conserver ses états particuliers d'origine ducale. Elle devient alors un "pays d'états" (par opposition aux provinces d'élection, sous administration royale directe), doté de ses propres représentation et administration.
Les États de Bretagne
Convoqués par le roi, les États de Bretagne se réunissent à intervalles réguliers (assises annuelles d'abord puis tous les 2 ans à partir de 1630).
Les États sont composés de membres des trois ordres de la province :
- le clergé : n'est représenté que par le haut-clergé (évêques, abbés et députés des neufs chapitres de cathédrale) ;
- la noblesse : sont convoqués tous les nobles bretons, même s'ils ne résident plus en Bretagne, ainsi que les nobles "étrangers" possédant des biens-fonds dans la province. Seuls sont exclus les gentilshommes entrés dans l'Église, les officiers de la maréchaussée, les officiers des cours souveraines et les gentilshommes ayant un intérêt direct ou indirect avec les fermes du roi ;
- le tiers état : en Bretagne, le tiers est composé des représentants de certaines communautés de ville selon une liste arrêtée en 1614 (à savoir pour l'actuel Finistère : Brest, Carhaix, Concarneau, Douarnenez, Landerneau, Lesneven, Morlaix, Quimper, Quimperlé, Roscoff - uniquement de 1608 à 1614 - et Saint-Pol-de-Léon).
Les sessions sont toujours présidées par l'évêque de la ville où elles se tiennent (le plus souvent l'évêque de Rennes au XVIIIe siècle).
Le rôle des États consiste principalement en la fixation du montant du don gratuit accordé au roi et en la levée de l'impôt : le fouage (ancien impôt ducal consenti au roi) et les autres impositions royales auxquelles ils s'abonnent le long du XVIIIe siècle (capitation, dixième, vingtième, etc.).
Leurs pouvoirs s'accroissent cependant avec le temps, malgré l'installation d'un intendant de la province de Bretagne à Rennes en 1689. Ils obtiennent notamment la gestion des étapes et casernements militaires, celle des grands chemins, la subordination du corps des ponts et chaussées, mais aussi des compétences en matière de travaux publics, d'agriculture et de commerce, ou encore la gestion des haras de la province.
Pour faire face à l'augmentation de leurs compétences et du travail qui en découle, les États cherchent à mettre en place une véritable administration chargée de la gestion des affaires courantes entre leurs sessions. C'est ainsi que naît en 1734 la Commission intermédiaire.
La Commission intermédiaire et les bureaux diocésains
<emph render="underline">La Commission intermédiaire</emph render="underline">
Les premières commissions intermédiaires sont apparues au XVIe siècle pour assurer la vérification du compte des trésoriers des États puis pour représenter les intérêts des États devant les commissaires du roi et dans le cadre de diverses opérations entre leur réunion. D'autres commissions intermédiaires sont instituées tout au long des XVIe et XVIIe siècles pour défendre les droits des États, répartir certains impôts ou surveiller l'exécution d'ouvrages publics. Mais celles-ci sont éphémères et sont régulièrement supprimées. Seule la commission des étapes et des grands chemins, créée en 1701, perdure. Également chargée du casernement en 1732, elle est à l'origine de la future Commission intermédiaire.
Ce n'est qu'en 1734, au moment de l'abonnement des États à la capitation, lequel accroît leur charge de travail, qu'une Commission intermédiaire est nommée de façon permanente avec l'aval du roi.
Composée de 6 membres de chaque ordre nommés par les États et présidée par un évêque, elle est alors chargée de la levée de la capitation et des impôts annexes, mais aussi de l'administration du casernement, des étapes et des grands chemins. Ses pouvoirs se sont par la suite étendus à la gestion des haras et au suivi des travaux publics engagés sur les fonds de la province.
La Commission intermédiaire s'organise autour d'un bureau central à Rennes (siégeant à l'Hôtel de la Commission intermédiaire des États de Bretagne) et de bureaux diocésains établis dans chacun des huit autres évêchés bretons (hors celui de Rennes géré directement par le bureau central).
Le bureau central, seul investi d'un pouvoir effectif, assume la direction générale de toutes les affaires dont l'administration est confiée aux États. Son action se matérialise par la production de rapports aux États ou le signalement des abus et défauts d'administration. Mais il dispose aussi d'un pouvoir réglementaire par l'émission de règlements administratifs et ordonnances. Le bureau central s'occupe, enfin, de la répartition des impôts entre les évêchés, les bureaux diocésains effectuant la distribution entre les paroisses.
Afin de rendre son action plus efficace, la Commission intermédiaire dispose de relais sur le territoire de la province : les bureaux diocésains et les correspondants.
<emph render="underline">Les bureaux diocésains</emph render="underline">
Organisation
Les premières commissions par évêchés, ou bureaux diocésains, apparaissent en 1579 pour procéder à l'adjudication des baux des devoirs. D'autres bureaux diocésains sont institués par la suite au gré des créations de commissions intermédiaires, comme notamment en 1716 pour le recouvrement de la capitation et l'administration du fonds des grands chemins.
Avec l'établissement définitif de la Commission intermédiaire, en 1734, sont créés des bureaux diocésains permanents, composés de trois députés de chaque ordre, avec droit de séance et voix délibérative au bureau central. Ils sont généralement assistés d'un secrétaire ou greffier.
Il existait quatre bureaux dans les limites de l'actuel Finistère : Quimper, Saint-Pol-de-Léon, Tréguier (fonds conservé aux Archives départementales des Côtes-d'Armor) et Vannes (fonds conservé aux Archives départementales du Morbihan).
Les réunions des bureaux sont fréquentes, quasi hebdomadaires à certaines époques à Quimper et à Saint-Pol-de-Léon (voir Rébillon, Les États de Bretagne..., 1932, p. 498).
Missions
Les commissaires diocésains n'ont qu'une voix consultative dans leurs bureaux, ils ne sont que les intermédiaires du bureau central de Rennes. Ils ont en revanche voix délibérative lorsqu'ils se trouvent à Rennes et sont admis au bureau central.
Le rôle des bureaux diocésains consiste principalement en la levée des impôts consentis et abonnés (fouages, capitation, dixième, vingtième, etc., voir sous-série 3 C) : répartition des deniers à lever entre les paroisses, réception et expédition des mandements, examen des requêtes en décharge ou exemption d'impôts, incidents de collecte ou de répartition, vérification de la caisse des receveurs des fouages, etc.
Leur compétence s'étend également sur la gestion des grands chemins. Avant 1785, les bureaux diocésains assurent uniquement la réception des ouvrages et parfois la soumission de plans et de devis des ingénieurs des ponts et chaussées. Après 1784, l'ouverture d'un registre pour recevoir les rapports des commissaires sur leurs tournées est prescrite dans chaque bureau. Les commissaires obtiennent alors plus de libertés d'action en la matière et tiennent également un registre consacré à leurs propres délibérations relatives aux grands chemins (par exemple 2 C 63, bureau de Quimper, 1787-1790).
Les bureaux diocésains sont, enfin, le relais de la commission pour la gestion des étapes et casernements militaires ainsi que des haras.
De manière générale, les commissaires diocésains veillent à l'emploi des fonds accordés par les États dans l'espace de leur diocèse.
<emph render="underline">Les correspondants de la Commission intermédiaire</emph render="underline">
Les premiers correspondants de la commission sont institués dès 1733, d'abord pour le casernement et les étapes, puis pour toutes les affaires que la commission jugera utile de leur confier. Ils sont des agents du bureau central de la commission dans les localités où les besoins de son administration l'obligent à se faire représenter. Exerçant leurs fonctions à titre gratuit, les correspondants ne peuvent exiger que le remboursement de leurs frais et déboursés (2 C 40, 2 C 90).