Document d'archives : Groupe Dupont

Cote :

169 J 357-363

Inventaire d'archives :

Fonds Pierrette et René Grosso

Informations sur le producteur :

Éléments historiques
Le Groupe Dupont est une association fondée en 1971 avec la volonté de renouveler l'approche de la géographie française à travers une remise en question épistémologique de la discipline. En effet, dans le contexte politique et social de l'après Mai-68, de nombreux jeunes assistants et maîtres-assistants aux postes précaires expriment une méfiance vis-à-vis de l'institution universitaire et remettent en cause son autorité mandarinale. En parallèle, les progrès des techniques informatiques, ainsi que la volonté de renouveler le paradigme de la discipline font émerger une nouvelle géographie française.
La géographie dite théorique et quantitative est une des ramifications de cette révolution géographique, et c'est vers celle-ci que se tourne le Groupe Dupont dès ses premières réunions. Très fortement inspirée de la « new geography » venue du monde universitaire anglo-saxon, la géographie quantitative fait évoluer la discipline, partant d'une géographie descriptive pour aller vers une science de l'espace alliant méthode systémique et utilisation de techniques informatiques. Elle est aussi remarquée pour son ouverture à de nombreux champs de la géographie (ruralisme, climatologie, urbanisme, démographie, etc.), ainsi que ses relations interdisciplinaires et internationales importantes.
Le nom du Groupe Dupont, ainsi désigné pour le côté banal et anonyme de l'appellation, fait également référence au « pont d'Avignon [qui] est célèbre, et incomplet comme tout chantier scientifique ». Avignon avait été choisie pour accueillir ces volontés de jeunes géographes pour sa centralité à l'échelle du sud-est de la France, et pour la taille modeste du département de géographie de son université. Tout de suite, le Groupe met en place des journées de travail régulières basées sur le principe de la coopération. Les premières années sont surtout dévolues à un apprentissage communautaire sous forme d'initiations, de cours de formation et de stages, dispensés par des membres du groupe, et centrés sur les techniques informatiques appliquées à la géographie : statistiques, analyse de données, cartographie automatique et SIG. Ensuite, pendant que la formation technique se poursuit, une phase de réflexions s'amorce avec les interventions de chercheurs français et étrangers invités à présenter leurs travaux. C'est à cette période que le Groupe Dupont organise et publie les actes des premiers colloques Géopoint. À Genève en 1976 pour la première édition ; à Lyon en 1978 pour la deuxième ; puis à Avignon, en 1980, où ils auront lieu tous les deux ans sans interruption jusqu'à aujourd'hui. La dernière édition a eu lieu les 14 et 15 juin 2018 sur la thématique « Espaces citoyens. Sciences de l'espace et politique ».
Dans le même temps, en 1977, paraissent les premiers Brouillons Dupont, cahiers semestriels qui permettent aux chercheurs – du Groupe ou non – qui le souhaitent de publier leurs résultats, mais aussi simplement leurs réflexions et leurs démarches de recherche. L'objectif de ces publications étant d'entretenir un réseau bienveillant et collaboratif au sein duquel l'information scientifique circulerait et serait mise à jour en permanence. Depuis 2006, les Brouillons Dupont ne publient plus que les résumés étendus des interventions aux colloques Géopoint. Il semblerait qu'ils étaient encore publiés en 2012.
Le Groupe Dupont a prolongé ses activités jusqu'en 2017, date à laquelle l'association est mise en sommeil, après un dernier colloque hommage le 14 octobre sur l'« Introduction de la systémique dans la géographie française ».
De surcroît, le Groupe avait participé à la création d'un D.E.A. « Structures et dynamiques spatiales » avec, entre autres, l'université de Sophia Antipolis. Le Groupe Dupont partageait d'ailleurs des relations avec de nombreuses universités, notamment celle de Besançon, à l'origine des rencontres bisannuelles Théo-Quant, celle de Strasbourg, qui mit sur pied le premier European Colloquiums of Theoretical and Quantitative Geography en 1978, ou encore l'université de Montpellier et le GIP RECLUS.
Si aujourd'hui le Groupe Dupont n'existe plus, les colloques Géopoint continuent d'être organisés par l'UMR 7300 Espace de l'université d'Avignon et des Pays de Vaucluse.
Bibliographie :
Chamussy (Henri), « Le Groupe Dupont dans le renouvellement de la géographie », in Bulletin de l'association de géographes français, 92-1, 2015, pp.34-41.
Cuyala (Sylvain), « L'affirmation de la géographie quantitative française au coeur d'un moment d'ébullition disciplinaire (1972-1984) »,in Bulletin de l'association de géographes français, 92-1, 2015, pp.67-83.

Références bibliographiques :

Bibliographie
Grataloup (Christian), « Collectivement géographe : le Groupe Dupont », Bulletin de l'association de géographes français [en ligne], 95-3 | 2018, p. 325-428 ; mis en ligne le 14 décembre 2019, consulté le 11 avril 2019. URL : https://journals.openedition.org/bagf/3386
Grataloup (Christian), « Dupont d'Avignon (1971-2017), simultanément au coeur et à la marge de la géographie française », Bulletin de l'association de géographes français, 95, 2018-3, p. 327-332.
Douguédroit (A.), « Et fut lancé le Groupe Dupont (1971-2017) », Bulletin de l'association de géographes français, 95-3, 2018, p. 333-336.
Marchand (J. P.), « Le Groupe Dupont : 45 ans de recherches sur les systèmes territoriaux », Bulletin de l'association de géographes français, 95-3, 2018, p. 337-346.
Chamussy (Henri), « Le Groupe Dupont dans le renouvellement de la géographie », [en ligne], 92-1 | 2015, mis en ligne le 22 janvier 2018, consulté le 11 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/bagf/411

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