Lorsqu'un « groupe d'hommes studieux » se réunit, le 1er mars 1874, au domicile du docteur Galy, conservateur du musée départemental, pour créer « un grand foyer d'études », qui devient le 27 mai suivant la Société historique et archéologique du Périgord, ce n'est pas la première tentative de création d'une société dont l'objet serait la « vulgarisation de l'histoire locale et la conservation des antiques monuments ».

Déjà, dès 1823, la Société d'agriculture, sciences et arts du département de la Dordogne, fondée en 1820, avait ajouté, à ses objectifs de diffusion des méthodes nouvelles de culture, des préoccupations littéraires et scientifiques. Les Annales agricoles, cependant, n'offrirent longtemps que peu de place pour des articles traitant d'autres sujets que d'agronomie. Lithographies, notices brèves sur des monuments, quelques articles, de Léon Dessalles notamment, à partir des années 1860, ne permettent pas de considérer que le département comptait alors une société savante digne de ce nom.

Des projets, qui semblent être restés sans suite, d'une Société vésonienne en 1838, pour la « conservation de la bibliothèque, du musée et des monuments historiques du département », ou d'une Société des amis des arts du Périgord, autour du docteur Galy, en 1865, précèdent la création de la Société historique et archéologique du Périgord (SHAP).

Dès sa création, au printemps 1874, la nouvelle société publie un Bulletin où ses membres, dont certains appartiennent également à la Société d'agriculture, peuvent publier leurs travaux érudits et échanger informations historiques et archéologiques.

Les comptes-rendus de séances et les articles publiés dans le Bulletin révèlent la vitalité des recherches que mènent alors les érudits périgourdins, nobles curieux d'histoire généalogique et d'héraldique, ecclésiastiques s'attachant à retracer l'histoire de l'Eglise du Périgord et de ses monastères, curieux passionnés de fouilles archéologiques. Il faut citer parmi d'autres les nombreuses contributions du docteur Galy concernant la préhistoire et la Gaule romaine, ou celles d'Albert Dujarric-Descombes, dont la curiosité semble ne pas avoir eu de frontières chronologiques ou thématiques.

Des membres de la société publièrent des travaux importants, dont certains servent encore de références : l'Armorial de la noblesse du Périgord d'Alfred de Froidefond, la Sigillographie du Périgord de Philippe de Bosredon et du même, la Bibliographie générale du Périgord en collaboration avec A. de Rouméjoux et F. Villepelet, et les Fouilles de Vésone de Charles Durand.

Les thèmes abordés sont nombreux et répondent à l'intention principale des fondateurs de la société, la « recherche, l'étude et la conservation des documents et des monuments anciens, de tous les âges, qui intéressent l'histoire de [la] province ». L'histoire, tous domaines et toutes périodes confondus, constitue le fil directeur des bulletins. Comptes-rendus de fouilles ou de visites de monuments, édition de documents provenant d'archives publiques ou privées (privilèges de Brantôme ; chartrier du monastère de Sarlat…), études historiques sur des localités ou des événements, publication d'inventaires de sources conservées hors du département (notamment aux Archives ou à la Bibliothèque nationale et aux Archives des Basses-Pyrénées) par les soins de F. Villepelet ou de G. Lavergne, archivistes de la Dordogne, font toute la richesse des volumes publiés entre 1874 et 1915 [texte de Maïté Etchechoury, Directrice des Archives départementales de la Dordogne].