L’informateur est interrogé au sujet de son activité syndicale et professionnelle, ainsi que sa vision du système éducatif et de la fonction publique nigériens. La qualité sonore des quinze premières minutes est très médiocre et ne permet pas de saisir l'entièreté du propos. L’informateur dit être secrétaire général du Syndicat National des Enseignants de Base (SNEB) depuis 1998. Il occupe son troisième mandat, chacun ayant une durée de deux ans. Le syndicat vise l’amélioration du système éducatif, par des actions de sensibilisation auprès des parents d’élèves, et une aide apportée aux enseignants en situation difficile. Ses membres sont en forte hausse : quatre en 2002 contre une vingtaine actuellement. Jugeant le système éducatif nigérien dépassé car ayant trop conservé du système colonial, il explique que le problème ne réside pas en un manque de moyens mais d’initiative politique. L’imposition du français comme langue nationale d’enseignement est absurde : n’étant pas la langue maternelle d’une grande majorité des élèves, ces derniers ne peuvent y exercer convenablement leur réflexion. Il avance ensuite l’idée selon laquelle le Niger n’est pas un pays pauvre en soi mais que ce sont les politiques qui l’appauvrissent, et que la société civile est trop passive face à cette situation. L’entretien s’oriente sur le travail de l’informateur en tant que chargé des relations avec les associations et les syndicats au sein de l’inspection de l’éducation de base (22 minutes). Dans ce cadre, il exerce par exemple une activité de conseil en matière de statuts des associations. S’il juge les rapports entre personnel enseignant et parents d’élèves plutôt bons dans leur ensemble, il soulève tout de même l’existence de trop nombreux cas de parents mécontents cherchant à se faire justice par eux-même plutôt que de contacter les directeurs. Cette situation serait due à une méconnaissance des hiérarchies administratives. De 31 à 32 minutes 30 secondes, l’enregistrement est inaudible. Il est ensuite question d’un inspecteur de l’enseignement très critiqué ayant été obligé de quitter Tahoua car il faisait preuve de trop de zèle dans les nominations, privilégiant les femmes et notamment celles mariées à des hommes influents. Ce cas est pour l’informateur révélateur d’une situation dans laquelle les recrutements sont davantage basés sur le sentimentalisme et la politique que sur le mérite. Le concernant, il affirme ne pas avoir de carte de parti et ne pas chercher à connaître celui des personnes avec qui il travaille. A partir de 49 minutes, l’informateur détaille sa carrière dans l’enseignement, commencée en 1976, d’abord à Tahoua, puis à Madaoua, avant de revenir à Tahoua. Il a exercé en tant qu’enseignant mais aussi directeur d’école. Sa carrière syndicale, quant à elle, a débuté en 1977. Il retire de son expérience un difficile exercice du métier en brousse, du fait de la tension dans les rapports avec les parents d’élèves, ayant pu aboutir à des violences tragiques. Il se dit cependant heureux d’avoir réussi à casser certains mythes auprès des élèves, sans détailler davantage. Enfin, il est demandé à l’informateur de revenir sur sa vision de l’administration et de la fonction publique au Niger. Il critique le fait que les agents ne travaillent pas assez et ne fassent rien pour améliorer leur situation. Quant aux recrutements, ils sont trop peu nombreux et politisés. Sur le sujet des manuels d'enseignement, l’informateur considère que pour être efficaces ils devraient être conçus auprès des populations plutôt que dans les bureaux. L’enregistrement s’arrête avant la fin de l’entretien.
