Document d'archives : Mémoires de la vallée de la Dordogne avant la construction du barrage de Bort-les-Orgues, témoignage d'Antonin Juillard. /...

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Mémoires de la vallée de la Dordogne avant la construction du barrage de Bort-les-Orgues, témoignage d'Antonin Juillard. / Armelle Faure du Groupe Links Conseil Consult France, Frédéric Bianchi du service des Archives départementales du Cantal, Cécile Pipereau Médiathèque de Lanobre, René Gouvéia photographe et Electricité de France : enquêteurs, producteurs. Antonin Juillard : informateur. 6 décembre 2011

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Présentation du contenu
Présentation du contenu par Frédéric Bianchi :
Monsieur Antonin Juillard est né à Pierre Besse de Cheylade. Il en est parti à l'âge de 6 ans car ses parents sont alors venus s'installer comme fermiers à la ferme de Val. Il a été à l'école de Lanobre jusqu'au certificat d'études puis il a aidé ses parents à exploiter la ferme de Val jusqu'à son départ, en 1947, pour14 mois de service militaire. En 1948 il revient travailler avec ses parents à Val. Il se marie en 1951 et change d'activité, il se lance alors dans le commerce de produits laitiers jusqu'en 1983. Il monte une laiterie et produit du Saint-Nectaire laitier pendant 10 ans, il la vend en 1971 et achète le bar " Le Faisan doré " à Clermont-Ferrand. Son père décède en 1978 et sa mère en 1983. Les propriétaires du Château de Val possédaient le plus grand domaine de la commune, environ 45 hectares, plus 22 hectares de céréales et une montagne d'environ 48 hectares à Trizac. Pour l'estive le déplacement se faisait à pied jusqu'à la montagne. Ses parents avaient un troupeau de 68 mères, toutes de race Salers, ils produisaient le fromage du Cantal. Ils possédaient deux taureaux mais n'inscrivaient pas leurs bêtes aux concours locaux. Ils avaient 6 employés toute l'année, plus des renforts l'été. Puis il évoque la mémoire de Madame d'Arcy qui s'est mariée tardivement avec Monsieur Henault, il signale qu'ils venaient à Val surtout l'été. Au début ses parents devaient leurs fournir du lait, des poulets, des œufs et s'occupaient toute l'année de leur jument de selle. A cette époque ils exploitaient également la propriété de Monsieur Durif à La Tricogne, elle était louée pour quinze mères. L'hiver ils exploitaient des bois avec des bœufs, le passe partout, la hache. Il souligne le rôle important de sa mère qui travaillait beaucoup : elle nourrissait dix personnes chaque jour, elle s'occupait de l'élevage des cochons. Cochons qu'ils montaient à la montagne, qu'ils finissaient d'engraisser et qu'ils vendaient lorsqu'ils atteignaient les 100 kilos. Sa mère s'occupait également des lessives et allait les rincer au lavoir. Il aborde les veillées chez leurs plus proches voisins la famille " Monestier Malga ", là plusieurs générations qui vivaient sous le même toi. Cette famille est, par la suite, partie pour le département de la Dordogne. Il raconte que la dernière année Monsieur Vazeille participait aux veillées et impressionnait l'auditoire par ses connaissances. Il venait de Meymac et couchait chez eux lorsqu'il a commencé son travail d'expertise pour les expropriations. Pour Monsieur Juillard Monsieur Vazeille devait travailler pour les propriétaires terrriens pas pour EDF. Lors des veillées il n'y avait pas de musiciens, certains soir il les annulait car le vent du nord soufflait et faisait fumer la cheminée. Après la famille " Monestier-Malga " leurs plus proches voisins étaient les parents de Jean-Claude Legros à La Siauve Basse. Lorsqu'il y avait des fêtes à Bort-les-Orgues ils y allaient à vélo la distance était de six kilomètres. Puis il évoque la première fois où il a entendu parler de la possible construction d'un barrage à Bort c'était lorsque des tuyaux de captage d'un second point d'eau pour la ville de Bort ont été abandonnés, des personnes ont alors dit à son père que ce second captage ne se ferait pas car ils allaient construire un barrage près de chez eux c'était en 1946 ou 1947. En ce qui concerne les expropriations il pense que les propriétaires ont été bien indemnisés mais pense que son père, lui, était perdant car il n'était que fermier. Certes il a été indemnisé à hauteur de 1 million 500 mais il aurait préféré rester à Val et donner de l'argent pour pouvoir continuer à exploiter cette ferme. En 1947 ses parents avaient déjà acheté une ferme à Eglise Neuve. Par la suite ils sont venus vivre dans la maison où il habite aujourd'hui. A la démolition des bâtiments ses parents ont acheté un hangar qu'ils ont partiellement remonté ici. Monsieur Julliard a entendu parler du groupement des expropriés, c'était le propriétaire de Val qui était le Président. Il se souvient qu'il y avait eu un grand nombre de réunions contre la construction du barrage. Pour lui la reconstruction de la ligne de chemin de fer n'était qu'une fumisterie. A La Siauve Basse six maisons ont été expropriées et selon lui tout le monde a été bien indemnisé mais il souligne que lorsque l'on a vécu sur un lieu pendant plusieurs générations rien ne remplace son chez soi. Il cite l'exemple de Monsieur Verdier qui avait une ferme juste à côté du mur du barrage, il avait un terrain plat c'était un véritable jardin ils étaient là depuis plusieurs générations il a dû partir et a finalement acheté une ferme au Monteil. Il évoque La Siauve Basse où vivaient Monsieur et Madame Jean Peyri, Monsieur et Madame Juillard, Monsieur et Madame Pierre Boyer qui sont par la suite partis à Veillac, Monsieur et Madame Besse et leur fille Lucie. Puis il y avait d'autres fermes exploitées par des fermiers Monsieur et Madame Coustet, Monsieur et Madame Barthélemy et leurs deux fils Henri et Raymond. Chez la famille Juillard de La Siauve il reste deux enfants qui sont partis au Monteil. La famille Peyri avait une maison ici au Péage. Dans la famille Besse les parents sont décédés avant l'arrivée du barrage. Pour Monsieur Juillard tous les habitants de la Siauve Basse ont réussi à s'installer à Lanobre sauf la famille Monestier qui s'est installée en Dordogne mais ils reviennent régulièrement ici car ils ont toute leur famille ici à Lanobre, Cheylade. Celui qui tenait le plus à sa ferme c'était M. Verdier, il avait dit que ça lui avancerait sa mort de 10 ans ce qui s'est confirmé. Monsieur Juillard ne peut pas parler des bénéfices du barrage.

Cote :

4 AV 406

Description physique :

Document sonore
Collation
Collation: 1 disque compact audio

Précisions matérielles :

Durée: 1 h 12 min 8 s

Observations :

Notes ISBD
(Cote de l'original : Fg 1037 [1584] et de conservation A [1584] 1599).

Archives départementales du Cantal

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